Les cours ont repris effectivement le lundi 18 novembre 2019 dans les Universités publiques du Togo. Cette année, l’Université de Lomé, la plus grande du pays, accueille environ 60 000 étudiants. Mais tous n’atteindront pas l’objectif suprême, celui de décrocher un diplôme universitaire. Face, aux dures conditions d’études dans les universités publiques du Togo, la majorité abandonne leurs rêves. Désabusés, ces décrocheurs scolaires peinent à trouver un emploi décent.
Ils étaient 40 031 élèves à décrocher le Baccalauréat aux termes de l’année académique 2018-2019. La majorité de ces élèves aspire légitiment aux études supérieurs. Face aux moyens financiers limités des parents, c’est vers les Universités publiques que se tournent la plupart des nouveaux bacheliers. Force est de constater qu’après une première année voir une deuxième, certains, malgré leur volonté, quittent le cursus universitaire. Ils deviennent alors des décrocheurs scolaires.
En effet, est considéré comme « décrocheur » tout élève qui était inscrit au début d’une année scolaire et qui ne l’est plus l’année suivante sans être titulaire d’un diplôme d’études secondaires. Mais aujourd’hui, l’emploi du terme s’est étendu. Il est désormais utilisé dans divers textes institutionnels portant sur les politiques éducatives en matière de parcours scolaires «problématiques » notamment en France. « Les décrocheurs courent plus de risques de rester sans diplôme, de vivre de l’aide sociale, de trouver des emplois précaires, de rencontrer des problèmes de santé, de développer des problèmes de toxicomanie et d’entrer dans la délinquance pour subvenir à ses besoins», expliquent les spécialistes du phénomène. « Les conséquences du décrochage scolaire de large ampleur ne sont pas seulement négatives pour les jeunes concernés mais affectent l’économie dans son entier. Le décrochage scolaire élevé se traduit par des pertes fiscales, des pressions supplémentaires sur les systèmes sociaux, un ralentissement de la croissance économique, et une pénurie de main d’œuvre qualifiée », ont-ils ajouté.
Malheureusement, le phénomène est de plus en plus observé au Togo surtout après l’obtention du Baccalauréat. Dans le cadre de la modernisation de l’enseignement, les universités publiques ont réalisé d’importants progrès ces dernières années. Cependant, elles sont encore marquées par une faible capacité à faire progresser une proportion importante d’étudiants, du début à la fin d’un cycle, en raison des abandons dues aux conditions d’études particulièrement dures.
Le faible pouvoir économique de certains ménages pousse les parents impuissants à assumer les frais de scolarité et autres coûts liés à la scolarisation de leur progéniture à privilégier de les sortir du système universitaire. A cela, il faut ajouter que l’absence d’une vision claire sur les possibles débouchés économiques à l’issue de leur cursus scolaire décourage certains étudiants. Ces jeunes qui sortent des écoles peinent à trouver de l’emploi. C’est alors que certains se dirigent vers la formation professionnelle. Mais là-aussi, c’est un autre casse-tête pour les parents qui croupissent déjà sur le poids de la misère.
Pour remédier à ce problème, il est avenant que la question de l’adéquation la formation-emploi soit placée les débats sur l’éducation. La question de l’employabilité des jeunes est une problématique d’actualité. Car une jeunesse sans emploi est une bombe à retardement. « La réflexion doit aller dans le sens de la professionnalisation de certaines filières, en les intégrant dans le circuit scolaire et en créant de nouveaux diplômes », indique un spécialiste.
Source : Fraternité ( No.337 du 20 novembre 2019)
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