145 millions gaspillés pour le matériel. Faure très furieux, a fait auditionner Lorenzo et Akpovy. Le gouvernement rejette l’addition. Même les logos, brassards et chasubles ont été vendus au Togo. Dans notre parution n°744 du 02 février, nous avions dans une enquête exclusive, retracé le calvaire imposé à une partie de la délégation togolaise lors de son plus court séjour au Gabon. De Libreville à Oyem en passant par Port-Gentil, le transport, l’hébergement, la restauration ont été indigestes et déplorables. Il nous revient que le ministre de la Communication, des Sports, de la Culture et de la Formation Civique, Guy Madjé Lorenzo qui avait souhaité déjeuner ensemble une fois avec tous les membres de la délégation, a été privé de nourriture. Après avoir pris l’entrée, il a dû attendre plus de deux (2) heures en vain le plat de résistance. Curieusement, ce n’est pas tout. La gestion du matériel sportif des Eperviers du Togo a été un fiasco.
Contrat Macron-FTF, une arnaque ? Plus de 91 millions gaspillés pour le matériel. Le problème de l’équipementier de la sélection du Togo a défrayé la chronique plusieurs semaines avant le départ du Togo pour la CAN Gabon 2017.
Au final, la Fédération Togolaise de Football dit avoir choisi et signé un contrat avec l’équipementier italien Macron. La teneur de ce contrat est totalement inconnue des principaux acteurs du football togolais.
Au retour de la CAN, on se rend compte que le Togo malgré son contrat, s’est fortement endetté auprès de Macron. Tout a été vendu au Togo jusqu’au logo.
Des sources bien renseignées, pour les deux (2) premiers matchs de préparation au Maghreb notamment face aux Îles Comores et au Maroc, le montant total de la facture de Macron s’élève à cinquante quatre millions (54.000.000) FCFA.
Pour la participation du Togo à la CAN, Macron a vendu du matériel au Togo à hauteur de 91 millions FCFA dont voici les détails selon le rapport dont nous avons obtenu copie. Un maillot a coûté 39,80 euros, le short 11 euros, le bas 5,80 euros, le brassard 7 euros. Au total, 324 maillots jaunes et 324 maillots rouges ont été livrés. Le logo de la FTF a coûté 4 euros l’unité sur 594 livrés. Il en est de même pour le logo Eperviers pour un total de 594 pour 4 euros chacun.
Le flocage de chacun des noms des joueurs sur les maillots a coûté 8 euros, le numéro sur les maillots a coûté 4 euros par chiffre. Au total 54 pantalons ont été livrés aux entraîneurs soit 48,40 euros l’unité. Un sac pour le transport des équipements a couté 98 euros, au total, 5 sacs ont été livrés. 24 sacs transport terminal dont 124 euros l’unité.
Un ballon a coûté 84 euros sur 120 au total livrés, 200 chasubles ont été livrés pour 10,4 euros l’unité. 48 paires de chaussures d’hôtel ont été livrées pour 59,90 euros la paire. Presse transport c’est-à-dire la machine pour le flocage des maillots a coûté 1500 euros pour le Togo.
Au final, malgré le contrat signé par le Président de la Fédération Togolaise de Football (FTF) le Lieutenant-Colonel Kossi Akpovy, le Togo a tout payé jusqu’aux logos et chasubles. Dans le cadre de ce contrat signé par le Président Akpovy, chaque année, le Togo doit payer des matériels à hauteur de 300.000 euros soit 200 millions FCFA. Il est stipulé en outre, dans ce contrat que si le Togo se qualifiait pour la finale de la CAN au Gabon, Macron lui accorderait 100.000 euros ; 200.000 euros si le Togo remportait le trophée, 30.000 euros si les Eperviers se qualifiaient pour les quarts de finale. Malheureusement, rien de tout cela n’est arrivé.
Le Togo a été éliminé au premier tour et par conséquent, n’a rien bénéficié de Macron. En plus des 54 millions des matches de préparation, la facture de 91 millions pour l’achat des équipements Macron pour la CAN Gabon 2017 a été envoyée par la FTF au ministère de l’Economie et des Finances via le ministère des Sports.
Le ministre des Finances Sani Yaya s’est opposé au règlement de la facture sous prétexte que le montant a dépassé le seuil d’un marché gré à gré.
En effet, selon le code de passation des marchés publics, un marché de fourniture de matériel dépassant le seuil de 25 millions FCFA, doit faire l’objet d’un appel d’offre. Pour le ministre Sani Yaya, au regard des chiffres avancés dans le cadre de l’achat des équipements, si tant est que les matériels devaient être payés aux chiffres susmentionnés, cela devait faire l’objet d’appel d’offre. Par conséquent il n’y a que le chef de l’Etat seul qui peut donner l’ordre pour payer une telle facture. Tous ces tiraillements seraient parvenus au chef de l’Etat Faure Gnassingbé. Des sources dignes de foi renseignent que le chef de l’Etat serait très furieux de la situation et a demandé au Premier ministre Sélom Klassou d’auditionner le ministre Lorenzo et Akpovy.
Ce qui a été fait à la Primature le mardi 31 janvier dernier. A la Primature les échanges ont été très houleux et peu courtois. Le rapport de la Primature est envoyé à la Présidence et la suite est très attendue dans tous les camps. Aussitôt après, Akpovy est retourné au Gabon pour profiter des largesses offertes aux présidents de fédération par l’éternel moribond président de la CAF Issa Hayatou pour son 8ème mandat. Au demeurant, face au refus du gouvernement de payer l’addition, la FTF a dû payer la moitié du montant total (50%), condition sine qua non avant toute livraison à Macron.
En vérité, en quoi la signature de ce contrat avec Macron est-il utile pour le Togo ? De par le passé, le contrat avec PUMA permettait au Togo de bénéficier gratuitement de 400 cartons d’équipements pour toutes les différentes sélections en plus d’une enveloppe de 1000 euros soit 65 millions FCFA par an. Il s’agit en fait de la visibilité de l’équipementier et la contrepartie est la fourniture de matériels.
Curieusement, avec Macron, on paie tout. Finalement, tout à l’air d’une arnaque autrement, le Togo devait chercher ailleurs. Même dans le fameux contrat, Macron dispose des kiosques au Togo pour la vente de ses maillots. C’est dans ce cadre que le 2ème vice-Président Tchakondo Sébabé est accusé de falsification de maillots.
Ce cafouillage s’explique par le fait que le Président de la FTF étant néophyte dans le football, et que la plupart des membres du Comité Exécutif n’ayant pas d’étoffe nécessaire, la gestion de la FTF est dans les mains de personnes extérieures qui balancent le Lieutenant-colonel Akpovy dans tous les sens même les plus cocasses comme le cas de Macron. Quelle sera la suite de ce feuilleton ?
A suivre.
Kokou AGBEMEBIO
Source : Le Correcteur n°745 du 06 février 2017
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