Apres avoir longtemps été au banc des mauvais élè- ves et recalé dans les relations internationales, le Togo a été quelque peu repêché au lendemain des législatives de 2007, avec une reprise progressive de la Coopération. Mais dès 2013, le pays de Faure Gnassingbé a carrément pris l’envol sur l’international en abritant ou en étant présent à tous les grands rendez-vous diplomatiques. Une percée qui a été possible grâce à un homme : Robert Dussey, le ministre des Affaires Etrangères. Mais, l’image du Togo que l’ancien Conseiller diplomatique de Faure Gnassingbé s’est évertué à embellir est mise à mal depuis le début de la crise sociopolitique que le pays connaît.
Au lendemain de son arrivée au pouvoir en 2005, l’une des priorités de Faure Gnassingbé a été de faire sortir le Togo du tréfond où il s’est mis devant la communauté internationale du fait de son histoire antidémocratique.
Pour cela, le Chef de l’Etat s’est entouré des hommes de renommée. Parmi eux, Robert Dussey. Il faut souligner que ce jeune universitaire a été la cheville ouvrière de la paix des braves signée entre le pouvoir d’Eyadema et l’opposant historique, sous la coupole de St Egidio. Pour « ré- compenser », son ami pour sa fidélité, Faure nomme en 2013, l’ancien professeur de Philosophie à l’Université de Lomé au ministère des Affaires Etrangères, de la Coopération et de l’Intégration Africaine. Une promotion aux allures de mérite pour celui qui est longtemps resté dans l’ombre de la diplomatie togolaise.
Redonner une légitimité diplomatique
Dès son arrivée au ministère des Affaires Etrangères et de la Coopération, Robert Dussey a fait de la normalisation des relations avec les pays occidentaux et des organismes internationaux, son cheval de bataille. Après s’être attelé à vivifier l’axe Paris-Lomé, secoué avant son arrivée, l’ex -moine a également rétabli les relations germanotogolaises. L’un des évènements phares du regain d’intérêt de l’ancienne puissance coloniale pour le Togo est la rencontre annuelle qui réunit, depuis deux ans, de hauts responsables économiques allemands et togolais baptisée « le Printemps germano-togolais ».
En Afrique, la voix du Togo compte désormais. Du 10 au 15 Octobre 2016, le Togo a abrité le Sommet extraordinaire de l’Union africaine sur la Sécurité, la Sûreté Maritime et le Développement en Afrique. Une illustration du blason international que le Togo a redoré.
Toujours dans le calendrier des grandes rencontres internationales, le Togo devrait accueillir trois rencontres de haut niveau en cette fin année. Il s’agit notamment du sommet Israël-Afrique, de la Conférence des ministres de la Francophonie et le Sommet des chefs d’Etats de la Communauté des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Mais patatras, les deux premiers rendez-vous ont été reportés sine d ie à cause de la crise qui secoue le pays depuis le 19 août 2017 et les incertitudes planent sur le troisième. Un déluge pour Robert Dussey, qui s’est forgé à redonner une légitimité diplomatique au pays sur le continent et au-delà.
Comme un château de carte…
Au début de la crise, tous les observateurs de la scène politique sont unanimes pour d ire que le bras de fer entre le pouvoir et l’opposition se joue également sur le plan d iplomatique. Grâce à ses bonnes relations africaines et occidentales, le ministre des Affaires Etrangères a réussi à éviter les interventions des grandes capitales occidentales dans la crise. Ainsi, la Coord ination du Système des Nations Unies, la délégation de l’Union Européenne et des ambassades de France, de la République Fédérale d’Allemagne, et des EtatsUnis d’Amérique qui sont prompts à réagir sur les sujets politiques, en l’occurrence les réformes, ont gardé le silence avant de le rompre quelques semaines plus tard. Ce temps que le diplomate togolais mettait à profit pour convaincre les autres nations éprises de démocratie que le chemin choisi par l’exécutif togolais est le bon. Mais en demandant l’ouverture d’un dialogue pendant que les autorités fonçaient sur la voie référendaire, le chef des Nations Unies, Antonio Guterres a pris à contrepied son représentant pour l’Afrique de l’ouest, Ibn Chambas, un proche de Dussey qui, lui, a sans coup férir, pris position pour le référendum, pendant que son patron à New York appelait au dialogue.
Réticent à ouvrir le dialogue recommandé, l’Onu va prendre les choses en main pour mettre en place un conseil de 5 chefs d’Etats africains en vue de solutionner la crise. Même le Vatican a clairement choisi son camp en s’alignant sur les revendications de l’opposition à travers la Conférence des évêques du Togo. Un affront pour Robert Dussey également Membre du Bureau Afrique de la Communauté de Sant’Egidio et Médiateur spécial pour l’Afrique de cette communauté aussi selecte que respectée.
Une à une, les voix ont commencé par dénoncer l’option tue-tête du gouvernement togolais. Il faut d ire tout simplement que Robert Dussey et son patron n’ont pu convaincre les pays partenaires du Togo. Tellement les arguments sont devenus fébriles. En effet, de promesses non tenues avec des méthodes dilatoires sur la question des ré- formes politiques et constitutionnelles, le pouvoir de Lomé a fini par se discréditer aux yeux des chancelleries étrangères. Ainsi, comme un château de cartes, la nouvelle diplomatie togolaise que ce fils Ewe-Nlan a bâti, s’est effondré. Aujourd’hui, même dans l’espace Cedeao que préside Faure Gnassingbé, certains pays ont commencé par demander ouvertement la démission du président togolais. La dernière sortie du ministre gambien qui affirme clairement que le départ de Faure est une des solutions à la crise actuelle au Togo, est loin d’être anodine. Dussey a beau réagit promptement, le message est passé. Les manœuvres de l’homme de St Egidio ne semblent plus faire échos auprès de plusieurs pays en Afrique comme en occident.
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