La justice congolaise a eu la main lourde. Le Directeur de Cabinet du Président Félix Tshisekedi a été condamné samedi 20 juin dernier, à 20 ans de prison et 10 ans d’inéligibilité aux fonctions publiques.
Après un mois d’une procédure historique, retransmise en direct à la RTNC entre le 11 mai et le 11 juin, le « procès des 100 jours » a livré son verdict. Accusé du détournement de plus de 50 millions de dollars destinés dans le cadre de la gestion du programme d’urgence des 100 jours, de blanchiment de capitaux et de corruption, Vital Kamerhe a été condamné à 20 ans de travaux forcés par le tribunal de grande instance de Kinshasa la Gombe. La peine de travaux forcés n’étant pas appliquée en RDC, elle équivaut à une peine de 20 ans de prison ferme.
Les juges l’ont aussi condamné à 10 ans d’inéligibilité, qui démarreront après exécution de la peine.
Ses co-accusés, l’homme d’affaires libanais Jammal Samih, patron d’Husmal et de Samibo, deux sociétés impliquées dans la construction de logements sociaux pour le programme des 100 jours, et Jeannot Muhima Ndoole, chargé du service import-export à la présidence de la République – qui était absent lors du prononcé du verdict – ont également été reconnus coupables des faits qui leur étaient reprochés. Jammal Samih a, comme Vital Kamerhe, écopé de 20 ans de prison et Jeannot Muhima Ndoole à 2 ans.
La justice a également ordonné la confiscation des fonds placés sur les comptes d’Hamida Shatur, Daniel Massaro et Soraya Mpiana ainsi que des propriétés immobilières acquises avec les fonds détournés.
Un verdict diversement apprécié. Pour ses partisans, il s’agit d’un procès politique pour l’écarter de la vie politique congolaise. Le Secrétaire Général de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), le parti de Kamerhe n’a pas caché son amertume. « Nous sommes consternés et choqués, parce qu’on s’attendait à ce que les juges puissent tenir compte des éléments pertinents soulevés par les avocats. Nous constatons que le tribunal est même allé au-delà de la réquisition du ministère public», déplore Aimé Boji.
Pour d’autres, il s’agit d’une procédure qui doit faire école dans le combat contre la corruption. Au-delà de tout et en attendant l’appel de son conseil, c’est une grande première dans la vie politique congolaise voire africaine.
Combien de Kamerhe courent les rues du Togo?
A regarder de près ce dossier, il révèle des querelles internes entre le camp Tshisekedi et celui de son allié Kamerhe. L’ancien président de l’Assemblée Nationale a été le principal pion ayant contribué à l’avènement de Tshisekedi au pouvoir. Le faiseur de roi survit rarement aux côtés du roi. Le pouvoir étant ce qu’il est, le combat des valets finit toujours par avoir raison de ce faiseur de roi.
Kamerhe peut bien être victime de cette situation. Cependant, il existe bien des indices concordants qui ont favorisé l’arrestation de l’ancien allié de Kabila père et fils. En clair, il aura contribué à cette situation.
Et ce procès spectaculaire touche au fond un élément fondamental : le détournement des deniers publics. Ailleurs comme au Togo, c’est un sport favori. Combien de Vital Kamerhe courent les rues du Togo ? Des malversations des ministres et Directeurs de société d’Etat sont legion au Togo. Les plus frais dans les esprits sont les scandales de la route Lomé-Vogan-Anfoin et la gestion de la commande des produits pétroliers au Togo. Si au moins une fois, Faure Gnassingbé avait eu le courage de Félix Tshisekedi pour sévir contre ses proches prédateurs de l’économie nationale, cela devait servir d’exemple.
Malheureusement, le fils d’Eyadema fait plutôt la promotion des criminels économiques. Et cela ne donne que du zèle à des siphonneurs des ressources du pays. Plus le temps passe, la situation s’empire au Togo avec la bénédiction du « quadramandataire».
Kokou Agbemebio
Source : Correcteur du 22 Juin 2020
Source : 27Avril.com