En panne d’issue à la crise : Le mandat social ressuscité express

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En panne d'issue à la crise : Le mandat social ressuscité express

Le troisième mandat de Faure Gnassingbé porte le sceau du social. C’est du moins la promesse du Chef de l’Etat alors en campagne pour son troisième quinquennat à la tête du Togo. Mais cette promesse pendant les deux premières années du troisième mandat, n’a pas connu l’effet escompté. Les projets sociaux sont à compter sur le bout des doigts. Pire, certaines décisions vont à l’encontre de la promesse faite par le Chef de l’exécutif togolais. Alors, l’on se demandait si le président de la République a-t-il oublié sa promesse.

Curieusement, depuis le début de la crise sociopolitique qui secoue le Togo, il y a presque trois mois, Faure Gnassingbé semble enfin se souvenir de son engagement.

En Avril 2015, alors en campagne pour les élections présidentielles du 25 Avril 2015, Faure Gnassingbé, candidat à sa propre succession, avait fait une promesse à ses électeurs : Ce troisième mandat sera celui du Social. A cette époque, le Chef de l’Etat voulait certainement apporter une réponse adéquate aux multiplies cris de détresse des Togolais qui n’arrivent plus à joindre les deux bouts. D’ailleurs dans la même année, une enquête officielle a démontré que la pauvreté prend des proportions inquiétantes au Togo.

Mais après sa réélection à la tête du pays, le candidat Faure a semblé oublier ses promesses de campagne. En effet, depuis le début de son troisième mandat, le Président de la République a rarement effectué des descentes sur le terrain pour constater, de visu, l’avancement des projets lancés ou encore aller à la rencontre des populations. Ces populations dont la majorité croupit sous une pauvreté galopante qui fait perdre à certains, même leur dignité. Pire, les prix des produits de première nécessité ont connu une hausse surtout après l’augmentation du prix des carburants. Les manifestations suite à cette dernière hausse du prix des carburants auront fait un mort et plusieurs blessés à Lomé.

Ainsi, cette population délaissée a trouvé un écho favorable dans les appels à manifester qu’a lancés le Parti National Panafricain (Pnp) de Tikpi Atchadam, le 19 août 2017. Des manifestations qui vont s’accentuer dans plusieurs villes et qui continuent de plus belle. Les conséquences, tout le monde le connaît. Aujourd’hui, le pouvoir de Lomé et plus que jamais contesté. Sans aucun doute sentant la montée de la contestation, depuis quelques jours, le Chef de l’Etat s’est lancé dans une opération de reconquête, à travers des actions sociales dont le but principal est d’apaiser les populations.

Faure se souvient de son mandat social

L’opération «séduction» de Faure a commencé dans la préfecture de l’Est-Mono, le vendredi 29 septembre 2017. A Moretan, un Centre Médico-social (CMS) a été inauguré par le Chef de l’Etat. Une semaine plus tard, le Numéro 1 togolais était dans les Savanes. « Il est allé à la rencontre des populations de ces localités. Jeunes, femmes, cadres, sages, autorités locales ont pu, au cours de ces discussions, exposer directement leurs doléances au Président de la République en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie et du développement de leur communauté », renseigne le site web, republiquetogolaise.com. «Je fus très ému par l’enthousiasme des populations avec lesquelles nous avons eu des échanges bien riches. Dans une ambiance empreinte de convivialité, les jeunes et cadres ont partagé avec moi leurs préoccupations et leur engagement à bâtir notre pays », a déclaré Faure Gnassingbé, au terme de ces échanges. Le Chef de l’Etat a également profité de cette visite pour aller sur plusieurs chantiers en cours de réalisation dans la région «pour vérifier personnellement leur état d’avancement », selon ses propres mots. Que ce soit au niveau du pont reliant Koni et Kongbane, du barrage de Dalwak, du magasin de stockage de 3000 tonnes de Komboloaga, ou de la piste de Natbagou, le Président togolais a « souhaité que ces travaux soient finalisés avec diligence dans le respect des normes internationales de qualité ».

Le jeudi 09 Novembre, Faure Gnassingbé était dans la préfecture de l’Ogou, plus précisément à Bavou dans le canton d’Ountivou. Là-bas, le chef de l’Etat a procédé à l’inauguration d’un réseau électrique qui expérimente pour la première fois, les mini-centrales solaires photovoltaïques.

Le Chef de l’Etat avait également rencontré les populations des Plateaux pour recevoir leurs doléances. La même rencontre s’est tenue à Lomé avec les membres des bureaux des Comités de développement de quartier (CDQ). D’autres rencontres avec les populations sont annoncées. Vous l’aurez constaté, Faure Gnassingbé s’est entretenu avec ses concitoyens ces dernières semaines plus qu’il ne la fait lors des deux dernières années.

Dans cet élan, des projets comme le volontariat qui connaissent des difficultés ces derniers mois connaissent du renouveau. Dans ce sens, la ministre Victoire Dogbé du Développement à la Base, dont l’on se demande le réel impact de son travail sur les populations, a subitement repris du travail. Attend-elle que les choses s’empirent pour son parton avant de courir après les populations ? Cette interrogation a tout son sens quand on connaît le budget de ce ministère chaque année.

Mais, même dans cette course contre la montre à la reconquête des populations, certains stigmates demeurent intacts. En effet, certains quartiers de Lomé (principalement le sud de la capitale) sont laissés pour compte à cause de leur penchant pour l’opposition. Ainsi, des quartiers comme Bè, Akodésséwa sont cloîtrés dans la pauvreté. Ces populations ne voient presque aucun projet social atterrir chez elles. Certains quartiers comme Adakpamé, Kagomé et Adamavo souvent sinistrés pendant les périodes de pluie et sont restés sans solution à ce jour. Inquiétant, quand on veut placer un mandat sous le sceau du social. Pourtant, la contestation en cours aujourd’hui puise sa force dans ces quartiers. « Sous quelque gouvernement que ce soit, la nature a posé des limites au malheur des peuples. Au-delà de ces limites, c’est ou la mort, ou la fuite, ou la révolte », disait Denis Diderot. Alors, le retour au mandat social pourrait-il sauver Faure ? C’est là toute la question.

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