Dans certaines régions de l’Ouganda, les nouveaux-nés sont bien obligés de partager leur ration de lait maternel avec leur père, a-t-on appris.
Cette pratique pour le moins incongrue a été l’objet d’une étude menée de concert par l’Université Kyambogo de Kampala et l’Université britannique de Kent, avec le soutien du Global Challenges Research Fund.
« Il dit qu’il aime le goût et que cela l’aide en termes de santé. Il se sent bien après », a confié aux enquêteurs Martha, dont le compagnon de 20 ans est devenu friand de son lait. Le couple a un bébé de six mois.
Les effets « bénéfiques » sur la santé sont notamment la principale raison invoquée par les hommes intéressés par cette pratique. « Certaines communautés croient que le lait maternel a des pouvoirs énergisants et curatifs, même pour guérir des maladies comme le VIH / sida et le cancer », a déclaré le Dr Peter Rukundo, maître de conférences à l’Université de Kyambogo qui a aidé à la recherche.
« C‘était vraiment une mission exploratoire. Nous ne savions pas si nous trouverions quelqu’un prêt à nous parler qui aurait admis l’avoir fait. Nous ne savions même pas vraiment si c‘était réel ou non », a déclaré le Dr Rowena Merritt, spécialiste britannique du comportement spécialisé en santé publique et chercheur principal sur le projet.
Grâce à des témoignages anonymes, cependant, quelques langues ont pu se délier et lever le voile sur cette pratique qui non seulement présente des risques pour les nouveaux-nés, mais aussi s’apparente à une violence sexiste selon les chercheurs.
Malnutrition et violence
Les quelques éléments recueillis font du reste savoir que les hommes tètent souvent avant que l’enfant ne soit nourri, généralement une fois par jour, et cela, pendant environ une heure. Un risque de transmission de virus et de malnutrition pour le nouveau-né, souligne les experts dont des nutritionnistes et des sages-femmes qui ont parlé aux chercheurs.
Pour les hommes, pourtant, la séance est décrite comme un moment privilégié pour resserrer les liens avec leurs partenaires. « Lorsque je prends le sein, j’ai l’impression d‘être dorloté comme un enfant, ce qui crée une dépendance. Je me sens comme un prince », confie un homme interrogé.
Et en la matière, les femmes ne semblent pas avoir toujours le choix. « Je crains que mon mari n’aille ailleurs si je ne le laisse pas se produire », a déclaré l’une d’elles, pointant les menaces auxquelles elles sont souvent exposées.
Aujourd’hui, face à un phénomène dont la prévalence reste peu quantifiée, les chercheurs demandent au gouvernement ougandais de lever le tabou sur la question afin de sensibiliser aux risques d’une telle pratique. Mais le chemin reste long d’autant que la pratique reste totalement confidentielle.
Source : l-frii.com