Depuis le 27 juin dernier où les deux facilitateurs dans la crise togolaise Alfa Condé de Guinée et Nana-Akkufo du Ghana s´étaient retrouvés à Lomé pour pondre un communiqué en attendant de rendre compte à leurs collègues de la CEDEAO, chacun va de son commentaire selon qu´il est du côté du peuple ou de celui de la minorité pilleuse.
Et pour que les prochaines recommandations de la part de la CEDEAO le 31 juillet 2017 soient favorables à la volonté du peuple togolais, on se démène dans tous les sens au sein de l´opposition. Et c´est cette préoccupation qui serait actuellement à la base des querelles larvées au sein de la coalition de l´opposition.
Quel est le problème?
Au sein de la coalition des 14 partis de l´opposition certains estiment qu´il faudrait organiser des manifestations contre le régime, (marches ou meetings) avant le fatidique 31 juillet; histoire de faire pression sur le pouvoir et surtout sur les chefs d´état de l´organisation sous-régionale qui sauraient que les togolais ne s´amusent pas, et qui peut-être en tiendraient compte en rédigeant leur feuille de route.
Aux dernières nouvelles la série de manifestations allant d´une visite aux prisonniers aux meetings de sensibilisation à Mango, Bafilo, Sokodé, Lomé, Tsévié, Atakpamé et Kpalimé, prévue pour débuter jeudi 12 juillett vient d´être reportée à la semaine prochaine.
En fait le communiqué sur lequel figurent comme d´habitude les noms des 14 partis membres de la coalition, ne concerne que 13 formations politiques, car le PNP de Me Tikpi Atchadam n´est pas d´accord sur la démarche.
Les arguments avancés par le PNP
Pour le Parti National Panafricain (PNP) il serait plus sage de surseoir à toutes manifestations avant le 31 juillet. Car contrairement aux autres dialogues les actuels pourparlers sont très différents surtout par la volonté de la coalition de l´opposition de ne pas se laisser cette fois-ci rouler dans la farine. L´opposition n´est plus prête à poser sa signature au bas de n´importe quel document comme ce fut le cas dans le passé, pour ensuite être victime de la mauvaise foi légendaire du régime.
L´engagement de la CEDEAO dans la résolution de la crise togolaise à travers deux médiateurs issus de ses rangs donne un caractère régional, sinon international au dialogue. C´est pourquoi, quoi qu´on dise sur le sérieux, la qualité ou la crédibilité des deux médiateurs il faudrait attendre pour voir de quelle nature sera la feuille de route qui sera publiée le 31 juillet prochain avant toute manifestation.
Le 27 juin dernier Alfa Condé et Nana-Akuffo ne pouvaient prendre aucune décision, car ils n´avaient pas mandat de leurs pères de la CEDEAO, raison de plus pour attendre les recommandations de l´organisation sous-régionale dans son ensemble. En plus, la CEDEAO a demandé au pouvoir de Lomé la réalisation des mesures préalables, comme par exemple la libération de tous les prisonniers politiques. La non-réalisation de ces mesures jusqu´au sommet constituerait un élément à charge contre le régime. Donc il faut attendre.
En dehors de ces raisons avancées, le PNP évoque le volet sécuritaire. Les déclarations de Monsieur Payadowa Boukpessi, selon lesquelles l´opposition peut manifester partout sur le territoire national, y compris dans les villes assiégées, ne diminuent en rien la dangerosité et la puissance de nuisance du régime RPT/UNIR. Le pouvoir incarné aujourd´hui par Faure Gnassingbé est acculé de tous les côtés et n´a plus rien à perdre. C´est pourquoi il est plus dangereux que jamais. Il pourrait organiser un bain de sang au cours des marches ou meetings et en faire porter la responsabilité à l´opposition et surtout au PNP qui constitue sa bête noire. Une telle situation de violence ainsi créée par le pouvoir pourrait changer ou influencer négativement la CEDEAO et la Communauté internationale qui pourraient, pour la stabilité de la sous-région, préférer que la démocratie attende encore un peu. Puisque Faure Gnassingbé aurait rejeté toute la responsabilité sur l´opposition et apparaitrait comme le seul garant de la stabilité. Pour qui connaît le régime Gnassingbé pour qui la conservation du pouvoir est une question de vie ou de mort, cette crainte exprimée par Tikpi Atchadam et ses amis au PNP ne doit pas être négligée.
Le PNP n´est pas contre une quelconque mobilisation des populations, mais le parti du cheval estime qu´il y ait encore beaucoup de togolais dormants dans beaucoup de régions du pays où on a comme l´impression que les compatriotes de ces contrées ne se sentent pas du tout concernés par ce mouvement révolutionnaire contre le régime de dictature. Le PNP est conscient du caractère et de l´ambition nationale qu´a chaque formation politique. Le PNP ne dit pas que chaque leader politique doit considérer sa région d´origine comme sa chasse gardée sur laquelle il doit se replier.
Mobiliser et attendre le verdict de CEDEAO, car au lendemain du 31 juillet 2018 il faudrait s´attendre à deux choses: soit les recommandations de l´organisation sous-régionale vont dans le sens de la volonté du peuple, là il faudrait être prêt à sortir et jubiler en remerciant tous ceux qui auront contribué à l´heureuse issue de la crise. Dans le cas préoccupant où la feuille de route de la CEDEAO venait à nous être défavorable, il faudrait réussir à faire sortir les populations des grands jours sur toute l´étendue du territoire. Ceci suppose que l´on mobilise les localités non encore debout depuis bientôt un an. Faire sortir les mêmes et reprendre sera improductif.
L´autre argument-massue brandi par le Parti National Panafricain, c´est le fait que demain, s´il y a élections, le pouvoir trouvera un alibi pour frauder dans ces zones qui ne l´ont pas contesté pendant toute une année de soulèvement. « Car si ces régions étaient le bastion de l´opposition, pourquoi n´avaient-elles pas manifesté contre nous », argumentera à loisir le régime RPT/UNIR.
Voilà résumées les raisons avancées par le PNP pour souligner la non-pertinence des marches ou meetings avant le 31 juillet 2018.
Alors, que ceux qui critiquent la position du PNP aient le courage de sortir les vraies raisons de leur démarche.
Samari Tchadjobo
Source : www.icilome.com