L’Agence nationale pour l’emploi (ANPE) pilote une partie des programmes gouvernementaux en matière de promotion de l’emploi et de formation. Dans l’entretien qui suit son directeur général, Edmond Comlan Amoussou, explique les difficultés auxquelles il fait face. En même temps, il souligne que les initiatives publiques commencent à porter leurs fruits.
Republicoftogo.com : Le sous-emploi et le chômage restent toujours à un niveau élevé
Edmond Comlan Amoussou : Effectivement et il y a plusieurs raisons. D’abord, l’inadéquation formation et emploi due au déficit de qualité du système éducatif, il y a l’étroitesse du marché du travail avec une prépondérance de l’informel (80%).
A cela s’ajoutent, le faible dynamisme de l’économie (peu de diversification des activités économiques) et une insuffisance de l’investissement public et privé.
Republicoftogo.com : Si le sous-emploi est à un taux très élevé (27%), le taux de chômage lui est relativement faible (6-7%). C’est paradoxal.
Edmond Comlan Amoussou : Le taux de sous-emploi est calculé sur la durée d’heures de travail. Quelqu’un qui a deux activités est considéré comme une personne sous employée. Or, beaucoup d’actifs ont un second job
Le taux de chômage est faible car la plupart des critères ne sont pas respectés ce qui fausse les statistiques.
Republicoftogo.com : L’ANPE exécute la politique phare d’employabilité. Peut-on faire bilan des actions menées ?
Edmond Comlan Amoussou : Pour aider les jeunes à s’insérer, l’ANPE les accompagne par des conseils (en techniques de recherche d’emploi, en soft skills : qualités humaines et relationnelles), des simulations d’entretiens professionnels. Elle développe des formations d’insertion de courte durée pour des candidats au profil peu demandé sur le marché de l’emploi.
Grâce au programme d’appui à l’insertion et au développement de l’embauche, nous proposons des stages aux primo demandeurs d’emploi pour une durée n’excédant pas 12 mois. Plus de 7000 jeunes en ont déjà bénéficié.
La capacité de placement annuel est d’environ 1200 stagiaires. L’année dernière, l’Agence a enregistré plus de 7600 demandes. Il y a une forte demande qui dépasse les possibilités financières mises à notre disposition.
L’ANPE accompagne également les jeunes porteurs de projets d’entreprises à travers des formations dédiées et un suivi. Nous les aidons à rédiger un business plan, à trouver des financements.
Republicoftogo.com : Trouver des financements est quasiment une mission impossible
Edmond Comlan Amoussou : La difficulté majeure d’accès au crédit bancaire est liée en général à la nature des activités que portent les jeunes et aussi à l’inadéquation homme/projet, c’est-à-dire que techniquement, les jeunes ne maitrisent pas les projets dont ils sont porteurs.
Des approches ont été élaborées par le gouvernement pour faciliter l’accès au crédit. Et tout d’abord pour orienter les jeunes vers des secteurs porteurs Une banque sera mieux disposer à financer une petite entreprise qui intervient sur un marché où la demande est forte.
Republicoftogo.com : Vous évoquiez à l’instant l’inadaptation emploi/ formation. Les universités continuent d’être des fabriques à chômeurs
Edmond Comlan Amoussou : Cette situation s’explique notamment par la lenteur de la mise en œuvre des réformes curriculaires dans le système éducatif, la prépondérance de l’offre de formation privée dans les filières tertiaires techniques et professionnelles, l’absence d’un mécanisme efficace d’orientation scolaire et professionnelle et la recherche du profit de la part de l’enseignement supérieur privé.
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