Tout porte à croire que c’est là où le régime de Faure Gnassingbé veut encore amener la Coalition des 14 partis de l’opposition. Boycotter aussi les élections locales prévues au plus tard à la fin du premier semestre de cette année. Puisque même si les membres de cette coalition ne sont pas d’accord sur la manière de procéder dans la lutte pour l’alternance au Togo en 2020, ils arrivent à s’entendre au moins sur une chose : la mise en œuvre des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales avant toute élection au Togo.
La mise en œuvre de ces réformes a été au cœur du combat que la Coalition des 14 mène depuis août 2017. Elle l’a conduit à boycotter les élections législatives du 20 décembre dernier. Et le régime de Faure Gnassingbé a promis d’opérer ces réformes une fois la nouvelle Assemblée nationale mise en place. Mais depuis, on ne parle plus de ces réformes. Le pouvoir est plutôt préoccupé par l’organisation des élections locales dans les mêmes conditions que les législatives.
La consultation par le ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, Payadowa Boukpessi des partis membres de la Coalition des 14, démontre bien cette volonté du régime de mettre à l’écart ces réformes que tous les Togolais appellent de leurs vœux. La situation fait révolter les membres de la coalition.
« L’ANC élève une vive protestation contre le fait que le gouvernement annonce une fois encore des élections dans notre pays sans que n’aient été mises en œuvre à ce jour, les réformes politiques et électorales, que l’ensemble des populations togolaises appellent de leurs vœux comme préalables à toute nouvelle élection au Togo. L’ANC rappelle que c’est en raison de la non réalisation de ces réformes que les partis d’opposition, regroupés au sein de la coalition C14, n’ont pas pris part aux élections législatives du 20 décembre 2018 », a indiqué le parti de Jean-Pierre Fabre dans un communiqué rendu public en début de semaine.
Et d’ajouter : « Dans l’intérêt de la cohésion nationale et de la paix, l’ANC demande instamment au gouvernement, de traduire dans les faits la volonté exprimée par le Premier Ministre quant à l’adoption des réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales en attente, et d’engager sans tarder, une initiative courageuse en vue de leur mise en œuvre effective. L’ANC demeure ouverte et disponible pour toute sollicitation allant dans le sens d’une telle initiative ».
Quant à la Convention démocratique des peuples africains (CDPA), pour l’intérêt supérieur du Togo, il faut réaliser les réformes prévues par l’Accord politique global, réitérées par la feuille de route de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) recommandée par les chefs d’Etat et de gouvernement de l’espace communautaire.
« La CDPA observe que le gouvernement qui avait tout mis en œuvre pour exclure l’opposition des élections législatives pour avoir les coudées franches pour nommer ses candidats à l’Assemblée nationale, enclenche dans cette même logique un processus électoral, puisqu’il n’a pas encore réalisé les réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales, causes de la profonde crise politique que traverse notre pays », a indiqué Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, Secrétaire générale de la CDPA, dans un communiqué.
Pour le Parti national panafricain (PNP), il n’est pas question de parler d’élection au Togo sans les réformes. « Pour nous, l’urgence réside aujourd’hui dans la lutte du peuple togolais pour obtenir les réformes, nous permettant ainsi de retrouver la Constitution de 1992, et l’effectivité du droit de vote de la diaspora, avant toute élection », a déclaré Dr Kossi Sama lors de la conférence de presse du parti hier à Lomé. Le parti de Tikpi Atchadam n’a d’ailleurs pas répondu à l’invitation de Payadowa Boukpessi.
Toutes ces positions sont partagées par le Comité d’action pour le renouveau (CAR) de Me Yawovi Agboyibo et les autres partis membres de la Coalition des 14. Sauf qu’ils ont des difficultés à s’entendre sur les méthodes devant les conduire à obliger le régime à faire les réformes.
Or le régime en place veut rester dans sa logique jusqu’au bout. Raison pour laquelle ces derniers jours, des députés dits de l’opposition à l’Assemblée nationale circulent dans les médias et annoncent qu’il faut aller à ces locales sans les réformes. Ceux-là même qui avaient promis aux Togolais lors de la campagne électorale pour les législatives, que ces réformes seront faites une fois l’Assemblée nationale en fonction, surtout avant toute autre élection.
Face à cette situation, quelle sera la stratégie de la Coalition des 14 ? Dans tous les cas, ces partis ne veulent entendre parler d’élection sans les réformes. On peut d’ores et déjà deviner leur attitude si le parti au pouvoir persiste à organiser ces élections.
I.K
Source : www.icilome.com