Après cinq années d’inertie, la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Haplucia) annonce l’élaboration d’une stratégie nationale de prévention et de lutte contre la corruption. Rien que des paroles, pour une institution qui s’est montrée inefficace face au phénomène de la corruption.
On la pensait morte. Eh bien, la Haute autorité de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (Haplucia) est bel et bien vivante et multiplie les activités. D’ailleurs ce lundi, elle a poursuivi l’élaboration de sa stratégie nationale de prévention et de lutte contre la corruption et les infractions assimilées. Le document y relatif est soumis au Comité national de pilotage. L’objectif de l’instrument, selon les informations, est de faire du Togo un pays modèle en matière de lutte contre la corruption en vue d’une croissance économique inclusive et durable.
« Il était question à Kpalimé de proposer les outils de pilotage de mise en œuvre de notre stratégie. Le Comité de planification a identifié et proposer un comité national de pilotage qui sera appuyé par un Secrétariat technique. L’autre volet est celui de l’inventaire de ce que nous pouvons faire pour réussir la mise en œuvre de la stratégie. Le Comité de planification a proposé un cadre de performance. Enfin, le Comité a suggéré un plan quinquennal d’actions budgétisé. Ce sont ces trois outils que nous soumettons aujourd’hui à l’appréciation du Comité national de pilotage » a indiqué le président de la Haplucia, Wiyao Essohana.
Etait également présent un consultant international en charge de l’élaboration de la stratégie en la personne de Cissé Sada Ly. « Qui dit phase opérationnelle pense au plan d’action parce qu’une fois que la stratégie est adoptée, on doit élaborer un plan d’action quinquennal pour les cinq années à venir 2021 à 2026. Ce plan d’action fera sortir un certain nombre d’activités que le gouvernement mettra en place pour permettre au pays de réduire de manière drastique la corruption et les infractions assimilées. Aussi, on va mesurer la performance par certains indicateurs pour voir la performance du Togo au niveau international dans le cadre de la lutte contre la corruption » a déclaré le consultant.
On voit bien que dans les discours, les mots sont bien choisis. « Modèle en matière de lutte contre la corruption », « plan d’action quinquennal pour les cinq à venir 2021 à 2026 », « réduire de manière drastique la corruption et les infractions assimilées », « mesurer la performance par certains indicateurs »… On se croirait dans un autre pays que le Togo où la corruption est endémique et presque prônée au plus haut sommet de l’Etat. Bientôt, on aura droit à un instrument interne de mesure de la corruption. Il faut s’attendre à des performances fabriquées de toutes pièces pour faire croire que la corruption est en train de régresser au Togo.
A-t-on des raisons de douter ? Absolument, parce que cette institution censée organiser la lutte contre la corruption n’a jamais exercé son pouvoir. En 2015, le gouvernement fit semblant de vouloir combattre le fléau qu’est la corruption en adoptant la loi n°2015-006 du 28 juillet 2015 portant création de la Haplucia. Deux ans après, soit le 3 janvier 2017, les sept (7) membres de la Haute Autorité sont nommés par décret présidentiel et prennent fonction.
Cinq ans après, la Haplucia n’a rien fait comme travail allant dans le sens de la lutte contre la corruption. Les scandales de corruption et de détournements de deniers publics se multiplient sans qu’elle ne puisse réagir. Elle observe, spectatrice, les différentes dénonciations de la presse et des organisations de la société civile. Depuis que le scandale dit Petrolegate a révélé les détournements massifs de deniers publics par des membres du gouvernement et les responsables de la structure en charge de la gestion de l’approvisionnement en produits pétroliers, on n’a pas entendu, ne serait-ce qu’une seule fois, la Haute Autorité se prononcer. Au contraire, elle s’est interdite toute intervention pouvant conduire à mettre les auteurs devant leur responsabilité. La Haplucia est plus muette que l’Armée, comme si son rôle était plutôt de protéger les criminels économiques.
Au sein de l’opinion, on a l’impression que le phénomène de la corruption s’est accru après l’installation de la Haplucia. C’est quand même après sa mise en place qu’un ministre du gouvernement a ouvertement déclaré que lors des concours, ils sont obligés de passer par d’autres voies pour que les candidats des Savanes soient déclarés admis. Si Wiyao Essohana connaissait vraiment sa mission, il aurait dû se saisir du dossier. Il devrait être la première personne même à réagir pour demander des enquêtes. Non, rien de tout ça. Il a préféré garder silence pour manifester sa complicité avec le ministre Tchédé Issa. La posture de cette Haplucia est incroyable.
Enfin, la seule fois que Wiyao Essohana a osé sortir la tête de l’eau, il s’est empressé de présenter des excuses après. Il s’est rendu compte qu’il dirige une institution chargée de la «promotion de la corruption et des infractions assimilées ». Aujourd’hui, la Haplucia tente de faire croire qu’elle est capable de mener à bien sa mission.
G.A.
Source : icilome.com