Près de 57 personnes ont été arrêtées, accusées d’”incitation à la débauche” parce qu’elles avaient déployé quelques drapeaux arc-en-ciel lors d’un concert, rapporte Le Point.
Tout est parti d’un concert géant devant 35 000 personnes qu’a donné le groupe libanais Meshrou’a Leila le 22 septembre au Caire.
Interdit à deux reprises de se produire en Jordanie, le chanteur du groupe, Hamed Sinno, est ouvertement homosexuel et défend, autant dans ses textes que dans les médias, les droits des LGBT.
En autorisant Meshrou’a Leila à se produire sur une grande scène en plein air, en périphérie de la capitale, où se concentrent les résidences cossues de la bourgeoisie, les autorités égyptiennes n’avaient semble-t-il pas anticipé son potentiel subversif pour une société majoritairement conservatrice.
Emportés par la liesse collective, une poignée de jeunes déploient au-dessus de leurs têtes des drapeaux arc-en-ciel, symboles de paix et des LGBT. Quelques photos immortalisent le bref instant de joie. Elles vont ensuite circuler en boucle sur les réseaux sociaux, dans les heures et les jours qui suivent, raconte le journal.
L’événement n’est pas inédit. Le site Rues égyptiennes rapporte qu’un tel drapeau avait déjà été aperçu en 2016 entre les murs de l’université américaine du Caire. Mais cette fois, la machine à polémiques haineuses se met en marche. Les journaux et talk-shows prorégime s’en emparent pour dénoncer « les déviants sexuels qui veulent corrompre la jeunesse ». Habitué des coups d’éclat controversés, l’animateur télé Ahmed Moussa va jusqu’à déclarer que l’homosexualité représente un danger plus grand pour l’Égypte que le terrorisme. Le 25 septembre, le procureur de la République ouvre une enquête sur « l’incident du drapeau ».
Depuis la destitution du président islamiste Mohamed Morsi et le retour de l’armée aux affaires mi-2013, 232 personnes ont été arrêtées en raison de leur homosexualité ou identité transgenre, selon l’ONG. Les défenseurs des droits de l’homme interprètent ce pic répressif comme une opération de communication. Accusé par les Frères musulmans d’être « anti-islam », le président Abdel Fattah al-Sissi tenterait ainsi de démontrer son conservatisme religieux.
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