Effet placebo

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Selon les études les plus récentes, 30 à 60% des médicaments vendus en Afrique sont des faux. Les contrefaçons inondent les marchés, mettent en péril la santé des malades et menacent la survie des pharmaciens.

La plupart des importations illégales viennent d’Asie. Ces médicaments dont le packaging ressemble aux originaux sont soit totalement inefficaces, soit carrément dangereux.

Moitié moins chers que ceux vendus en pharmacies, les patients mal informés et au pouvoir d’achat très limité n’hésitent pas à acheter ces contrefaçons.

Un phénomène qui s’est amplifié ces dernières années et que déplore Innocent Kpeto, le président de l’Ordre des pharmaciens du Togo.

Republicoftogo.com : Quelle est la proportion des faux médicaments vendus dans votre pays ?

Innocent Kpeto : Difficile de répondre avec précision. Mais on peut estimer que le volume se situe entre 30 et 50%. Mais les chiffres évoluent, ils sont fonctions des saisies opérées par la douane.

Nous côtoyons chaque jour de nombreux patients dans nos officines. Et même ces derniers achètent des contrefaçons sur le marché parallèle. 

Les circuits illégaux existent au Togo et dans toute la région.

Republicoftogo.com : D’où viennent les faux médicaments ?

Innocent Kpeto : De Chine et d’Inde principalement car les trafiquants disposent de l’expertise. Ce sont des délinquants qui ont décidé de s’enrichir sur le dos des malades. Les autorités de ces pays ne sont pas complaisantes, mais mettre un terme au trafic n’est pas simple.

Ces filières disposent de réseaux locaux ici au Togo pour écouler les produits.

Republicoftogo.com : Ces faux médicaments présentent-ils un risque pour la santé ?

Innocent Kpeto : Soit il s’agit de placebos totalement inefficaces, soit ces contrefaçons constituent un grave danger. Dans les deux cas, c’est un risque pour le malade.

Republicoftogo.com : Comment  les pharmacies du Togo peuvent lutter contre ce fléau ?

Innocent Kpéto : Nous nous efforçons de proposer des médicaments de grande qualité et une offre très large. Mais en même temps, les soins doivent être à la portée de la population qui estime que les prix sont trop élevés. Il faut donc poursuivre les efforts afin de renforcer l’offre des produits génériques. 

Il est important également d’informer le public qui ignore bien souvent les risques pris en achetant des contrefaçons.

L’Ordre des pharmaciens va multiplier les campagnes d’information et de sensibilisation. Dans le même temps, la répression doit s’accentuer 

Republicoftogo.com : Pourquoi ne pas envisager une production locale via des partenariats public- privé ?

Innocent Kpeto : La production locale bien sûr, c’est nécessaire. La question de faux médicaments est aussi liée au fait que nos pays sont trop dépendants de l’importation. Fabriquer  localement, il faut certainement l’envisager, mais la fabrication requiert des investissements très importants. 

Nous pourrions donc travailler sur la possibilité d’une mutualisation des moyens à l’échelle régionale et créer des coentreprises avec des fabricants du nord pour créer des laboratoires pharmaceutiques ici dans nos pays.

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