Faure Gnassingbé, dans sa volonté de rempiler pour un quatrième mandat à la tête du Togo, est-il en passe d’être lâché par son conseiller, Edem Kodzo ? La question s’invite, aujourd’hui. Ceci, au lendemain de la présence effective, samedi dernier, de l’ancien Premier ministre au Forum national citoyen, organisé par les forces vives, « Espérance pour le Togo », un front reconnu anti pouvoir de Lomé.
Le peuple… Au cœur des échanges
Réunis autour du thème : « l’engagement de la société civile pour un Togo nouveau », organisateurs et participants à ce forum national trouvent désormais la nécessité absolue de changer de paradigme et d’approche. Désormais, plus besoin de laisser le sort du pays dans les seules mains des hommes politiques. Ces acteurs qui, à bien d’égards, ont démontré qu’ils se sont bien ligués contre les intérêts du peuple togolais dont ils prétendent lutter pour et ceci, à travers d’interminables guerres d’opinions, querelles et calculs politiciens.
«Le mouvement ‘’Espérance pour le Togo’’ s’est engagé pour la mise en œuvre effective des recommandations de la CEDEAO afin de remettre le pays sur la voie d’un développement durable et faire reculer la misère, voire arrêter la paupérisation galopante des populations sur toute l’étendue du territoire national », a laissé entendre Rev. Père Marie-Chanel Affognon, le Coordinateur de la plateforme des Organisations de la société civile qui œuvre pour la résolution pacifique de la crise sociopolitique qui secoue actuellement le Togo. « Notre vision passe par le désir de faire fédérer les énergies et les efforts des Organisations de la société civile (OSC) ainsi que les citoyens résidants au Togo et à l’extérieur pour exiger l’avènement d’un véritable Etat de droit et la démocratie pour un Togo de justice, de fraternité et de recherche effective de bien commun, source de bonheur pour tous », a-t-il poursuivi.
Un invité surprise… Et de marque
Parmi la panoplie d’invités d’honneur à ce forum, se trouve l’ancien Premier ministre, Edem Kodzo. L’événement est donc de taille, vu que depuis son dernier passage à la Primature entre 2005 et 2006, l’ex-Secrétaire général de l’Organisation de l’unité africaine (Oua) se fait rare sur l’échiquier politique national. Toutefois, ce dernier, du haut de son expérience, continue par jouer sa partition, mais au titre de Conseiller spécial du Chef de l’Etat, après un premier titre de Ministre d’Etat, avec un bureau dans le quartier résidentiel nommé, Cité Oua. Sans doute un maillon essentiel de la chaîne de l’intelligentsia autour de Faure Gnassingbé, vu le parcours si riche et ô combien impressionnant de l’homme.
L’intrigue…
Et c’est justement là où se trouve l’intrigue. Il est vrai que l’homme préside la plateforme Pax Africana qui, depuis quelques années déjà, œuvre pour asseoir la paix sur le continent et surtout, prôner le règlement des conflits africains par les africains. Il est tout aussi vrai que l’homme a un côté très religieux, lui permettant d’accorder un profond respect à l’Eglise catholique dont il est d’ailleurs l’un des plus hauts fidèles, ce qui lui a garanti des relations privilégiés avec les représentants du Vatican au Togo. Et le Vatican n’a point caché son opposition au pouvoir de Lomé bien depuis le début de la crise du 19 août 2017. De là, la présence au forum organisé samedi dernier peut être perçue comme une défection du natif de l’Avé dans les rangs du Prince.
En effet, au-delà de l’objectif apolitique de ce forum et la pertinence de la thématique débattue, le Mouvement que coordonne l’Aumônier national des cadres catholique du Togo se révèle au jour le jour, un mouvement très hostile à un quatrième mandat de Faure. De plus, cette prise de position du prêtre catholique n’est qu’une déclinaison de la logique instillée bien avant le 19 août par l’église à travers la Conférence des Évêques du Togo (Cet) qui, à plusieurs reprises, a invité le chef de l’Etat à opérer les réformes politiques, selon l’esprit de la Constitution de 1992. Donc un 2020 sans le fils à Eyadema Gnassingbé. Une logique corroborée par l’archevêque émérite de Lomé, Monseigneur Philippe Fanoko Kpodzro dont la dernière sortie au sujet de la crise sociopolitique togolaise n’a guère plu au pouvoir de Lomé.
Edem Kodjo tourne le dos à Faure
Connaissant donc la loyauté de l’homme à l’Eglise dont la position est déjà connue de tous, l’on en vient facilement à déduire qu’il tourne ainsi le dos à Faure Gnassingbé sur le sujet de l’alternance politique au sommet de l’Etat en 2020. Ceci, en vue de décrisper l’atmosphère rendue délétère par la crise. Et cela viendrait donc allonger la longue liste de hautes personnalités d’ici et d’ailleurs qui ont déjà conseillé la voix de la raison à l’occupant du Palais de la Marina. Commençant par son allié Gilchrist Olympio, les anciens présidents ghanéen et nigérian John Gery Rwalings et Olusegun Obasanjo. Beaucoup sont également les observateurs qui lient le froid actuel entre Lomé et Cotonou à ce fait qui, visiblement, fâche au plus haut degré à la Présidence du Togo.
Faure Gnassingbé, vient donc d’avoir un conseiller dissonant face à tous ceux que nous avions déjà qualifiés de Judas autour de lu dans l’une de nos récentes parutions.
Cyrille PESSEWU
Source : www.icilome.com