Pris dans n’importe quelle dimension, Edem Kodjo ne configure pas un prototype d’homme de la masse. Pas en tout cas dans son pays le Togo où, le régime RPT dont il a été l’un des pivots dans les années 70 n’a pas favorisé l’éclosion d’une intelligentsia à la fois abondante et de qualité à l’image de l’homme de Noèpé.
Ce phénomène est l’une des raisons sinon la principale pour lesquelles Edem Kodjo a cette difficulté visible de s’accommoder, à n’importe quel prix, d’une « insertion dans la masse populaire » en vue de paraître le genre qu’adulent ses compatriotes. Il faut reconnaître que bien avant qu’elles ne se soient totalement détériorées, les relations entre Kodjo et les Togolais ont été, entre 1990 et 2000, aigres-douces.
En même temps que les gens voyaient en lui l’unique leader dans le lot qui soit capable de déboulonner le régime en place en utilisant ses relations internationales, ils le haïssent, disent-ils, pour le type trop occidentalisé qu’il est et pour « son arrogance congénitale ». Kodjo y a perdu énormément de son étoffe. Le peuple aussi de sa force de frappe : le premier s’était vu priver du soutien populaire dont il avait besoin pour être pleinement utile au second qui, tantôt manipule, tantôt faiseur de petite bouche, et trop souvent calomniateur sans raisons évidentes, peine toujours, depuis plus de 20 ans à trouver son sacro-saint libérateur qu’il a refusé de voir en Kodjo.
Des gens sont allés jusqu’à affirmer préférer Eyadema si ce doit être Kodjo. Un certain Homawoo, de l’UFC, ne peut pas nier d’avoir tenu un tel propos. Grave erreur! « Les Togolais ne savent pas souvent ce qu’il leur faut pour leur situation », m’avait une fois confié Kodjo. Comme s’il se savait méprisé sans raison. Pure vérité.
Aujourd’hui, ce bout de phrase m’emplit encore les oreilles. On l’a perdu comme on a perdu bien d’autres. Pour nous qui l’avions côtoyé de plus près et aimé, il reste un politique haut de gamme, un diplomate chevronné, un homme bien.
Joyeux anniversaire, le meilleur de tous, de tous les temps, le Maître Édouard qui n’a pas pu se faire comprendre.
Kodjo Epou
Washington DC
USA
27Avril.com