C’est avec grande tristesse que j’ai appris le décès de M. Edem KODJO.
Bien qu’il y ait eu de profonds désaccords entre nous sur des sujets politiques, je suis convaincu que nous venons de perdre un des plus grands hommes politiques du Togo et un grand panfricaniste.
Convaincu que chaque peuple avait le droit à son autodetermination, alors qu’il était Secrétaire Général de la defunte Organisation de l’Unité Africaine, il a eu le courage de se prononcer pour l’indépendance du Sahara …, et ce, contre une grande partie de ses patrons : les Chefs d’Etat africains. Il a eu à le payer cher, très cher.
M. Edem Kodjo était un écrivain de haut vol. J’étais très flatté par les éloges de mes collègues professeurs à son égard à la suite de la publication de son ouvrage : « Et demain l’Afrique ». lls voyaient en lui un digne fils d’Afrique. C’est avec délectation que j’ai lu son ouvrage « Les pères de l’Eglise » paru en 2008 et qui rappelle l’élaboration de la doctrine chrétienne de la fin du 1er siècle au 5ème siècle.
Qu’il ait commis des erreurs sur le plan politique, c’est une certitude, mais je suis persuadé qu’il le faisait non pas pour nuire à la cause de la lutte pour la democratie et non pas uniquement pour son intérêt personnel, mais parce qu’il était convaincu que c’est ce qu’il fallait faire : a posteriori il s’est peut être trompé, ce qui prouve qu’il était un être humain.
Il a mis son carnet d’adresses à la disposition de la C14 pour entrer en contact avec des personnalités étrangères. C’est lui qui avait obtenu le rendez-vous ayant permis aux responsables religieux de discuter avec le Président du Ghana à la veille de l’election législative de décembre 2018. Lui et un autre monument de l’opposition togolaise avaient accueilli avec enthousiasme ma proposition de constituer un comité informel d’iminentes personnalités indépendantes pour que les Togolais puissent se parler entre eux afin de trouver une solution à la crise qui avait trop duré. Malheureusement pour certaines raisons ce projet n’a pas pu être réalisé.
Mais ce qu’il y a de plus important que je retiens de lui, c’est l’idée du « Grand Pardon » qu’il a toujours défendu. Pour les Chrétiens, la periode sainte se termine. Nous devons faire nôtre cette parole célèbre et atemporelle prononcée par Jésus-Christ sur sa croix : Père pardonne leur, car ils ne savent pas ce qu’ils font !
Puisse le « Grand Pardon » que M. Edem Kodjo nous conseillait être dans nos pensées et guider nos actions lorsque l’alternance sera une réalité.
Je vous souhaite un bon lundi de Pâques et le respect scrupuleux des mesures barrières.
Tchabouré Aimé GOGUÉ-
Source : icilome.com