Economie: Prouesses à Accra, complaisance à Lomé

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Economie: Prouesses à Accra, complaisance à Lomé

La situation économique et énergétique du Ghana n’a pas été rose lorsque Nana Akufo-Addo prenait officiellement les rênes du pays le 07 janvier 2017. La dette publique a été assez explosive de telle sorte que le Fonds monétaire international craignait « un haut risque de surendettement » du voisin de l’ouest. En 2016, le pays trainait avec une dette 122 milliards de cedis. Soit 74 % du PIB contre 67,4 % en 2015. Malgré un plan de sauvetage de son économie financé par le FMI (Fonds monétaire international), le pays avait du mal à sortir la tête de l’eau. Les autorités, pour endiguer la crise économique, avaient fait une émission obligataire. Mais l’institution de Breton-Woods y voit un risque de surendettement. Puisque le pays, pour endiguer la crise financière, contractait des prêts auprès des banques avec un taux excessif de 33%. Il avait sollicité un renflouement d’un milliard de dollars auprès du FMI qui, début 2016, a accepté de lui décaisser 114 600 000 de dollars pour renforcer sa stabilité et sa croissance économique.

Portées au pouvoir, les nouvelles autorités d’Accra ont annoncé leur intention de mobiliser en monnaie locale 10 milliards cedis, soit plus de 2 milliards de dollars à travers une nouvelle émission obligataire. L’objectif, assainir les dettes contractées auprès des banques et d’autres institutions de crédit par la société nationale d’électricité et les fournisseurs de services pétroliers publics. Pour maîtriser l’inflation et stabiliser la situation financière, le président Akufo-Addo a tablé sur les programmes et les politiques de son équipe. Des mesures de discipline budgétaire, de viabilité et de croissance économiques ont été prises. Ceci pour attirer plus investissements du secteur privé au Ghana qui, selon les experts, devrait augmenter sa croissance de 6 % à la fin 2017.

Un an après, le locataire du Flagstaff house semble réaliser son miracle. Le pays serait en cours de rétablissement économique. Les secteurs porteurs de l’or et du pétrole ont repris leur envol avec une balance commerciale équilibrée. 2018, l’année de la reprise et de l’émancipation du FMI, ont déclaré les nouvelles autorités d’Accra. Pour elles, après cette année, le pays pourrait s’affranchir de l’aide financière internationale, notamment de la Banque mondiale et du Fmi. « Un taux de croissance en hausse, une inflation en recul et une balance commerciale dopée par les exportations d’or et de pétrole. L’économie du Ghana se porte relativement mieux, en dépit du déficit budgétaire. Si le taux de croissance du Ghana en 2016 était de 3,3 %, celui de 2017, selon les prévisions du FMI, pourrait se situer autour de 5,9 %. Au premier semestre 2017, le taux de croissance était de 6,6 %, son niveau le plus élevé depuis 2013, même s’il reste loin du record de 2011 – 14 %, grâce à l’exploitation pétrolière.

Avec 565,2 millions de dollars (476 millions d’euros) décaissés par le FMI, le gouvernement a pu lancer un vaste programme de promotion de l’agriculture, avec des projets d’irrigation dans chacune des 275 circonscriptions parlementaires du pays. Arrivés au pouvoir en décembre 2016 après huit années de règne du Congrès démocratique national (NDC) de l’ancien président Jerry Rawlings, Nana Akufo-Addo et son Nouveau Parti patriotique (NPP) ont proposé dès 2017 une politique industrielle qui commence à porter ses fruits.

Les initiatives ne manquent pas. La promotion des produits made in Ghana, lancée timidement en 2016, s’est accentuée avec le nouveau Programme national de redynamisation industrielle, comprenant un plan de relance de l’industrie ainsi qu’un plan national pour l’entrepreneuriat et l’innovation. Conjugué avec la politique agricole « Un village, un barrage », le projet phare « Un district, une usine », même s’il n’a pas encore été véritablement mis en œuvre, vise à promouvoir une industrialisation décentralisée », écrivait le confrère JeuneAfrique dans sa livraison du 08 janvier dernier.

Sur le plan de la lutte contre la corruption, Accra fait des efforts avec la création d’un Bureau du Procureur Spécial (OSP) anti-corruption. «Nous devons rétablir l’intégrité dans la vie publique. Les caisses de l’État ne doivent pas servir de butin au parti vainqueur d’une élection, mais des ressources pour le développement économique et social du pays. Mon espoir et mes attentes sont que la création de ce bureau va constituer une étape importante dans notre détermination collective à éradiquer la corruption de la vie publique de notre pays. Nous savons tous que cela a été un fléau majeur dans le développement du Ghana », a déclaré il y a quelques jours Nana Akufo-Addo.

Si ailleurs, les chefs d’Etat font fort pour la relance économique de leurs pays avec des programmes et des politiques ambitieux, au Togo c’est la complaisance qui est érigée en système de gouvernance. Le pillage systématique des biens publics, l’enrichissement illicite, entre autres, sont devenus des normes de gouvernance. Aujourd’hui, la mauvaise gouvernance et les crimes économiques sont ressentis dans presque tous les secteurs en proie à des débrayages comme la santé et l’éducation. Avec la crise politique qui frappe de plein fouet le pays, les activités économiques tournent au ralenti avec l’exaspération de la crise financière. Si Accra fait des efforts pour sortir de la dépendance de l’aide financière internationale, le Togo, lui, est en pleine perfusion économique sous les injonctions des institutions de Breton Woods, malgré ses ressources minières et son port en eau profonde.

«Le Togo a fait des progrès en matière de développement, mais la majorité de sa population n’en pas encore tiré les dividendes. Un Togolais sur deux n’a pas encore de l’eau potable et l’électricité, 51,1% de la population vit dans la pauvreté et le pays ne compte qu’un médecin pour 14500 habitants. La formation fournie par l’enseignement supérieur public ne répond ni aux besoins du marché du travail ni aux problèmes de développement du pays. Celui-ci se classe 162e pour l’indice de développement humain du Programme des Nations Unies pour le développement selon lequel 51% de la population vit dans une pauvreté multidimensionnelle. Dans un contexte marqué par la recrudescence des manifestations politiques, l’organisation d’élections législatives et locales en 2018, et éventuellement d’un referendum sur la Constitution pourrait ralentir l’activité économique», a indiqué le BAD dans ses perspectives économiques pour le Togo.

Source : www.icilome.com