« Ces hackers israéliens qui ont piraté les élections en Afrique », tel est le titre d’un dossier publié par le site d’informations mondafrique.com le 18 mai 2024 dernier. Le journal reprend les révélations du consortium Forbidden Stories sur l’existence d’une entreprise israélienne ultra-secrète impliquée dans la manipulation d’élections à grande échelle et le piratage de responsables politiques africains.
Pour comprendre les méthodes de fonctionnement des hackers israéliens, il faut remonter en 2018 lorsque le scandale planétaire Cambridge Analytica a éclaté.
« En 2018 éclate le scandale éponyme dévoilant comment l’entreprise britannique a recueilli puis analysé et utilisé les données personnelles de près de 87 millions d’utilisateurs de Facebook, à leur insu, à des fins de ciblage politique. La société, qui a vendu ses services dans une soixantaine d’États, du régime iranien à l’entreprise pétrolière nationale en Malaisie, est accusée d’avoir manipulé ou tenté de manipuler de nombreuses élections, contribuant à la victoire de Donald Trump en 2016 aux États-Unis et au vote en faveur du Brexit en Angleterre. À l’époque, l’affaire fait la une des journaux et le nom de Cambridge Analytica devient synonyme de désinformation partout dans le monde », écrit mondafrique.com.
« Pourtant, de ce scandale planétaire, tout n’a pas encore été révélé. Certains de ses acteurs, redoutés dans le milieu, sont parvenus à rester dans l’ombre. Notamment de mystérieux sous-traitants israéliens, experts en hacking et décrits par l’une des lanceuses d’alerte à l’origine du scandale comme « une équipe chargée des recherches sur les opposants » », poursuit le confrère.
Le responsable de cette société ultra-secrète se fait désigner sous le pseudonyme de « Jorge ». La « Team Jorge », surnom donné à la société par les journalistes de Forbidden Stories, est composée d’anciens membres des services de sécurité israéliens.
« Jorge » affirme être intervenu dans 33 campagnes présidentielles, dont les deux tiers d’entre elles ont eu lieu en Afrique. Sur les 33 campagnes, 27 ont été couronnées de succès. Les clients ne sont pas connus. Néanmoins, on peut se faire une idée de quelques dirigeants africains prêts à tout pour s’éterniser au pouvoir ou leurs proches qui n’hésiteront pas à avoir recours à la société israélienne pour manipuler les élections dans leur pays.
D’autant plus que certains de ces dirigeants n’ont pas hésité à sortir le chéquier pour payer à prix d’or le logiciel espion Pegasus de la société israélienne NSO pour surveiller leurs opposants. Au Togo, par exemple, selon une enquête menée par « Le Monde » et « The Guardian », plus de 300 numéros togolais appartenant à des responsables politiques de l’opposition, au clergé catholique, à des journalistes et militants des droits de l’homme, avaient été ciblés par cette arme numérique ultrasophistiquée destinée à l’origine à lutter contre le terrorisme et le crime organisé. Mais l’usage de ce logiciel que Arnaud Froger, le responsable du bureau investigation de Reporters sans frontières (Rsf) décrit comme « une arme de destruction massive », a été complètement dévoyé pour surveiller les opposants togolais comme des criminels.
Pour cause, Pegasus est capable de siphonner, à leur insu, toutes les données des téléphones des personnes ciblées, de les géolocaliser et d’activer à distance la caméra ou le micro et de lire les messages et les e-mails. La vie des opposants togolais n’avait plus aucun secret pour le régime qui a décidé de pratiquer le voyeurisme numérique à ciel ouvert.
Selon des indiscrétions, en cinq ans, l’espionnage des personnalités politiques et de la société civile. Avec plus de 300 numéros ciblés, on peut imaginer l’énorme fortune dépensée par le régime de Faure Gnassingbé pour cette lubie.
Le pouvoir togolais qui est connu pour être très proche de l’Etat hébreu a-t-il aussi eu recours aux hackers israéliens pour manipuler les résultats des élections ?
M.A.
Source: Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com