La Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH) semble préoccupée par la situation au Togo. Au cours de la 62ème session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples qui se tient depuis le 25 avril jusqu’au 09 mai 2018 à Nouakchott, la Fédération a posé un diagnostic des moins reluisants dans le secteur des droits humains au Togo . La FIDH compte ouvrir à cet effet, une enquête impartiale sur les multiples cas de violations des droits humains énumérés.
Intervenant au cours de cette grande rencontre, la présidente du FIDH a recensé plusieurs cas de violations des droits humains au Togo avant de prendre des résolutions fermes.
« La situation au Togo est marquée par une profonde crise sociopolitique avec en toile de fonds, le problème de l’alternance et de la gouvernance démocratique avec son corollaire de violations des droits civils et politiques, mais aussi une ébullition du front social notamment dans le domaine de la santé et de l’éducation », a dénoncé Dimitris Christopoulos.
Selon lui, le Togo, « pays qui n’a jamais connu d’alternance démocratique, reste le seul pays de la sous-région qui se refuse de faire le pas pour marquer sa volonté d’adhérer aux principes énoncés dans la déclaration de vision 2020 de la CEDEAO, notamment celui relatif à la gouvernance démocratique ».
« Qu’il vous souvienne que lors du 47ème Sommet des Chefs d’Etat de la CEDEAO à Accra au Ghana en 2015 sur la sécurité et la bonne gouvernance, seuls les dirigeants du Togo et ceux de la Gambie avaient refusé d’approuver le texte portant protocole sur la bonne gouvernance et la démocratie, et qui exige que tous les Etats membres harmonisent leur législation afin de prévoir un maximum de deux mandats présidentiels ;Mais à ce jour et après l’alternance survenue en Gambie, avec l’impulsion de la communauté CEDEAO et de l’Union Africaine, seul le Togo se met en marge de la vision 2020 et la crise que ce pays traverse actuellement en est la conséquence directe », a rappelé l’acteur des droits de l’homme .
Le président du FIDH s’est ainsi imposé l’exercice d’évoquer des cas de violations des droits humains au Togo devant les participants à la rencontre :
« Malheureusement, les revendications des populations dans ce sens sont, le plus souvent, sévèrement réprimés par le pouvoir en place qui utile la police, la gendarmerie et surtout l’armée pour massacrer des citoyens par des coups de matraques, des tirs à bout portant de grenades lacrymogènes, de balles en caoutchouc et même quelques fois de balles réelles.
La liberté de manifestation est en proie à de sérieuses violations au Togo et des manifestations de protestations projetées sont désorientées par l’autorité administrative ou à défaut, systématiquement interdites et les organisateurs interpellés et poursuivis pénalement.
De plus, la plupart des personnes interpellées ne sont pas épargnés des traitements cruels, inhumains ou dégradants : La torture demeure malheureusement d’actualité au Togo.
Le gouvernement togolais se sert même de la justice pour couvrir de multiples cas d’arrestations et de détentions arbitraires.
Les prisons togolaises renferment une centaine de détenus politiques dont trois (3) activistes de la Société civile, défenseurs des droits de l’homme.
Par ailleurs depuis août 2017 le pouvoir a mis sur pied une bande de miliciens , munis d’armes blanches et parfois d’armes à feu et qui sont déversés dans les quartiers de Lomé et de certaines autres villes de l’intérieur du pays et dont la plupart opèrent à visages cagoulés, s’attaquent aux militants de l’opposition et à toute personnes manifestant contre le régime, exerçant sur ceux-ci, des actes de vandalisme de tous genres. On note depuis le 19 août 2017, des centaines de blessés occasionnés par ces miliciens ainsi que les forces de sécurité et de défense.
Le dialogue amorcé depuis plus de deux (2) mois déjà, sous la facilitation du Chef de l’Etat Ghanéen, semble constituer pour le pouvoir, une occasion pour gagner du temps en vue d’organiser en solo, des élections frauduleuses » a-t-il énuméré.
Face à cet état de choses, la FIDH a exhorté l’Union Africaine à œuvrer aux côtés du Peuple Togolais qui manifeste « l’envie de l’alternance et du respect des principes démocratiques. Elle compte particulièrement sur l’expertise de la CADHP pour organiser notamment au Togo
1- Une Visite Etat en vue de rencontrer les protagonistes de la crise sociopolitique et donner un souffle au dialogue en cours ;
2- Mener une enquête impartiale sur les multiples cas de violations des droits humains soulevées et décriés ;
3- Lancer un appel pressant au gouvernement togolais en vue de la libération de tous les prisonniers politiques et des défenseurs des droits humains encore en détention ».
La FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme) est une ONG internationale de défense des droits humains. Elle regroupe 184 organisations nationales de défense des droits humains dans 112 pays. Depuis 1922, la FIDH est engagée dans la défense de tous les droits civils, politiques, économiques, sociaux et culturels tels que définis dans la Déclaration universelle des droits de l’Homme.
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