Droit média et marketing : La CAF veut rompre son contrat avec Lagardère

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La Confédération africaine de football (CAF) a décidé de résilier le contrat de droits médias et marketing qui la liait à l’Agence Lagardère Sports depuis 2017 et qui devait s’achever en 2028.

La nouvelle est tombée mardi 5 novembre en fin de journée, à la plus grande surprise de Lagardère Sports and Entertainment.

Cet accord, d’un montant de 902 millions d’euros, était basé sur la commercialisation des droits médias et marketing des tournois organisés par la CAF, dont la Coupe d’Afrique des nations (CAN), le Championnat d’Afrique des nations (CHAN), la Ligue des champions ou encore la Coupe de la confédération.

Ahmad Ahmad militait depuis plus de deux ans pour la résiliation du contrat

Le contrat avait été signé par Issa Hayatou, l’ancien président de la CAF. Lors de sa campagne pour succéder au Camerounais, Ahmad Ahmad avait plusieurs fois répété que « cet accord n’était pas bon pour le football africain et qu’il devait être revu. » Et le Malgache l’avait redit, une fois élu en mars 2017.

« Ahmad était influencé par les Égyptiens, qui tiennent la CAF, même si c’est un peu moins le cas actuellement, car ceux-ci souhaitaient que la CAF casse le contrat avec Lagardère, et qu’elle en signe un avec Presentations Sports, une société de production égyptienne. Mais comme le contrat est valable, Ahmad l’avait maintenu, car il a aussi compris que ce groupe égyptien n’était pas en mesure de faire ce que fait Lagardère, qui est capable, grâce à ses moyens, de retransmettre des matchs même depuis les endroits les plus improbables d’Afrique », explique une source proche du dossier, à nos confrères de JeuneAfrique, sous couvert d’anonymat.

Lagardère pourrait saisir la justice

Lagardère Sports n’a pas tardé à réagir, dans un communiqué publié le 5 novembre : « Lagardère conteste la décision unilatérale de la CAF de résilier immédiatement son contrat d’agence avec Lagardère Sports (…) qu’elle considère illégale, abusive et non fondée. »

Le groupe français a invité l’instance à revenir sur une « position raisonnable », et surtout à honorer ses engagements, avant de se montrer un peu plus précis au cas où la CAF maintienne sa position. « À défaut, Lagardère engagerait toute action pour défendre ses droits et obtenir une complète indemnisation du préjudice qu’elle subirait », laissant clairement entendre qu’une action en justice est aujourd’hui fortement envisagée.

Contacté, Lagardère Sports n’a pas souhaité faire de commentaires supplémentaires. « Nous n’ajouterons rien de plus que ce qui a été dit dans le communiqué », a fait savoir le service de presse. Du côté de la CAF, Ahmad Ahmad nous a orientés vers Mouad Hajji, le secrétaire général de l’instance. Lequel, en dépit de nos nombreuses tentatives de le joindre, n’a pas répondu.

L’ombre de la Fifa ?

JA a contacté plusieurs sources, dont l’une a avancé l’argument suivant : « La CAF est, même si le terme est un peu fort, d’une certaine façon sous contrôle de la Fifa, puisque sa secrétaire générale, la Sénégalaise Fatma Samoura, mène depuis trois mois un audit à la CAF.

En fait, il faut savoir que Gianni Infantino, le président de la Fifa, a de très bonnes relations avec la Chine. Ce pays, déjà très présent en Afrique, veut y renforcer son influence, par le biais du football, très populaire sur le continent. »

Selon nos informations, Wanda Group, partenaire de la Fifa depuis mars 2016 et jusqu’à 2030, aurait les faveurs de l’organisation. Ce conglomérat chinois, créé en 1988 à Dalian (le siège a été transféré à Pékin en 2009, ndlr), est notamment actif dans les secteurs de l’hôtellerie, du cinéma et du tourisme. Mais il a diversifié ses activités, investissant notamment dans le sport.

Infront Sports and Media, création française, destin asiatique

Ainsi, Infront Sports and Media, une société créée en 2003 par l’homme d’affaires franco-suisse Robert Louis-Dreyfus, ancien président de l’Olympique de Marseille et ex propriétaire d’Adidas, a été rachetée en février 2015 par Wanda Group, pour 1,05 milliard d’euros.

Et Infront Sports and Media, dirigé par Philippe Blatter, le neveu de Sepp Blatter, l’ancien président de la Fifa (1998-2015) est spécialisé dans la distribution de droits médiatiques, de production télé et de marketing. Elle gère notamment en Asie les droits médiatiques des Coupes du monde de la Fifa. Pour la CAF, la bataille engagée avec Lagardère risque d’être féroce. Car comme le souligne une de nos sources, « le contrat est béton… ».

Source : l-frii.com