Drogue, faux médicaments, espèces sauvages : Au Togo, tous les trafics passent

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Trafic de drogue vers le togo

Pays jouissant d’une stabilité politique depuis de nombreuses années malgré quelques remous, le Togo est loin de l’image des pays en guerre où règnent une certaine anarchie. Pourtant, dans de nombreux rapports le nom du Togo est cité comme pays transit de plusieurs trafics. De la drogue aux faux médicaments en passant par les espèces menacées, le pays est devenu une plaque tournante du commerce illicite.

Menée entre le 14 septembre et le 11 octobre, l’opération «Thunder», quatrième du genre depuis 2017, a permis la saisie d’une centaine de cargaisons de bois, des milliers de tortues, oiseaux et reptiles, plus d’une tonne d’ivoire et l’arrestation de 699 trafiquants, annonce l’organisation internationale de coopération policière (Interpol), basée à Lyon, dans un communiqué publié lundi 09 novembre dernier. Des saisies coordonnées par l’organisation dans 103 pays.

Si pour l’instant, l’organisation n’a pas communiqué le nom de tous les pays concernés, depuis le début de l’opération, le Togo y prend part activement. Il faut dire que le pays de Faure Gnassingbé est très prisé par les trafiquants.

Une étude de « Born Free USA », un groupe américain de défense du bien-être animal et de la conservation de la faune, révèle que le Togo sert à la fois de pays d’exportation et de transit de spécimens d’animaux et de flore sauvages. Selon cette étude, entre 2007 et 2016, plus de 18.000 Kg d’ivoire ont été saisis à destination notamment de la Malaisie, de Hong Kong et Japon. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg.

Plaque tournante du trafic de drogue

En décembre 2019, la marine uruguayenne a annoncé avoir saisi 4,4 tonnes de cocaïne cachées dans des sacs et des conteneurs contenant de la farine de soja au départ d’un quai du port de Montevideo à destination du Port Autonome de Lomé (PAL). Une cargaison d’une valeur dépassant le milliard de dollars, selon les estimations. En avril dernier, c’est le tour des autorités espagnoles, d’annoncer l’interception d’un navire battant pavillon togolais avec quatre (4) tonnes de cocaïne à son bord.

Ces deux affaires illustrent l’ampleur de ce trafic dans le pays. En effet, ces dernières années, le nom du Togo est fréquemment cité dans d’autres affaires similaires. En 2018, 236,664 kg de cocaïne, 5255,997kg cannabis, 5,567 kg de methamphétamine ont été saisi par les forces de sécurité. «De nos investigations, nous savons que toutes ces substances ne sont pas des productions locales. Elles viennent toutes de l’extérieur et elles sont destinées ensuite à l’exportation en direction de plusieurs pays, dont certains européens. Ce qui confirme malheureusement que le Togo est une plaque tournante de la drogue», soutient à Gabriel Sassouvi Dosseh-Anyron, président de Vie libre et positive, une ONG spécialisée dans la lutte pour un monde sans substances psychoactives.

Destination privilégiée pour les faux médicaments

L’autre trafic qui a le vent en poupe au Togo, c’est le trafic de faux médicament. Ainsi, en septembre 2016, 23 tonnes de ces médicaments ont été saisies par les forces de l’ordre togolaises. Chaque année, la situation devient de plus en plus alarmante. Près de 400 tonnes de faux produits ont été saisi par les douanes en 2018 au Togo, explique une source proche de l’Association Togolaise des Consommateurs (ATC).

La porosité des frontières adoubée de complicité …

A en croire l’Observatoire Géopolitique des Drogues, le rôle du Togo comme importante voie de transit des drogues et d’autres produits illicites a plusieurs causes dont la porosité des frontières. « Sa situation géographique d’abord : bande de terre allongée de 600 km sur une largeur qui varie de 50 km (sa façade maritime) à 150 km, il a une frontière commune avec le Ghana (laquelle passe par les faubourgs ouest de la capitale, Lomé), important pays producteur de cannabis et importateur-exportateur de psychotropes, de drogues dures. Le Togo n’est d’autre part séparé que par le Bénin, dont la frontière est extrêmement poreuse, de la plus importante plaque tournante des trafics de tous genres en Afrique, le Nigeria », explique l’organisation.

Ainsi, « le Togo, du fait de sa situation géographique, est traditionnellement un pays de contrebande terrestre où la drogue et les autres produits prohibés, aux yeux des commerçants transfrontaliers, sont des marchandises comme les autres et empruntent les mêmes circuits parallèles », ajoute l’Observatoire Géopolitique des Drogues.

L’autre cause de la prospérité des trafics de tous genres au Togo est la complicité de certaines autorités. Elles protègent non seulement les trafiquants mais aussi participent activement au trafic. A titre d’exemple, certains directeurs préfectoraux du Ministère de l’Environnement et des Ressources Forestières ont été notamment cités dans des affaires de trafics de bois en avril dernier dans article publié sur le site dudit département.

A l’image de ces autorités, dans d’autres départements, les responsables qui sont censés barrer la route aux trafiquants leur ouvrent la voie. Ainsi, si ces trafics foisonnent autant c’est parce que les acteurs ont des appuis au plus haut sommet de l’Etat. A cette allure, le Togo va devenir un Far West.

Source : Fraternité

Source : 27Avril.com