[Dossier]: Saisie Record de drogue, le Togo la petite Colombie d’Afrique?

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Après ses expériences pionnières dans des politiques cyniques jamais expérimentées nulle part en Afrique, le pays ne dissimule plus son faible pour le commerce de la drogue et pour le crime organisé. C’est un choix apparemment. Le port autonome de Lomé, PAL, c’est désormais un port d’attache de tous les crimes, c’est connu de tous. Mais le crime qui a le plus d’avenir est la prolifération des cartels. Les cartels semblent être les mieux accueillis et protégés contre les curiosités indélicates de journalistes pestiférés que nous sommes. L’Amérique du Sud a sa Colombie depuis longtemps, l’Afrique vient aussi d’enfanter de la sienne, c’est le Togo. Si la Colombie d’Afrique, le Togo, a depuis longtemps opéré en vase close, à la lumière des dernières actualités narcotiques, désormais elle décide de ne plus porter de gangs.

Lire aussi:Relance économique à la togolaise : des prêts ans raison valable qui font peur

Le vendredi 16 juillet 2021 dernier, vendredi d’avant la Tabaski, a été soupçonné au Port Autonome de Lomé la présence d’une très grande quantité de drogue. Les soupçons du vendredi ont été confirmés le samedi 17 juillet suite à plusieurs prélèvements pour travaux de laboratoire. Le même samedi au soir, dans une discrétion totale, cette situation a entrainé la visite d’un petit cercle de plusieurs autorités sur les lieux. Ils y ont constaté plusieurs containers de 40 pieds de cocaïne. Une fois constatés, les containers ont été exposés dans des chambres froides en zone portuaire. Vous-même vous savez bien quelle partie du port est équipée de chambres froides pour des raisons professionnelles. Pour le moment, retenez que des dizaines et des dizaines de tonnes de ces substances ont été saisies. En un jour, les quantités saisies sont bien loin des 44 tonnes annuelles que les officiels togolais avaient annoncé comme saisie globale de 2020 à 2021. De façon institutionnelle, pour votre gouverne, les clés qui servent à sceller de tels colis sont gardées par l’Etat togolais en trois exemplaires: une clé à la Présidence de la République, l’autre au Ministère de la Sécurité et la troisième à l’Office Central de Répression du Trafic Illicite des Drogues et du Blanchement (l’OCRTIDB). Quelle est la quantité exacte ? Vous êtes pressés de le savoir, c’est votre droit de lecteur. Mais aucune loi ne nous astreint à tout dire. C’est ce qu’on peut lâcher pour le moment. Par respect, nous laissons le soin aux instruments de lutte contre les drogues et à l’Etat togolais de vous le communiquer. Loin de parler de complicité ou de combat à double vitesse lorsqu’il est question du Togo, nous accordons le bénéfice du doute à ces instruments américano-européens qui ont les yeux de Lynx contre les drogues, le terrorisme et les autres crimes internationaux organisés. Pour le moment, même RFI très proche du colon blanc, n’a pas relayé même si de Paris l’information est effleurée de façon très biaisée et insultante à nos pays. Mais le tonnage exact, nous serons obligés de le publier à la prochaine édition si rien n’est fait.

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C’est devenu une routine. Mais plus on avance, plus la drogue se transporte comme on déplaçait des tonnes de ciment d’un chantier de construction à un autre. Il y a alors de quoi s’inquiéter et se demander quel rôle jouent les premières autorités togolaises. Si rien n’a filtré jusqu’ici depuis cette saisie au port malgré les quantités à donner du vertige, c’est que les autorités ont décidé de gérer l’information dans les secrets des dieux, histoire de tout passer par perte et profit. Pour le moment, personne n’en parle en tout cas. Les redoutables réseaux américains et européens voire onusiens de lutte contre le trafic, même pas. Le filon les a-t-il échappés ? Complicité ou ignorance de cette dernière réalité ? L’avenir proche nous situera ? D’autres sources nous renseigneront dans les lignes qui suivent que des présumés ont été interrogé et relâchés par la police sans même être mis en examens. Mais plus rien ne surprend lorsqu’on parle de la drogue au Togo. Lomé est devenu un passage autorisé pour ce crime qui ne recule plus devant rien à s’autoriser l’accostage aux quais et le mouillage en eaux profondes de notre « poumon de l’économie ».

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Depuis que le scandale de la drogue a secoué la présidence ivoirienne de Ouattara au point que, de son vivant feu Hamed Bakayoko soit sacrifié comme étant l’unique porteur de ces colis, on se demande si une partie de ces précieuses cargaisons, si loin si proches des autorités en Afrique, sont aussi réceptionnées par des démembrements détachés au Togo. En tout cas, si de nos informations une partie de la saisie devrait continuer au Mali, une autre partie porte l’ombre d’un haut perché d’un autre pays de la CEDEAO. Un haut perché étranger, bien entendu, mais hissé dans les sommités et solidement installé au Togo. Les poumons de l’économie togolaise sont atteints de cirrhose. La fumée issue des substances interdites les rend malades. Tout ceci au grand désespoir des Togolais à qui, à la façon dont un mauvais élève cache ses mauvaises notes à un parent, les premières autorités de notre pays cachent, autant que faire se peut, les vraies activités dans lesquelles excelle leur port.

Bref, si le trafic en lui-même est une activité drastiquement interdite, au même moment juteuse et délicate, ses informations doivent aussi être gérées avec parcimonie et de façon sélective à la tête du client. Mais un adage africain stipule que quand le vol s’invite fréquemment dans la cour d’un chef, on doit se demander si les enfants du chef, voire le chef lui-même, n’est pas proche des voleurs. De nos propres investigations, nous étions en détention de ces informations depuis les premiers jours de la saisie quand tout récemment les lignes du paragraphe suivant nous sont parvenues.


Le verre dans le fruit

Dans les ports du Bénin et du Togo sont arrivés ces derniers jours des navires supposés livrer du sucre, mais à l’intérieur desquels on a plutôt trouvé de la cocaïne. Les transporteurs de ce mystérieux sucre se trouvent être des groupes industriels français. Sous couvert de transporter du sucre pour approvisionner les marchés béninois et Togolais, un certain nombre de multinationales se sont plutôt mise à transporter de la cocaïne. Des entreprises françaises prises la main dans la poche. Cette information a été donnée par le Professeur Franklin Nyamsi qui n’est plus à présenter. Dans son information qui apporte largement de l’eau à notre moulin vis-à-vis des lignes précédentes, il cite les médias français, entre autres « Afrique Intelligence ». Le 20 juillet 2021, dans son édition Afrique de l’ouest, le quotidien français « Africa Intelligence’’, basé à Paris, écrit :

« Sukudem, Louis Dreyfus : des saisies de cocaïne à répétition paniquent les négociants en sucre en Afrique de l’Ouest. Après la saisie très médiatisée de 150 Kg de cocaïne dans des containers de sucre au Bénin, deux autres chargements de cette même drogue ont été interceptés au Togo où elle était, là encore, cachée dans des cargaisons de sucres. Des incidents qui tétanisent toute la filière-sucre, des négociants aux armateurs. Contrairement à son homologue béninoise, la police togolaise a procédé avec discrétion.

Selon nos informations, la police togolaise a intercepté ces dernières semaines au Port Autonome de Lomé, deux chargements de cocaïne cachés dans des containers de sucre en provenance du Brésil. En mai, 150 Kg de cette substance ont été intercepté à Cotonou en provenance du même pays. La multiplication de ces incidents dans deux des ports les plus actifs de la région a fait se lever un vent de panique chez les principaux armateurs présents dans la région ainsi qu’au sein des conseils d’Administration des grands noms du Négoce. Deux d’entre eux, Louis Dreyfus Company et Sukudem sont en effet, directement concernés par les saisies effectuées au Togo.

Le premier chargement de cocaïne a été découvert dans un container affrété par Louis Dreyfus company à destination d’un client Malien en transit à Lomé attendant d’être chargé sur un camion.

Quant à l’autre cargaison, elle était cachée dans un container affrété par Sukudem et devrait être réceptionné par un importateur togolais. Ce dernier ayant des problèmes de trésorerie et peinant à s’acquitter de la commande, le container a été dirigé vers une zone de stockage et c’est là que la drogue a été découverte…Des représentants des négociants ainsi que de leurs clients et de leurs armateurs ont été interrogé par la police togolaises suite aux découvertes. Mais aucun n’a été placé en garde à vue ni même mis en examens.


Au bénin à l’inverse, dix personnes ont été arrêté le 25 juin et sont toujours incarcérées dont 4 employés de Bénin terminal, la filière de Bolloré-Africa-Logistiques qui gère le port à containers de Cotonou et deux de l’armateur Italo-Suisse méditerranéens shipping company. Entendus à deux reprises le 15 Juillet et le 5 Août 2021 par les magistrats de la cours de répression des infractions économiques et du terrorisme béninois, qui s’est finalement déclarée incompétente, les prévenus attendent d’être transférés devant une cours pénale …».

Les confrères français, tout en informant par ignorance ou mauvaise foi que l’Afrique ne produit pas du sucre, s’étonnent avec les multinationales de la découverte de drogue dans les containers des hommes d’affaires français. Et pourtant, même le Togo produit le sucre. Mieux, nous rappellerons que le fait que le Togo exporte du Soja n’a pas empêché que des containers remplis de drogue dissimulée dans de la farine de soja en destination du Togo soit saisi en 2019 en Uruguay. Tenez-vous bien, désormais, chaque actualité internationale qui touche la drogue s’intéresse au Togo.

De la plus récente à la plus vieille actualité, il faut dire que le dimanche 09 août 2021, une saisie de drogue chiffrée à 400 millions d’euros est faite en haute mer dans le pétrolier Natalia, un navire immatriculé au Togo. La saisie est faite par la section irlandaise spéciale de l’unité anti-drogue de l’UE. Selon des médias locaux, des renseignements clés ont conduit à la saisie massive de près de 20 tonnes de haschich, la forme la plus puissante de cannabis sur ce navire au large des Îles Canaries. La saisie ayant permis de récupérer le haschich, ainsi que 11 membres d’équipage syriens, a été faite au large de Fuerteventura. Les gardes et des douaniers irlandais qui ont mené l’enquête pensaient dans un premier temps que les drogues étaient destinées à l’Europe occidentale.

Toujours d’actualité: le 02 mars 2021 au Niger, les agents de l’OCRTIB ont découvert au quartier Kalley plateau à Niamey, un entrepôt de reconditionnement contenant 17 tonnes de résine de cannabis. Ceci après 4 mois d’enquêtes et d’investigations.

Lire aussi:Trafic de drogue : encore un navire togolais arrêté au Sénégal

« La cargaison a quitté Beyrouth au Liban dans un container transporté par une société indienne jusqu’au port de Lomé où elle a été enlevée et chargée dans un camion d’immatriculation béninoise à destination de Niamey pour être réexpédiée ». En tout, 13 personnes dont 11 Nigériens et 2 Algériens ont été interpellées au cours de l’opération. Le ministre nigérien de l’Intérieur, de remarquer : « c’est une très grosse quantité de 17 tonnes évaluée à près de 20 milliards de FCFA qui a été saisie dans un entrepôt de Niamey».

Un an plus tôt, donc en 2020, c’est un autre scandale de 4 tonnes de drogue qui sont saisies en haute mer par la police espagnole le 27 avril 2020.

« La police espagnole a annoncé mardi 28 avril 2020 le démantèlement en Galice d’un réseau qui récupérait de la cocaïne en haute mer auprès des trafiquants internationaux. L’opération a connue 28 arrestations et 4 tonnes de drogue saisies. Les enquêteurs, aidés par l’agence anti-drogue américaine DEA et les forces de l’ordre britanniques ou colombiennes en avaient été prévenus. Battant pavillon togolais, ce navire qui était en mer depuis vingt jours a été intercepté à vingt miles nautiques des côtes de Galice …».

Le 28 décembre 2019, les autorités uruguayennes saisissent à leur niveau 4,4 tonnes de cocaïne à destination du port autonome de Lomé. Cette drogue a été saisie précisément le 27 décembre 2019. La Marine uruguayenne en fait l’annonce en ces lignes:

«… 3089 briques de cocaïne, chaque brique pesait 1100 kilogrammes, et nous avons détecté la présence de la drogue dans 4 containers passés à travers un scanner. (…). Il s’agit du plus gros coup porté au trafic de drogue de l’histoire de l’Uruguay ».

La drogue avait été dissimulée dans des sacs contenant de la farine de soja et chargé dans un container à la veille de Noël. Lors d’une conférence de presse, le directeur des douanes uruguayennes, Jaime Borgiani, a estimé la valeur de ces plus de 4,4 tonnes à un milliard de dollars à la revente sur le marché européen. L’Uruguay, ont indiqué les responsables de ce pays d’Amérique du Sud, est devenu un point de départ des tonnes de drogue en direction des États de l’Afrique de l’Ouest qui servent de transit vers l’Europe. Vous comprenez donc le rôle stratégique qu’on attribue au port autonome de Lomé dans le concert des Nations ?


« Pourquoi êtes-vous emprisonné dans ce local? »

C’était une question à un détenu derrière les grilles de la prison civile de Lomé à l’époque. A cette question il répond:

« Je m’apprêtais à embarquer quand, à la sortie du bus, on m’a invité à venir récupérer un courrier. Entretemps, on a demandé que mon bagage à soute soit débarqué. Je ne m’inquiétais de rien, car je ne me reprochais rien. Je commençais par poser des questions auxquelles personne ne répondait… Et, direction ANR (Agence Nationale de Renseignements). Là, celui à qui je rendais service a été interpellé. Mais j’avais toujours espoir que je serai relâché dans la mesure où celui à qui je rendais service était apparemment innocent, ignorant tout de ce sac mystérieux. Je suis aujourd’hui en détention parce que je me suis trouvé à un mauvais endroit au mauvais moment. Je prie Dieu que personne ne se retrouve dans mon imprudence de vouloir rendre service. Le 19 Septembre 2009, je devais donc embarquer pour Paris pour une affaire…. J’ai été imprudent et naïf et je présente mes excuses à tout le monde …».

C’était la réponse de l’un de nos confrères qui s’est retrouvé «au mauvais moment au mauvais endroit ». Il répondait ainsi à une interview accordée par nos amis de Sika. C’était Eugène Atigan, il a fait 10 ans de détention à la Prison Civile de Lomé (PCL) sans qu’aucun autre nom d’autorité ne soit, du moins officiellement, associé à ce qui lui est reproché.

En effet, ce que très peu de Togolais savent est que, pour que le présentateur télé se retrouve dans ce «mauvais endroits », c’est qu’un colis suspect a été suivi en septembre 2009 par les services antidrogues américains depuis les zones asiatiques. Il atterrit en Éthiopie et redécolle pour Ouaga. A Ouaga, le colis fait son entrée dans un vaste domaine où il séjourne 3 jours avant de ressortir à travers 8 voitures différentes. Les deux agents américains savaient bien que l’une des voitures transportait le colis suspecté, mais laquelle? Ils en perdent alors les traces et soupçonnent la destination ghanéenne. Le président Obama est saisi. Il alerte son homologue ghanéen qui fouille en vain son territoire mais finit par découvrir que, contrairement aux soupçons des agents américains, le colis suspect de 63 kg de cocaïne pure avait plutôt décollé de Ouaga pour Lomé. Ils suivent à Lomé et grâce à la conjonction entre l’ANR, l’Ambassade des USA et le Ministère de la Sécurité, le colis est localisé alors qu’il s’apprêtait à décoller à travers Air France qui vrombissait déjà. C’est alors que notre confrère était tombé dans la merde. A qui appartenait le colis? Personne ne le saura jamais. Cette mauvaise passe, qui n’était pas du goût des autorités togolaises, a valu un froid diplomatique très vite réchauffé par une visite flash du président de la « Gold Coast » à son homologue togolais.

Ce n’est pas le moment de rappeler le rôle joué en 2004 par la France de Jacques Chirac pour aider le Togo d’Eyadema à se tirer du dossier Pitéa. Le dossier Pitéa est de l’histoire, le plus grand scandale de drogue saisie au port autonome de Lomé, du moins sous Gnassingbé père. Le rapport aux mains des autorités françaises et américaines, laissait lire les aveux des soldats togolais arrêtés et interrogés sur place alors qu’ils étaient venus récupérer la marchandise.

«44 tonnes de stupéfiants saisies entre 2020 et 2021»

Cette quantité vaut pour l’étendue du territoire nationale entre 2020 et 2021. C’est ce qu’a laissé entendre le ministre togolais de la sécurité lors de la journée internationale de lutte contre l’abus et le trafic illicite des drogues. Cette célébration est pour les 26 juin de chaque année. Le Ministre d’ajouter que « les statistiques indiquent une persistance du trafic de l’éphédrine, un précurseur important qui rentre dans la fabrication de la méthamphétamine, une drogue assez dangereuse. Ces mouvements de l’éphédrine confirmeraient la présence de laboratoires clandestins dans la sous-région. En cela s’ajoute le trafic de cannabis avec l’implication de certains de nos compatriotes ». C’est ce que les médias ont pu retenir du ministre Yark lors de la dernière célébration de la journée contre les drogues. Sur le territoire togolais, la saisie de ces substances est devenue un sport de tous les jours pour les différentes patrouilles qui présentent les prises comme des trophées de guerre.


Togo, l’éboueur de l’Afrique francophone

On peut se demander de quelle couverture dispose notre pays pour que ces scandales, qui passent même inaperçus, ne troublent pas le sommeil au sommet de la République. A qui profite le crime ? Autant de curiosités fondées vis-à-vis de ces méthodes de voyou qui se nourrissent désormais d’un silence lorsqu’elles sont Togolaises.

D’abord il faut dire qu’à chaque fois que de grandes quantités sont saisies et que le trafic touche le Togo, c’est de l’extérieur que l’opinion publique Togolaise en est informée. Ensuite, Soulignons que :

  • en Espagne, à la saisie de 4 tonnes où le Togo est cité, « l’opération a connue 28 arrestations ».
  • Au Niger lorsqu’il s’est agi d’une «très grosse quantité de 17 tonnes » venant du Togo, « 13 personnes dont 11 Nigériens et 2 Algériens ont été interpellées ».
  • En Irlande, pour 20 tonnes d’une valeur de 400 millions d’euros ce 09 août 2021, « 11 membres d’équipage syriens » sont tombés aux mains de la police.
  • Au Bénin, après la saisie « très médiatisée » de 150 Kg de cocaïne juste en mai dernier, « dix personnes ont été arrêtés le 25 juin et sont toujours incarcérées ».
  • En Uruguay, pour les 4,4 tonnes, les autorités soulignent: « Il s’agit du plus gros coup porté au trafic de drogue de l’histoire de l’Uruguay ».

Il nous semble que cette petite remarque vaut la peine pour que les lecteurs sachent comment ce crime est banalisé au Togo où, plutôt que de les arrêter, le tapis rouge est étalé aux trafiquants.

Là où le Bénin attend pour envoyer ses criminels à une cour pénale à cause de 150 KG, le plus grand effort que la police togolaise a pu faire pour les propriétaires de plusieurs dizaines de tonnes, c’est de les interroger mais « aucun n’a été placé en garde à vue ni même mis en examens ». Au Togo toujours, Lomé garde son coutumier silence de deuil car ce que les autres pays appellent « grandes quantités » est une petite parenthèse issue d’une indélicatesse vite oubliée.

Parler de la drogue et des francs maçon font normalement partie des sujets pour lesquels notre Rédaction s’est imposée une certaine autocensure. Non pas que les informations manquent, bien au contraire. Les habitués de nos colonnes nous sont témoins. Mais ça commence par faire froid au dos. Depuis des années, quand dans les autres pays la saisie de quelques kilogrammes suffit pour créer un tollé, au Togo, l’unité de mesure de la cocaïne c’est la tonne, on parle de la drogue en tonnage. Cette affaire de circulation de quantités industrielles de drogue dont le Togo immatricule les navires est désormais du terrorisme d’Etat. C’est du terrorisme avec ces quantités qui transitent par le Togo, qui proviennent du Togo, qui sont en destination du Togo ou qui se transportent par des caches sexe d’ingéniosités togolaises tels que le sucre ou le soja. Il est grand temps de poser un débat sociétal, un débat sécuritaire, un débat de stabilité régionale. La police côtoie des scandales qui battent tous les records en termes de quantités, mais ces scandales sont minutieusement emballés dans un silence olympien. Quitte à ce qu’entre deux tours, quelques indélicats soient de temps en temps présenter au public par les patrouilles. Est-ce à dire que les puissances qui soutiennent les dictatures en Afrique et principalement la monarchie au Togo, c’est-à-dire, les USA, la communauté internationale, mais aussi et surtout la France, encore la France, ont besoin de ce crime à grande échelle? Quand c’est un Narco-Etat comme le Togo qui plonge pieds et mains liés dans la cocaïne, le chanvre et autres dérivés, les ronflants instruments de lutte contre cette pratique interdite ne voient rien ou du moins, ils voient tout mais ne disent rien. Mais l’inquiétude doit être régionale et poser un sérieux débat en Afrique quand les pays qui mouillent le maillot, soit disant pour aider le Sahel, contre le djihadisme sont les premiers à cultiver les comportements qui nourrissent les réseaux djihadistes.

Lire aussi:Togo: Sokodé témoin d’un arrêt spectaculaire de trafiquants de drogue par la Police nationale

On sait de plus en plus que le financement des réseaux djihadistes est suspect et que la drogue reste une piste de financement sérieuse dans les débats anti-terroristes. On sait le rôle que joue le port de Lomé dans le désenclavement des pays victimes du terrorisme. Ces pays sont malheureusement obligés de cohabiter, même cogérer le territoire avec des factions djihadistes qui utilisent apparemment, à la lumière des informations qui ne peuvent plus longtemps rester secrètes, les mêmes canaux de transport et bénéficient de la même logistique que les autorités officielles de ces pays. De toute évidence, avec une dictature comme celle de Lomé pour partenaire à un narco-terrorisme de plus en plus prononcé, la lutte contre le terrorisme classique au Sahel sera un travail de Sisyphe. Tous les jours, une nouvelle actualité ouvre un pan de tissus sur le visage de la monarchie et ses liens incestueux. Le monde entier sait aussi que certains pays africains sont utilisés par les occidentaux pour être des éboueurs dans des rôles sales qui produisent de l’argent rapidement blanchi dans des canaux rodés à la tâche. La réputation du régime cinquantenaire togolais en matière de trafic de drogue et ses relations désormais avérées avec les narcotrafiquants qu’on traîne à dénoncer doit tout aussi surprendre que les quantités qui circulent en se servant du canal de Lomé. Le silence des français et autres colons face à la triste réputation de la dictature togolaise qui se positionne comme un laboratoire d’expérimentation des plus grandes entorses à la démocratie est aussi une surprise. Grâce à ce silence mitigé des donneurs de leçons de démocratie, toutes les bonnes manières en Afrique souffrent de l’exception togolaise. Le fait que ce régime n’ait pas fini de faire l’expérience de tous les crimes, toutes les privations de liberté et méchancetés sur ses populations qui ne demandent qu’une alternance sous le silence des puissances occidentales est un cas unique. Il n y a plus de pudeur à soutenir ouvertement l’exception togolaise.

Les régimes monarchiques font aussi dans la mafia pour brasser de l’argent facile dont ils ont besoin pour nourrir le long règne. De père en fils, le Togo se « Haïtise» dans ses propensions à subdiviser la République entre quelques familles puissantes. Les puissants de l’heure, les bailleurs de la République togolaise ne refusent plus rien qui puisse leur procurer un semblant d’accalmie politique. Peu importe que Lomé devienne le dernier recours pour les Trafiquants qui sont si loin si proches des autorités comme le présageait ouvertement le rapport Gnofam sur la drogue au Togo, un rapport encore d’actualité. Peu importe si Lomé devient pour la région la séduisante femme prostituée d’un crime planétaire. Une prostituée qui ne refuse ses entrailles à aucun demandeur; soit-il un Djihadiste qui peut récupérer la situation pour alimenter ses activités criminelles ou un cartelliste qui peut faire d’elle une belle femme de joie pour le transit ou le reposoir d’un port d’attache. Si cela peut contribuer à faire durer le bail des autorités togolaises sur leurs populations, ce n’est pas encore grave. Les Togolais peuvent attendre, les occidentaux n’en demandent pas mieux.


Les lois à double vitesse d’une démocratie à l’autre, l’hypocrisie de la communauté internationale qui applaudit au Togo ce qu’elle répugne ailleurs, les complicités et accointances incestueuses de la France et autres puissances avec les dictatures à vie, faut-il encore le répéter ? Si les cartellistes colombiens, en utilisant Lomé pour réexpédier la drogue vers les marchés européens ou nord-américains, peuvent aussi permettre aux djihadistes de tirer leur épingle du jeu pendant que le monarque togolais sollicite l’autorisation de la « très politiquement éthique France » pour être médiateur vers les terroristes en remplacement des réseaux de Compaoré, où est le mal ? Il vous souvient cet écrit des confrères français lorsqu’ils parlaient du « variant togolais » juste après la dernière visite de Faure à Paris. Où est le crime quand on sait que tout le Togo est en lui-même un crime qui fait l’unanimité dans la communauté internationale?

Lorsqu’on parle du Togo, en toute logique la gravité du problème de la drogue devrait sérieusement inquiéter. Les quantités saisies sont de plus en plus agressives et terrorisantes. Les cartels poursuivent leur installation dans notre pays qui n’est plus complice mais acteur de premier choix. Le monde bouge, les intérêts se déplacent et les intérêts des dealers se sont déplacés vers le Togo sous une indifférence des traditionnels mécanismes de répression internationale. Aucun marché n’est trop osé, même les pays dit « recommandés » comme le Togo sont devenus des destinations VIP pour la drogue dure et ses petits frères et sœurs. Cerise sur le gâteau, ajouté aux entrées d’une corruption quasiment institutionnalisée par l’impunité, les fruits de la drogue permettent aux dictatures d’être assez puissantes financièrement pour avoir un droit de regard dans les processus démocratiques de la région voir changer la donne à leur goût. Ne nous demandez surtout pas de vous rappeler qu’ils sont rares ces présidents voisins dont l’élection n’a pas reçue une onction financière de Lomé.

Monsieur le Président, pour le moment, vous n’avez pas encore vendu tout le pays. Donc, même si une bonne partie est déjà bradée, vous aviez en partage un lopin de terre avec votre peuple, si assujettit soit ce peuple. Cette personnalité morale que vous gériez et qui traîne l’image de tous les citoyens s’appelle « Le Togo ». Donc dissociez, svp, ce précieux nom à des pratiques telles que le trafic en tonnes de la drogue, les opérations de transbordements suspects de produits pétroliers hautement polluants qui ne vous indisposent plus en mer malgré les rapports. Le Togolais sait que quand un pays tombe en faillite, ce qu’il lui reste est le trafic. Mais il est aussi possible de vendre un pays sans arriver à la faillite morale qu’on côtoie présentement, de grâce. Après avoir mis sous coupe réglée tous les secteurs vitaux des affaires et promu une économie parallèle de l’intérieur, est-il encore nécessaire que le régime Faure soit candidat au marché extérieur des cartels ? Malheureusement, le phénomène se porte de mieux en mieux lorsqu’il se pratique par le Togo et sous couvert du Togo. Et ce n’est pas un hasard si présentement, quasiment tous les navires qui déplacent le crime d’un coin de la planète à l’autre soient d’immatriculation togolaise. Pourquoi voudriez-vous, Monsieur le président, qu’il soit mondialement reconnu que la stabilité politique de notre région et du Sahel se définisse désormais par rapport à la volonté de Lomé d’assainir son port qui est devenu trop perméable à un crime qui ne rejette aucun client ? Pourquoi voudriez-vous qu’il soit enregistré dans les manuels qu’à un moment de votre règne, le danger majeur de la sous-région est le Togo des cartels, le Togo de la présidence à vie, le Togo du crime de sang pour nourrir votre monarchie ? Il existe trop de « pourquoi » lorsqu’on parle de vous et votre pays.

Le commerce international de la drogue est une activité fortement organisée qui semble élire son siège à Lomé d’où le crime part pour les sociétés de consommation et où il revient pour s’organiser et alimenter les réseaux. Les trafiquants sont toujours les mêmes partout. Ils ont les moyens de recruter des cerveaux de pointe, qu’ils soient juristes, financiers, politiques, militaires, logisticiens ou chimistes, mais faites en sorte qu’on en parle de moins en moins chez nous. Ils utilisent tous les moyens que la technologie offre pour produire et vendre le crime, le transporter et distribuer leurs offres de service. Tout le monde connaît donc le mode opératoire. Les cerveaux qui sont les détenteurs des vrais filons ne sont pas forcément obligés de rentrer en contact direct avec les stupéfiants qu’ils télé-gèrent, mais ne faites pas de notre pays une terre d’exil de ces criminels. Pour peu que tous leur soit permis pour gouverner à vie, les dirigeants togolais, qui n’ont de projet de société que la longévité au pouvoir, sont bien disposés à servir d’éboueurs qui vidangent les environnements peu recommandés où aucun président sérieux ne veut mettre la main.


Le Togo est bien disposée à faire le lit aux multinationales transporteuses de drogue, au colon blanc et ses barbouzes devenus des consultants à qui on sous-traite le pays. Les faramineux moyens et les passe-droits des Etat-narco font marcher tout ce paramétrage sur tapis rouge là où il devrait être combattu. Les dictatures qui auront accepté leurs terres comme relais stratégiques afin que l’homme blanc continue par tenir l’Afrique par le Djihadisme pourront être récompensé dans des services après-vente qui se chiffrent en opportunités de violations exclusives des lois internationales et des droits humains sans reddition des comptes. Après coup, pays de surcroit recycleur de capitaux, l’argent d’origines douteuses peut vite se doucher à l’eau d’une mer profonde.

Le Togo, c’est la nouvelle Russie qui, à un moment de son histoire, avait « les deux tiers de ses banques financées ou fortement contrôlées par des criminels ». Pour une population avec le plus maigre revenu, les salaires les plus minables, un taux de bancarisation et un accès au crédit des couches moyennes des plus faibles dans la CEDEAO, comprenez donc les vrais rôles de notre pays où toutes les banques d’Afrique sont représentées sans qu’on y aperçoive d’activités fleurir concrètement. A moins d’une alternance au Togo, il est impossible d’endiguer les flux d’héroïne expédiée d’Asie, les flux de cocaïne en provenance d’Amérique du Sud, les flux de cannabis d’Afrique du Nord et de drogues de synthèse produites dans des bases européennes. L’association du nom du Togo à toutes les multiples saisies de quantités croissantes de stupéfiants ces dernières années dit tout. Les cargaisons de drogue, ou de Lomé ou vers Lomé, sont repérées avec davantage d’efficacité. Mais les cartels qui savent compter sur les couvertures au Togo ne se découragent pas. Avec un peu de subtilité, on pouvait pourtant jouer les mêmes rôles sans tomber si bas afin de sauver les apparences. Mais notre pays est devenu officieusement le canal de Suez ou le passage obligé de la nouvelle route des substances interdites. Voilà de quoi accouchent les dictatures aux vieux os. La fréquence de ces quantités prouvent que le volume de drogue en circulation augmente au Togo, vers le Togo et du Togo. S’il existe des États qui s’entendent pour vraiment lutter contre le crime organisé, ils doivent arrêter avec les faux fuyants pour regarder, aussi et surtout, vers Lomé. Ils doivent s’engager dans une coopération internationale pour lutter contre ce qui s’y passe avant qu’à côté du terrorisme classique, ne s’enracine le narco-terrorisme avec ses capacités de destruction du tissus social et de la jeunesse, si elle existe encore.


Nos dirigeants devraient normalement être assez intelligents pour savoir que cette exploitation géostratégique éhontée d’un bras de mer ne peut pas durer avec les nouvelles générations. Quant à leurs parrains, surtout françafricains, à moins qu’ils veillent confirmer une alliance grandeur nature d’avec les Etats voyous, le crime organisé et le djihadisme qu’ils détestent amoureusement, il est temps qu’ils revoient sérieusement leurs attitudes et s’orientent vers une coopération multilatérale contre le comportement de la dictature togolaise. Pour l’entourage de monsieur le président, si les tendances actuelles ne changent pas, partout où ils seront, l’opinion publique aura son image d’eux. La preuve sera faite que dans les vieilles dictatures comme celle de votre patron, les grands et vrais trafiquants sont de plus en plus des décideurs. Certes, quelques jeunes, souvent frimeurs, de niveau d’étude approximatif, seront utilisés sur le terrain pour transporter les mallettes et suivre les livraisons. Au besoin, on les fait sauter dès qu’une opération tourne mal. Ainsi, même s’il est difficile, ou du moins toujours impossible, de prendre les gros poissons qui ne sont pas inquiétés parce que couverts et rarement mêlés à des opérations de trafic avéré. Peu importe s’ils s’arrangent à livrer leurs hommes de main aux « mauvais endroits ». « Akwaaba » à la méthamphétamine, la marijuana, l’héroïne, le Hash, l’opium, la cocaïne et leurs démembrements.

Bon à suivre.

Enquête de Abi-Alfa

Source : Le Rendez-Vous No.356 du 27 aout 2021

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Source : Togoweb.net