Dossier Kodjo: les prémices d’une longue bataille

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Depuis le lundi 16 mars 2020, c’est chose faite. Après deux reports successifs, les députés de la sixième Législature, réunis en session extraordinaire, ont levé l’immunité parlementaire qui couvrait, depuis un peu plus d’un an, leur collègue Agbéyomé Messan Kodjo.

Pour cause, le Procureur, qui a introduit cette requête auprès de la Présidente de l’Assemblée Nationale, reproche au Président du Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD) et candidat de la Dynamique Kpodzro, arrivé en deuxième position à la Présidentielle du 22 février dernier, des actes portant atteinte à la Sécurité de l’Etat.

Les dés sont jetés

Avec 80 députés qui ont voté pour, 2 contre et 8 abstentions, le sort du candidat malheureux au dernier scrutin présidentiel a été scellé. « L’Assemblée Nationale a levé l’immunité parlementaire de Agbéyomé Kodjo pour ne pas faire obstruction au fonctionnement de la Justice », a déclaré, au terme du vote de levée d’immunité, Atcholi Aklesso, le président du Groupe parlementaire UNIR.

« Nous avons juste à répondre à la question, ‘’est-ce qu’il faut arriver à donner à la Justice et au collègue Agbéyomé Kodjo, la possibilité d’aller se défendre ?’’. La Justice a souhaité que l’immunité soit levée pour que les poursuites soient engagées, le député aussi a besoin de cette levée pour se défendre face à la Justice. Donc nous ne faisons que ce qui est requis par l’Assemblée Nationale en tant qu’institution, au regard de la Constitution et de notre règlement intérieur pour permettre à la Justice de faire son travail », explique, pour sa part, Tsègan Yawa, la Présidente de l’Assemblée Nationale.

Ainsi donc, depuis lundi, l’ancien Président de l’Assemblée Nationale qui a officiellement obtenu 19,46% de suffrages, loin derrière Faure Gnassingbé qui récolte 70,78%, selon les chiffres définitifs de la Cour Constitutionnelle, pourra facilement faire face à la Justice.

Mieux, répondre de ses actes, comme le clament des langues proches du Pouvoir qui digèrent mal son adresse à l’armée, son usage ‘’abusif’’ des symboles et emblèmes de la République et son autoproclamation.

Entre autres griefs que porte officiellement à son encontre, le Procureur Général qui l’accuse de ‘’coup d’Etat’’ et de ‘’troubles aggravés à l’ordre public’’ ou encore ‘’d’affirmations calomnieuses’’.

La Réplique…

Aussitôt la levée de l’immunité parlementaire votée que la Dynamique Kpodzro est passée à l’offensive. Face à la presse, l’Archevêque Emérite de Lomé, Philippe Fanoko Kpodzro, après avoir exprimé sa profonde indignation, a vivement appelé les Togolais à la résistance.

« Le Pouvoir veut mettre derrière les barreaux, le vrai vainqueur du scrutin présidentiel. Je demande à la population d’entrer dans une résistance légale pour empêcher l’arrestation programmée de notre Président démocratiquement élu », a déclaré le Prélat de 90 ans.

Et de réitérer, à nouveau, et avec conviction, à l’endroit du Pouvoir de Lomé, sa parole sur honneur. « Ils marcheront sur mon corps avant d’arrêter Agbéyomé Kodjo !».

C’est dire donc le feuilleton est loin de livrer son verdict final. Longtemps assiégé par des unités spéciales de la Gendarmerie, le domicile de M. Agbéyomé Kodjo où loge depuis quelques jours, Mgr. Kpodzro n’a été libéré que dimanche dernier. Ceci, après une visite de courtoisie d’une délégation de dignitaires de l’Eglise catholique à leur aîné. Avec à leur tête, l’Archevêque Métropolitain de Lomé, Mgr. Nicodème Barrigah.

Ainsi s’annonce, à nouveau, une autre crise post-électorale qui s’impose, par le vouloir des politiques, aux Togolais qui n’ont que trop souffert des malentendus de ces acteurs. Ce qui ne devrait pas être sans conséquences sur l’économie du pays. Donc rendrait plus corsé, le quotidien du Togolais déjà très peu envieux.

Flambeau des Démocrates No 630

Source : Togoweb.net