Les fêtes traditionnelles au Togo sous la dictature cinquantenaire sont devenues des occasions de propagande politique au profit du régime. Manipulées, dévoyées et instrumentalisées, elles deviennent source de discorde voire de conflit entre les natifs d’une même localité. Point n’est besoin de revenir sur les cas qui ont défrayé la chronique dans une récente période suscitant moquerie, indignation et colère des citoyens.
Depuis quelques semaines, les natifs de plusieurs régions du Togo célèbrent leurs fêtes traditionnelles. Les fils du milieu se retrouvent généralement pour honorer leurs ancêtres, mais aussi penser à la cohésion de la communauté et surtout au développement. C’est l’occasion rêvée pour ceux qu’on appelle généralement « cadres du milieu », de se mettre en exhibition devant leurs frères du village. Dans la partie méridionale du Togo, l’ambiance est à la fête dans presque toutes les préfectures. Et comme toujours, le régime en mal de popularité s’y invite bruyamment par ses ministres. La récupération politique tourne parfois au ridicule voire au scandale.
Et c’est justement le cas pour les natifs de la préfecture de Vo qui ont célébré « Adzinukuzan » samedi dernier à Vogan. Une célébration fortement marquée par la présence des barons UNIR dont une certaine Victoire SidemehoTomegah-Dogbé. Et elle a tenu au nom de son mentor Faure Gnassingbé, à marquer l’évènement, surtout en cette période où les élections législatives sont annoncées. Et pour soulager la souffrance des siens assis sur des mines de phosphates mais confrontés à une misère ambiante, celle qui cumule plusieurs postes au gouvernement depuis des années, a offert aux populations de la préfecture de Vo des ambulances de type nouveau. Des véhicules à trois roues (tricycle). Un curieux don qui a suscité une indignation générale et des moqueries sur les réseaux sociaux. Pour les adeptes du régime, « c’est mieux que rien »; mais pour les Togolais, c’est une humiliation faite à ces populations au nom de Faure Gnassingbé par sa directrice de cabinet.
Comment peut-on offrir, en 2018, de pareils engins transformés en ambulances aux populations, surtout de la préfecture de Vo qui trône sur des mines de phosphates qui ont fait des barons du régime des milliardaires ? Offrir des tricycles transformés en ambulances à une préfecture où la plupart des routes sont dans un état piteux ne s’apparente-t-il pas à une plaisanterie de mauvais goût? Pendant que dans les autres pays, les gouvernants se mettent sérieusement au travail pour relever les défis liés à la santé et à l’éducation, en mettant en place des infrastructures de santé de qualité, les plaisantins du Togo sont encore à l’époque préhistorique. Et pourtant le pays n’est pas en manque de moyens. Un contraste saisissant, surtout lorsqu’au sommet de l’Etat on tend à présenter le Togo comme un pays merveilleux en état de modernisation rapide.
En effet, pendant que dame Victoire Tomegah-Dogbé s’évertuait à offrir ses fameuses ambulances dignes de la préhistoire aux siens, Faure Gnassingbé signait une tribune dans le très controversé journal «Jeune Afrique» N° 3007 du 26 au 1er septembre dans lequel il peint ou on lui a fait peindre le Togo comme un pays émergent. Extrait : « Le Togo fait partie d’un monde qui change à toute vitesse et il a su obtenir des résultats économiques et sociaux acceptables. Mais ce qui a été accompli peut être amélioré : Le Plan national de développement (PND) qui vient d’être adopté nous permettra de mieux faire face aux défis qui se présentent. Il s’inscrit dans le cadre de l’agenda 2030 des Nations Unies et dans celui de l’agenda 2063 de l’Union Africaine. (…) L’environnement de notre pays est marqué par une saine et stimulante compétition. (…) La sécurité et la qualité de la vie urbaine rendent également le pays attrayant. Avec le développement des services en matière de TIC et une éducation de qualité, le Togo dispose d’atouts nécessaires pour aller plus vite ».
Lorsqu’on lit l’intégralité de cette tribune, on se demande si c’est le même Togo dans lequel nous vivons qui est décrit ainsi. Comment peut-on vanter la qualité de l’éducation dans un pays où les enseignants ont passé la moitié de l’année scolaire à faire des grèves, avec un niveau tellement bas pour les apprenants ? Comment peut-on parler du développement des TIC lorsque les consommateurs ont toujours une connexion défectueuse et flottante malgré les déclarations oiseuses de dame Cina Lawson et les publicités mensongères des sociétés prestataires ? Les dizaines de millions payés à «Jeune Afrique» pour cette tribune truffée de contrevérités auraient pu servir à doter la préfecture de Vo d’une ambulance digne de ce nom. Au Togo, il y a suffisamment d’argent pour ripoliner l’image du régime dans les médias sur le plan international, mais il n’y en a jamais pour soulager de façon durable les problèmes des citoyens.
Victoire Tomegah se moque de la République et des Togolais
Arrivée au Togo dans les valises de Gilbert FossounHoungbo, Victoire Tomégah-Dogbè a fait ses premières expériences gouvernementales auprès de son mentor du PNUD. Mais en un temps record et sur la base des manœuvres dont elle seule a le secret, elle s’est affranchie de la tutelle de ce dernier pour déposer ses valises à la présidence. Et depuis, elle s’est imposée comme une des pièces maitresses du régime en place. Elle a survécu au limogeage de son bienfaiteur Gilbert FossounHoungbo. Mieux, elle a gagné en puissance avec un réseau qui dispose des tentacules partout. Ses responsabilités au sommet de l’Etat sont difficiles à cerner, tant elle cumule plusieurs postes ministériels. Directrice de cabinet, ministre du Développement à la base, de la Jeunesse et de l’Emploi des jeunes. A son actif, plusieurs projets les uns aux dénominations bizarres comme les autres qui ont englouti des milliards sans aucun impact réel sur la vie des populations.
Pendant qu’elle sillonnait l’ensemble du territoire national distribuant houes par-ci, coupe-coupe et brouettes par-là, elle, sa famille et ses proches s’enrichissent vachement sur le dos de l’Etat. Leurs acquisitions foncières et immobilières se comptent par dizaines et il suffit de consulter le Journal officiel pour s’en rendre compte. Il en est de même à l’extérieur du pays. Les nombreux scandales qui touchent sa gestion ne suffisent pas à convaincre Faure de lui trouver un autre job. Visiblement, après presque dix ans au gouvernement, elle fait partie de la catégorie des insubmersibles.
Lorsque des anciens fonctionnaires du PNUD se livrent à des actes aussi ridicules que ce qui s’est passé à Vogan samedi dernier, on comprend aisément l’échec des nombreux programmes du système onusien en Afrique. Les populations de Vogan méritent mieux que ces engins préhistoriques pompeusement présentés samedi dernier comme des ambulances
Source : www.icilome.com