Discours de fermeté du président malgache après des violences meurtrières

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Les premiers mots du président de la République de Madagascar ont été pour les victimes de la manifestation de samedi 21 avril.

Il a ensuite fait un discours en trois temps. Aux « fauteurs de trouble », il lance un avertissement : « Madagascar n’a pas besoin d’une nouvelle crise ». Il a ensuite enjoint l’armée « à prendre ses responsabilités ». Enfin, aux journalistes « dont la profession est sacrée », a-t-il précisé, il recommande la méfiance face à la manipulation politique.

Dans des termes très généraux et sans aucune annonce, Hery Rajaonarimampianina a surtout joué son plus grand atout : la stabilité de la République malgache depuis son élection en 2013.

« Ce qui s’est passé samedi dernier correspond tout bonnement à un coup d’Etat ! Madagascar est un Etat de droit. De ce fait, je lance un avertissement aux fauteurs de troubles, aux provocateurs, qui n’ont pour but que de faire couler le sang. L’Etat malgache va prendre les dispositions nécessaires. J’invite les forces de l’ordre à prendre leurs responsabilités pour défendre cet Etat de droit et la démocratie et ainsi faire leur devoir de protéger les civils et leurs biens. »

Quoi qu’il en soit, si le chef de l’Etat a joué la carte de l’apaisement, il s’est montré hermétique à tout dialogue, contrairement au Premier ministre Olivier Mahafaly et au président du Sénat et chef du HVM, le parti présidentiel, Rivo Rakotovao. « Les lois, ca n’se négocie pas, il faut respecter la république », a réagi ce dernier. « Une négociation avec le Premier ministre ? Peut-être, je ne sais pas, mais moi je ne suis pas au courant », a-t-il toutefois ajouté.

Les lois électorales, élément déclencheur de la manifestation, n’ont même pas été évoquées. Le président de la République tient donc sa position, alors que les manifestations doivent reprendre ce lundi matin vers 10h.

Les yeux sont rivés sur l’armée

« Le Premier ministre, hier, a prôné le dialogue ; ce soir, le président fait une menace à peine voilée, c’n’est pas ce que nous attendions, […] ça n’arrange pas les choses », a réagi Hanitra Razafimanantsoa, la porte-parole des députés de l’opposition, qui ne cache pas son amertume après le discours à la nation. « Le président doit répondre aux demandes de la population. Hier, la population a demandé la démission du président de la République, que la violence de la part des forces armées s’arrête que les problème sociaux s’arrêtent, et aujourd’hui ce n’est pas le discours qu’on attendait, ce n’est pas digne d’un président. Un président fait un discours d’apaisement, de réconciliation, mais tout ça, on n’a rien. Le président n’écoute pas la population, les députés, il n’écoute personne ! »

Depuis samedi, des rumeurs de tractations secrètes circulent. A la question « l’opposition est-elle en train de négocier un accord avec le pouvoir ? », le député Mapar Hawel Mamod’Ali répond du tac au tac : « c’est le pouvoir qui négocie avec nous. » L’origine de la contestation provient de l’adoption de lois électorales controversées, qui pourraient disqualifier Ravalomanana et Rajoelina (s’il se présente). « Du coup, ajoute le député, si des négociations doivent se faire, c’est sur la base de ces lois. »

Par ailleurs, on connait le rôle important qu’a joué l’armée en période électorale dans le passé. Hier, les policiers ont été les premiers à quitter la place de l’Indépendance ; ils ont aussi été les premiers à battre en retraite lors des affrontements avec la population samedi. Etonnante, aussi, cette déclaration de pacte de non-agression prononcée de concert entre l’opposition et le numéro 2 des forces d’intervention de la gendarmerie, samedi après-midi.

Les yeux seront désormais rivés sur la Grande Muette. Le président leur a d’ailleurs adressé un message hier soir, sous forme de recadrage, en leur rappelant leur devoir.

Enfin, la société civile aussi entend passer ses messages. Mireille Rakotohery, présidente nationale d’Oscar, l’organisation la société civile en action pour la refondation et et Harytiana Ralevason, coordinateur national de Chocqe, le Comité national d’harmonisation des organisations civiles pour la qualité des élections, sont passés dans l’après-midi sur le parvis de l’Hôtel de Ville. Ils dénoncent l’hypocrisie d’un gouvernement qui avait lancé dès 2016, une grande consultation nationale pour la rédaction de ces textes. Aucun des articles ou amendements proposés par la société civile n’ont été repris dans les textes présentés au Parlement.

Source : www.cameroonweb.com