La dictature cinquantenaire a sérieusement du plomb dans l’aile. Il lui devient de plus en plus difficile de convaincre par ses actes. Chaque sortie du chef du clan sonne comme une ratée qui donne raison au peuple et l’amène à demeurer déterminé dans son engagement à en finir avec le système. Le régime RPT/UNIR n’arrive plus à cacher sa pourriture, tellement l’odeur pestilentielle a commencé depuis quelques années par déranger dehors. Les gesticulations de Faure Gnassingbé qui ressemblent plus à une campagne électorale, ces derniers jours, n’émeuvent plus aucun Togolais. Ces va-et-vient stériles qu’on tente de faire passer pour une volonté de changer les choses et de créer des conditions meilleures pour les Togolais, avec à la clé un Plan National de Détournement, pardon, de développement (PND), vont s’estomper une fois l’élection présidentielle de 2020 passée, avec comme toujours, des résultats frauduleux déjà fabriqués dans les laboratoires du système cinquantenaire.
Vendredi dernier, les Togolais ont une fois encore assisté à la comédie comme sait toujours le jouer (tel un spectacle) le régime en place. Faure Gnassingbé a annoncé sa présence à l’Assemblée nationale pour un discours sur l’état de la nation. Mais finalement, le géant annoncé est arrivé avec un pied cassé. Le Prince s’est contenté, devant les accompagnateurs qu’il a nommés le 20 décembre dernier, de donner un cours magistral sur le PND, comme un instituteur de cours élémentaire.
D’abord, les conditions d’organisation de cette session spéciale à l’Assemblée nationale sont des plus ridicules. C’était une séance précipitée, les députés n’ont été informés de la présence de Faure Gnassingbé qu’à quelques heures de la rencontre. Cela ne peut être autrement quand le fils du père sait que ceux qui sont aujourd’hui à l’Assemblée nationale lui doivent beaucoup, notamment pour leur avoir permis d’y siéger. En réalité, Faure Gnassingbé n’a que faire de ces hommes et femmes, pour la plupart des opportunistes, qui ont profité de l’absence de la vraie opposition pour se faire une place sous le soleil et à qui il n’a de compte à rendre. Issus d’une parodie d’élections législatives le 20 décembre 2018, boycottées par plus de 90% de la population togolaise, ils n’ont pas de légitimité à défendre. Et donc le bienfaiteur (celui qui les a nommés) peut à tout moment les faire déplacer par un claquement de doigt. Par ailleurs, Faure Gnassingbé, lui-même, a profité de l’absence de la vraie opposition pour débarquer à l’Assemblée nationale. Il n’a pas tout simplement voulu affronter les regards de l’opposition parlementaire. C’est tout à fait prévisible quand on sait que même les membres du gouvernement interpellés par cette Assemblée, n’y vont que pour la forme. Ils n’ont jamais convaincu ni les députés de l’opposition, ni le peuple togolais des réponses qu’ils donnent sur les affaires de malversations, de détournements et autres de mauvaise gestion des biens publics.
Dans son article 74, la Constitution togolaise du 14 octobre 1992 stipule : « Le Président de la République peut adresser des messages à la Nation. Il s’adresse une fois par an au Parlement sur l’état de la Nation». La Constitution n’oblige donc pas Faure Gnassingbé à répondre aux questions des députés, comme certains ont voulu le faire croire. Même si cela devrait être fait, on sait déjà à quoi cela ressemblerait, avec des députés qui applaudissaient le Prince, comme des enfants du cours primaire à qui on a annoncé l’indisponibilité de l’instituteur pendant les heures du cours de conjugaison. Toutefois, il faut dire que ce que Faure Gnassingbé a fait le vendredi 26 avril dernier n’est pas un discours sur l’état de la nation.
Nature du discours du 26 avril
Faure Gnassingbé a fait un message à la nation. Ce n’était pas un discours sur l’état de la nation. C’est deux choses différentes. Un discours sur l’état de la nation est un diagnostic sur l’état de santé de la nation. Il s’agit d’analyser point par point ce qui a été fait, la manière dont il a été fait, ce qui n’a pas été fait et pourquoi cela n’a pas été fait. C’est une manière de présenter un bilan général de l’exercice à la tête de l’Etat, de ressortir les zones d’ombre de cette gouvernance, les échecs et les succès (s’il y en a) et, à travers une présentation claire, montrer les actions futures à mener pour le développement du pays.
Mais vendredi dernier, on a plutôt vu un Faure Gnassingbé en campagne électorale, avec son PND et des promesses qui ne font plus ni chaud ni froid aux Togolais habitués de ces discours flatteurs . Sur le principe, ce discours ne devrait pas se faire à l’Assemblée nationale. Mais comme le fils du père a mis toutes les institutions de la République sous ses bottes, on a habillé un message à la nation en discours sur l’état de la nation qu’on a transporté devant l’Assemblée nationale. Et sans surprise, les députés n’y ont pas trouvé d’objection et se sont mis à applaudir, en commençant par la présidente de l’Assemblée nationale qui a déclaré avoir été très rassasiée du message de Faure Gnassingbé.
…Sur le discours même
Un ramassis de paroles déjà connues des Togolais. Depuis plus de 14 ans, la gouvernance de Faure Gnassingbé ne repose que sur des promesses jamais tenues. Pour avoir manqué au rendez-vous le 31 décembre dernier lorsque ses pairs s’adressaient à leurs peuples, avec messages concrets accompagnés d’actes, Faure Gnassingbé est revenu ce 26 avril 2019 encore avec des promesses. Revalorisation de la valeur indiciaire de 5%, des pensions des retraités, création du Conseil économique et social, protection des libertés publiques, une loi sur la déclaration des biens des gouvernants et responsables de sociétés d’Etat, etc. autant d’annonces qui n’enthousiasment plus le Togolais, surtout venant d’un Faure Gnassingbé spécialiste des grandes annonces sans effets.
En 2012, il avait annoncé, au cours d’un discours à la nation, la tenue des grandes assises sur la santé et l’éducation. Plus d’une décennie après, ces rencontre n’ont jamais été tenues. Mais ces secteurs (santé et éducation) demeurent les parents pauvres de la politique du gouvernement, surtout avec les enseignants qui menacent encore de reprendre la grève. Et bizarrement, Faure Gnassingbé a esquivé l’éducation dans son discours vendredi dernier, alors que c’est le secteur en ébullition depuis quelques années. Ce qui prouve le peu de considération qu’a son régime pour ce secteur stratégique dans la vie de la nation.
En plus, la minorité qui accapare les richesses du pays et que Faure Gnassingbé a reconnue le 26 avril 2012, continue le pillage au nez et à la barbe de ce dernier. C’est avec cette minorité qu’il se présente devant les Togolais avec cette litanie de bonnes intentions qui resteront éternellement des promesses si rien ne vient mettre fin à ce règne qui épuise le Togo.
Vu le tapage qu’ont fait les vuvzelas autour de cette sortie de Faure Gnassingbé vendredi dernier, faisant croire aux gens qu’il passe pour une deuxième fois devant l’Assemblée nationale pour un discours sur l’état de la nation, on comprend sans trop de difficulté que le régime a organisé ce folklore pour tenter de charmer les Togolais. Puisque la présidentielle, c’est pour bientôt. Le Prince ne veut pas lâcher le quatrième mandat. C’est toute la raison d’être de cette comédie appelée « discours sur l’état de la nation ».
Source : www.icilome.com