La police métropolitaine de Washington D.C a arrêté et inculpé, mercredi 11 janvier, un homme du Nord-Est de Washington, Deangelo Thorne, 27 ans, pour le meurtre de la jeune Togolaise Waliyatou Amadou, âgée de 23 ans selon la police; ou 21 ans selon sa famille.
Deangelo Thorne a été formellement accusé de meurtre au second dégré. Un juge de la Cour supérieure de DC a ordonnée son incarcération jusqu’à sa comparution devant le tribunal le 19 janvier prochain.
Le meurtrier et sa longue liste de délits criminels
Deangelon Thorne est sans domicile fixe. Il a inscrit plusieurs adresses dans des documents publics dont la dernière à Trinidad au Nord-est de Washington. Cependant, la police a dit qu’un parent a nié qu’il vivait avec lui. Thorne a également inscrit comme résidences un refuge pour sans-abri et une clinique pour toxicomanes au Nord-ouest de Washington. Les tentatives de la police pour localiser ses proches ont échoué.
L’année dernière, Thorne a poursuivi un parent qui, selon lui, l’a expulsé de sa maison. «J’essaie d’y retourner », écrit-a-il dans sa plainte, qui a été rejetée par la cour.
Au moment du meurtre de Waliyatou, Deangelo Thorne attendait sa sentence, le 10 février prochain, pour une condamnation criminelle en 2016 pour drogue, et il portait un dispositif de repérage à la cheville.
Deangelo Thorne a deux autres 2016 dossiers criminels en instance, dont une pour voies de fait (agression). En 2015, il a purgé 15 jours de prison pour avoir agressé un agent de police et 30 jours pour avoir détruit des biens.
Le meurtre de Waliyatou Amadou
Le dimanche 8 janvier 2017, aux environs de 20H05, la police de D.C., répondant à un appel, a découvert Waliyatou Amadou inconsciente, souffrant de plusieurs blessures par arme blanche, dans le couloir d’un immeuble d’habitation coopérative de 4 étages, sis au bloc 1400 de la rue W au Nord-ouest de Washington DC. Transportée à l’Hopital Universitaire Howard, Waliyatou est déclarée morte à 20H35; devenant la troisième victime d’homicide dans ce secteur du Nord-ouest en 2017.
Quelques heures après la découverte de Waliyatou, la police de DC a annoncé une recompense de 25 000 $ US à toute personne pouvant fournir des informations pour élucider ce crime. Après l’arrestation de Deangelo Thorne trois jours plus tard, elle a précisé que ce sont des informations fournies par la communauté qui ont permis ce dénouement.
Le motif du crime : Une dispute liée à une relation ou agression sexuelle précédente
Quant au motif du crime, la police a déclaré dans un affidavit déposé devant un tribunal de DC que c’est une dispute entre la victime et le meurtrier qui est à l’origine du drame, et que la victime Waliyatou Amadou et son tueur Deangelo Thorne se connaissaient.
Selon ledit affidavit, le drame de dimanche a commencé avec une dispute entre Waliyatou et Thorne à l’extérieur de l’immeuble d’habitation coopérative de la rue W. Le sujet de la dispute était de savoir si une précédente relation sexuelle entre les eux a été consensuelle ou plutôt une agression sexuelle commise par Thorne sur Waliyatou. Par la suite, cette dernière est rentrée dans le bâtiment, suivie par Thorne. A l’intéreur une camera de surveillance a capté la suite du drame : Waliyatou et Thorne ont continué leur dispute près d’une chaufferie. A un moment donné, Waliyatou a semblé frapper Thorne avec son épaule ou sa main. Thorne a alors poignardé la jeune Togolaise à 5 reprises à la poitrine avec un couteau à poignée ornée d’or. Waliyatou s’ést écroulée au sol, ses mains enfouies dans ses poches.
Le 1424 W street NW, un immeuble de sale réputation
Les membres de la famille Amadou disent ne pas savoir si Waliyatou connaissait quelqu’un dans l’immeuble d’habitation coopérative au 1424 de la rue W oû elle a été mortellement poignardée. Mais selon « The Washington Post » ce bâtiment, qui est situé entre deux autres immeubles cooperatifs appelés le « Manor » et le « Hamilton », a été autrefois un repaire de drogue à ciel ouvert.
Certes les coopératives ont contribué à stabiliser la rue le long du couloir de la rue U, mais l’immeuble du 1424 conserve sa sulfureuse réputation à mesure que la gentrification de cette zone s’accélère. Une certaine tension y règne à présent que de luxueux appartements sont côte à côte avec ceux plus modestes occupés par des résidents à faible revenu. Mais selon Deborah Thomas, l’ex-Présidente de la coopérative du « Manoir », le batiment du 1424 « s’est beaucoup apaisé » ces dernières années.
La famille de Waliyatou Amadou a essayé de l’aider en vain…
Selon « The Washington Post », Waliyatou avait 2 ans lorsque ses parents sont arrivés à D.C. avec ses soeurs et frère, il y a 19 ans. Son père était chauffeur à l’ambassade du Togo, et la famille vivait dans le sous-sol de la propriété.
En 2010, la mère retourne au Togo. Mais le père reste à D.C, quand bien même sa mission à l’ambassade est terminée. Il reste pour aider sa fille Waliyatou aux prises avec des troubles mentaux. Il quittera les États-Unis en 2013, l’année des 20 ans de sa fille. Cette dernière n’a pas voulu retourner au Togo avec son père. Elle choisit plutôt de rester à Washington D.C. avec ses deux soeurs et son frère.
Elle a fréquemment changé de domicile le long du corridor chaud de la rue U du Nord-ouest de Washington; restant tantôt chez la famille, ou avec un copain ou chez une connaissance, parfois carrément dans la rue.
Problèmes mentaux, et problèmes avec la loi
Les proches de la jeune Togolaise disent qu’elle avait des troubles depuis longtemps, mais sa condition s’était empirée ces dernières années.
Waliyatou avait aussi des problèmes avec la loi et les dossiers judiciaires montrent qu’avant son meurtre, un processus était en cours pour diagnostiquer ses problèmes de santé mentale.
En mars 2016, la police a déclaré qu’elle (Waliyatou) « est devenue combative et a commencé à donner des coups de pied aux policiers » qui tentaient de la transférer d’une cellule de garde à une fourgonnette de transport de détenus après son arrestation. Un officier de police a eu un pouce disloqué; une autre, un bras meurtri. Waliyatou Amadou a été condamné à 30 jours de prison pour cet incident.
En décembre 2016, la police de D.C. a accusé Waliyatou Amadou « d’agression et de destruction de biens », alléguant qu’elle a fait irruption dans un appartement où elle vivait à l’époque à Brightwood et a menacé de tuer sa colocataire et son enfant avec un couteau. Les documents judiciaires mentionnent que les policiers ont eu du mal à la menotter. Waliyatou a été libéré en attendant son procès, mais le juge lui a ordonnée de passer un dépistage ambulatoire de santé mentale. Ce dépistage était prévu pour le mardi 10 janvier 2017, et une audience complète sur sa santé mentale devant les tribunaux devait avoir lieu en février 2017.
La soeur, Falila Agoha
Le drame s’est produit non loin du domicile d’une des soeurs de Waliyatou, Falila Agoha, une infirmière âgée de 31 ans. Selon cette dernière, elle a supplié à plusieurs reprises, sans succès, Waliyatou de venir rester chez elle.
« (…) C’est difficile d’aider une personne quand vous ne savez où elle est, ou elle n’est pas prête à s’aider soi-même. Si vous la connaissez, elle est très aimable. Elle traverse des moments difficiles. Elle ne mérite ce qui lui est arrivé » a déclaré Falila au « Post ».
La mère, Tayibata Amadou
La mère de Waliyatou, Tayibata Amadou, 50 ans, a dit qu’elle ne sait pas ce qui est arrivé à sa fille. Interrogée par téléphone au Togo, par «The Washington Post », elle a déclaré qu’elle pensait que sa fille était allée à l’école et qu’elle avait suivi des cours universitaires pour devenir infirmière, mais elle n’était pas certaine. Les dossiers judiciaires montrent toutefois que la fille, Waliyatou, a terminé ses études secondaires.
« Nous ne savons vraiment pas grand chose », a déclaré sa mère, ajoutant qu’elle a parlé à sa fille au téléphone il y a environ un mois. Et même cela a été une lutte. Bien que sa sœur l’ait encouragé à l’appeler, Waliyatou ne l’a pas fait immédiatement. Quand mère et fille ont finalement pu parler, Waliyatou a dit à sa mère qu’elle a trouvé un travail dans un restaurant de fast-food.
« Elle ne voulait être dérangée par personne (…) Elle avait besoin d’aide. Mais elle ne voulait pas d’aide (…) Tous mes enfants pleuraient en apprenant sa mort (…) Quand nous avons parlé au téléphone, nous avons parlé de tout ce qu’elle allait faire. Nous avons prié pour elle » a déclaré Tayibata Amadou à propos de sa fille.
Un attaché de l’ambassade du Togo
Ade Basso Anounkou, l’attaché financier sortant à l’ambassade du Togo aux États-Unis, a dit qu’il connaissait Waliyatou Amadou quand elle était petite. Il a confirmé que la famille vivait dans le sous-sol de l’ambassade à leur arrivée il y a 19 ans. M. Anounkou a également dit qu’après son retour au Togo en 2013, le père d’Amadou est revenu à Washington pour tenter d’aider sa fille, mais n’était pas rentrer dans les détails à l’époque.
Ade Anounkou, qui a été en contact avec la famille de la victime au Togo, a déclaré que Waliyatou sera enterré dans la région de Washington. Une date funéraire n’a pas encore été fixée, en attendant la coordination avec les fonctionnaires du District, la police et l’ambassade.
Source : 27avril.com avec The Washington Post + NBC 4 + D.C. Metro Police ( DCMPD)
27Avril.com