Les acteurs politiques se sont enfin entendus pour aller à ce fameux dialogue qui avait jusque-là du mal à se matérialiser. C’est du moins ce qui transparait dans le communiqué rendu public par les deux ministres guinéen et Ghanéen, notamment Tibou Kamara et Albert Kan-Dapaah, dépêchés à Lomé par leurs présidents respectifs. Même si les termes de ce communiqué, surtout l’annonce de la suspension des marches suscite quelques commentaires du côté des leaders de l’opposition, à moins d’une nouvelle surprise le 15 février prochain, les différents protagonistes de la longue et lancinante crise togolaise vont se retrouver autour d’une table de négociation, en présence du médiateur et facilitateur ou de leurs représentants.
Le lendemain de la Saint-Valentin sera une occasion de vérité de part et d’autre. Pour les Togolais qui ont déjà connu plus de 26 dialogues sans résultat tangible ou avancée notable, le 27è dialogue suscite peu d’espoir dans la mesure où le régime en place bien qu’acculé par une contestation généralisée aussi à l’intérieur que dans la diaspora, n’est pas disposé à céder aux exigences d’une vraie démocratie. Depuis 1990, le pouvoir RPT/UNIR a toujours trouvé des moyens peu orthodoxes pour se soustraire de ses engagements, aidé parfois ou souvent par une opposition divisée, tiraillée par les ego et les querelles de chapelle. Le cycle du dialogue sans fin et surtout sans résultat s’est poursuivi, toujours à l’avantage du régime en place au détriment des forces démocratiques, et ce, depuis plus de 27 ans. Tous les acquis en matière de liberté obtenue à la conférence nationale souveraine ont été remis en cause par le système en place.
Ce nouveau round de discussion va-t-il permettre d’esquisser les pistes pour une résolution définitive de la crise politique au Togo ? Dans quel état d’esprit la Coalition des 14 se rend-elle à la table d discussion et quels sont les vrais objectifs, au-delà des discours et des professions de foi devant les foules? Va-t-elle défendre sa plateforme jusqu’au bout où se contentera-t-elle d’un accord a minima qui pourrait apparaître plus tard comme une bouffée d’oxygène au régime ? Ce sont autant de questions que des centaines de milliers de Togolais qui prennent d’assaut les rues se posent tous les jours.
Pour éviter de se faire rouler une nouvelle fois dans la farine par le régime, des appels à la grande vigilance se font de plus en plus entendre au sein des forces démocratiques, car comme l’a si bien dit Assata Shakur, militante politique afro-américaine, membre du Black Panther Party (BPP) et de la Black Liberation Army (BLA), « aucun peuple ne s’est jamais affranchi en faisant appel au bon sens de l’oppresseur ». Avis donc à ceux qui continuent naïvement de croire à une quelconque bonne foi du régime cinquantenaire au point d’espérer quelque chose de positif de ce fameux dialogue. Les assises du lendemain de la Saint-Valentin seront tout sauf celles des amoureux.
Source : www.icilome.com