Les lignes semblent enfin bouger pour un éventuel dialogue entre le pouvoir de Faure Gnassingbé et l’opposition. Après plusieurs semaines de contacts informels discrets entre le président du Ghana, Nana Dankwa Akufo-Addo et la classe politique togolaise, l’heure est donc aux rencontres officielles. Et c’est le ministre de la Sécurité du Ghana Albert Kan-Dapaah qui a été dépêché à la tête d’une délégation pour s’entretenir avec l’ensemble des protagonistes en vue de la préparation du dialogue qui prendra forme probablement le 27 novembre prochain. Ce sera le 26è depuis le début du processus démocratique en 1990.
Au Togo, la classe politique dialogue depuis plus de 28 ans, mais les Gnassingbé sont toujours aux affaires en usant non seulement de la ruse et de la force pour se soustraire des engagements pris, mais aussi en comptant sur les erreurs et surtout les compromissions de l’opposition dont la plupart des leaders sont devenus des commerçants qui se font de l’argent sur le dos du peuple. Le cas le plus emblématique mais aussi dévastateur pour les forces démocratiques est le ralliement de Gilchrist Olympio au régime après un accord bidon en 2010 dont les termes n’ont jamais été respectés par Faure Gnassingbé.
Au cimetière des dialogues depuis 1990 sans aucun résultat tangible pour les populations, les tombes sont alignées. Dans ce décorum macabre qui a fait le lit de la dictature voire de la survie du régime, certains leaders de l’opposition s’en sont sortis les poches pleines, mais aussi avec des postes ministériels. Les compromissions des leaders de l’opposition sont devenues une coutume dans le landernau politique togolais avec pour conséquence une certaine désaffection des Togolais envers la chose politique. C’est au vu de toute cette longue liste de dialogues sans résultat que les Togolais, qui sont dans les rues depuis plus de deux mois sur l’ensemble du territoire et dans la diaspora, sont peu favorables à un nouveau dialogue avec le pouvoir en place. Même s’il s’impose aux acteurs, celui qui s’ouvre bientôt ne devrait pas être un nouveau marché de dupes ou une haute saison pour certains opposants de se faire une nouvelle santé financière.
Dialogue oui, mais malheur aux traitres
A chaque fois que les populations sont près du but, il se trouve toujours un ou deux opposants pour faire le jeu du régime. Ce n’est ni le lieu ni le moment de dresser la liste de tous ceux qui se sont livrés à ce sale jeu permettant d’abord à feu Gnassingbé Eyadema de reprendre en main la situation, et plus tard à son fils de s’imposer à la tête du pays depuis plus de 12 ans.
Depuis le 19 août dernier, les populations togolaises payent et continuent de payer le lourd tribut de leur engagement et détermination à voir Faure Gnassingbé quitter le pouvoir. Que ce soit à Mango, Bafilo, Sokodé, c’est une razzia qui est organisée par l’armée à la solde du régime. Outre ceux qui ont pris le chemin de l’exil, les morts et les blessés, plusieurs personnes y compris des enfants sont actuellement en brousse à la merci de la nature. Que peut-on dire de ceux qui ont fait les frais des milices qui ont récemment sévi dans la capitale et ceux qui croupissent injustement dans les diverses prisons du pays ? Ce lourd tribut que paye le peuple togolais depuis 1990 ne saurait cette fois-ci passer par pertes et profits.
Le message des Togolais qui sont dans les rues depuis plusieurs mois est clair et sans ambages. Le départ pur et simple de Faure Gnassingbé du pouvoir. Si dialogue il doit y avoir, il ne devra tourner qu’autour de cette question. Les leaders de la coalition qui seront autour de la table de discussion ne seront en réalité que les porteurs du message des populations. Le pouvoir est actuellement en situation de détresse et est prêt à tout pour acheter certains opposants, et parfois pas des moindres, pour semer la zizanie, comme ce fut toujours le cas par le passé. L’enjeu est de taille, et c’est une question de survie pour Faure Gnassingbé et son clan. Voilà pourquoi du côté de Lomé II, on compte encore sur les billets de banque pour reprendre le contrôle de la situation. Des informations font déjà état de certaines passerelles qui seraient mises en branle pour tenter d’amadouer certains acteurs afin que ces derniers revoient leurs exigences à la baisse.
Le peuple togolais en lutte qui continue de vivre un enfer sous Faure Gnassingbé ne fera aucun cadeau au premier opposant qui tentera de jouer les trouble- fête au cours de ce dialogue. Faure Gnassingbé est dos au mur, mais la coalition des 14 partis qui portent les aspirations des Togolais depuis plusieurs semaines a dos au peuple. Qu’on se nomme Yawovi Agboyibo, Antoine Folly, Brigitte Adjamagbo, Jean-Pièrre Fabre, Nathaniel Olympio, Aimé Gogue, Tikpi Atchadam, Mohammed Tchassona, Habia Nicodème etc., aucune compromission ne sera sans conséquence en ce moment historique. Quant à Faure Gnassingbé, c’est un impératif qu’il soit lui-même autour de la table de discussion pour un règlement définitif de la crise.
www.icilome.com