Dialogue politique : Du rétropédalage ! Quand Faure cherche à pousser la C14 au boycott 21 décembre 2017

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Dialogue politique : Du rétropédalage ! Quand Faure cherche à pousser la C14 au boycott                                                                             21 décembre 2017

Par Serge Lemask, togo-online.co.uk

Le dialogue politique, tant attendu par tous, devra s’ouvrir avant la fin de cette année 2017. Le Chef de l’Etat, dans sa récente interview accordée au Magazine Jeune Afrique l’a confirmé à demi-mot. Mais derrière, que des propos et actions qui ne rassurent point. Encore moins, la Coalition des 14 formations politiques de l’opposition qui semble assister, de la part du pouvoir, à du rétropédalage. Une stratégie funeste susceptible de pousser au boycott, l’opposition aux fins de permettre à Faure Gnassingbé de s’offrir un canevas pour 2030.

Du rétropédalage Après le travail de fourmis abattu par les médiateurs (Ndlr: les présidents Condé de la Guinée et Akuffo-Addo du Ghana), l’on croyait que les conditions étaient enfin réunies pour la tenue du dialogue politique. Mais non ! C’est sans compter avec les roublardises et surtout les passe-passes du pouvoir de Lomé. Pendant que la coalition s’est d ite prête, le gouvernement de Faure Gnassingbé fait du rétropédalage et joue à la montre. Et les exemples sont légions.

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Entre autres, l’ouverture des consultations pour, dit-il, recueillir les avis et propositions des acteurs sur le cadre et le format du dialogue. Ceci n’est rien d’autre que l’illustration parfaite du dilatoire toujours reproché au pouvoir cinquantenaire. Surtout en ce sens que cette démarche remet complètement à plat, le travail préalablement fait avec minutie par les diplomaties ghanéenne et guinéenne. En quelque sorte, du mépris et de l’insulte de Faure Gnassingbé vis-à-vis de ses paires de la sous-région qui bizarrement se taisent aussi et regardent faire. Quid du groupe des 5 dont le silence est plus que curieux à ce niveau de la crise.

Faure…lâche pas «son trône !»
Comme cela ne suffisait pas, c’est Faure Gnassingbé en personne qui y va de son estocade. Dans les colonnes de Jeune Afrique, le Chef de l’Etat togolais a dit haut, ce que tous pensaient le moins. Autrement, j’y suis, j’y reste. Advienne que pourra ! En effet, sur plusieurs sujets abordés dans cet entretien, l’ «héritier» du coup d’Etat constitutionnel de 2005 a été moins courtois, si arrogant, si suffisant et visiblement réfractaire à toute initiative touchant à son fauteuil présidentiel. En clair, Faure Gnassingbé, contrairement à ce que lui demandent les togolais qui manifestent dans les rues togolaises depuis quatre mois déjà, n’est pas prêt à lâcher son fauteuil présidentiel, plus qu’un trône. Aussi, il s’est dégagé, des propos du Fils du Général Eyadema, une volonté manifeste, de narguer autant que se peut, la Coalition des 14 formations politiques, au cœur de la contestation de son pouvoir. Au point de créer une situation qui lui pourra être fortement préjudiciable, voire fatale.

Morceaux choisis
– «Ce à quoi nous avons assisté ensuite n’était rien d’autre qu’une tentative de prise de pouvoir par la rue. Elle a échoué».
– « je n’ai pas de leçon de démocratie et de respect des droits de l’homme à donner à l’opposition. Mais cette opposition n’a plus de leçons à me donner en la matière ».
– «Faisons les réformes, évitons de les personnaliser. Ne mélangeons pas les sphères politique et juridique. Les constitutions disposent pour l’avenir, non pour le passé ».
– (parlant des milices) : «C’est une réalité que je déplore mais qu’il faut replacer dans son contexte, celui des premières manifestations violentes du PNP et des multiples provocations auxquelles se sont livrés les militants de ce parti. C’est cela qui a donné naissance à ces groupes d’autodéfense… ».
– (parlant du référendum): «Nous y sommes tenus. C’est une disposition constitutionnelle. Il aura lieu après le dialogue ».
– « Nous avons, au sein de l’opposition, des partis représentés à l’Assemblée et des partis extraparlementaires : ils devront décider s’ils y viennent séparément ou en coalition. Nous avons aussi des partis qui n’ont ni manifesté ni revendiqué et qui agissent dans le cadre des intuitions. Ceux-là aussi ont le droit de participer. Cette crise est politique, le dialogue sera donc une séquence purement politique ».

Le Spectre de boycott
C’est connu de tous, la coalition est restée droit dans ses bottes, en ce qui concerne son exigence d’un dialogue entre elle et le pouvoir. Cette position, elle l’a déjà fait connaître aussi bien aux médiateurs qu’à l’opinion nationale et internationale. Point n’est donc besoin d’y revenir, selon Brigitte Kafui Adjamagbo et ses camarades de lutte. A l’analyse donc des propos de Faure Gnassingbé, il saute clairement aux yeux, l’idée bien mûrie du pouvoir de Lomé de chercher à pousser à bout, l’opposition et la contraindre ensuite au boycott. Ainsi prendra corps, pour le régime, sa volonté d’aller au dialogue avec des partis béquilles de son pouvoir. Ceci, dans l’optique de dresser au « champion de Unir», le tapis rouge pour 2020, 2025 et pourquoi pas 2030.

Vers la réédition de l’interdiction des marches à Lomé ?
C’est à cette conception que l’on est tenté d’en arriver. Fort de son ingéniosité, le pouvoir sort encore de son laboratoire, une histoire à faire dormir debout. Celle de la vente du cannabis aux points de ralliement pour les marches de l’opposition. Un phénomène qui, à bien comprendre un Communiqué du gouvernement signé du ministre de la Sécurité et de la Protection civile, participe à doper les manifestants qui s’en donnent à la violence. «Le ministre de la sécurité et de la protection civile invite les organisateurs des manifestations et des services d’ordre à prendre des dispositions pour proscrire ou mieux collaborer avec les forces de sécurité pour éradiquer tout comportement contraire aux lois de la République », précise le document. Comment peut-on faire foi à ce communiqué quand aucun de ses présumés dealers de cannabis n’a été jusqu’alors appréhendé ? Sans doute un argument derrière lequel se cacherait une idée lugubre. On se rappelle encore que c’est sur la base d’une problématique hypothèse de circulation d’armes à Sokode que les manifestations y sont interdites jusqu’à nouvel ordre. L’on se demande alors si c’est encore ce type de scénario qui se profile à l’horizon. En tout état de cause, l’avenir nous situera.

Source :Fraternité

Togo-Online.co.uk