Dialogue politique : Après les travaux préparatoires… Pourquoi le pouvoir s’agite au lieu de s’appliquer ?

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Dialogue politique : Après les travaux préparatoires... Pourquoi le pouvoir s’agite au lieu de s’appliquer ?

Comme annoncé jeudi, le gouvernement a démarré, hier mardi, la phase des consultations des différents acteurs sociopolitiques togolais en vue de l’ouverture prochaine du dialogue politique. Ainsi, passeront devant le Premier ministre, partis politiques, organisations de la société civile et leaders religieux en vue de faire enregistrer leurs différentes propositions. Bien que s’inscrivant dans la dynamique de la tenue du dialogue, nombreux sont ceux qui voient, à travers ces consultations, encore du dilatoire en perspective.

Plus les jours passent, plus l’horizon semble se dégager pour la tenue du 24e dialogue politique intertogolais. Pour y arriver, plusieurs sont les initiatives entreprises par les médiateurs (Ndlr : Les président Nana AKUFOADDO du Ghana et Alpha CONDE de la Guinée), pour garantir la tenue, à Lomé, d’un dialogue franc et sincère entre les acteurs de la vie sociopolitique du Togo. L’option des passerelles…

Au Togo comme ailleurs, plusieurs personnalités ont été consultées.

Outre les deux missions à Lomé du représentant du médiateur ghanéen, le Président AKUFO-ADDO s’est entretenu à Londres, avec l’ancien ministre de la Sécurité et de la Protection civile à la mort du Général Eyadema en 2005, Akila Esso Boko. Toujours à Accra puis à Lomé, la médiation ghanéenne a échangé, à deux reprises, avec l’ancien ministre d’Etat et premier Directeur de Cabinet de Faure Gnassingbé, Pascal Akoussoulelou Bodjona. Pendant ce temps, le Président Alpha Condé, au titre du Président en exercice de l’Union africaine (Ua) s’est également entretenu, à deux reprises à Paris, avec trois (3) leaders des quatorze (14) composant la coalition de l’opposition. Ensuite, le travail s’est poursuivi sur place avec le comité technique préparatoire mis en place pour poser les jalons d’un dialogue réussi.

Concessions et… Satisfactions au goût inachevé

Jusqu’à ce stade, la satisfaction était grande au niveau de tous les acteurs qui n’ont, d’ailleurs, pas hésité à saluer le parcours fait et les efforts consentis par tous, en vue de faire revenir l’accalmie dans le pays. En premier, le Chef de l’Etat qui, dans un Tweet, a salué la concession du gouvernement visant le retour au calme dans le pays, puis exhorté tous à un sursaut patriotique pour la réussite du dialogue. « Puissent les mesures d’apaisement et le climat de décrispation créés par le Gouvernement constituer des bases sol ides pour des discussions sincères et fécondes », a déclaré le Président de la République. Faure Gnassingbé a, ensuite, invité tous les acteurs de la scène politique togolaise à placer l’intérêt supérieur de la Nation au centre de leurs préoccupations. « J’invite tous les acteurs politiques de toutes obédiences à un sursaut national qui permettra aux différentes composantes de se retrouver autour d’une table», a-t-il poursuivi. Car, « L’une de nos plus grandes qualités, sur la terre de nos aïeux, reste le dialogue. Je nous invite donc à un dialogue au Togo » a rappelé le Chef de l’Etat. Un message visiblement bien reçu par l’opposition qui, tout en prenant acte de ces mesures d’apaisement et de décrispation qui se sont poursuivi avec la relaxation des deux Imams arrêtés à Sokodé et à Bafilo, réaffirme sa disponibilité à aller à la table de discussions. Seulement, le sort des villes de Sokodé, Bafilo et Mango pour les manifestations n’est pas clairement établi à ce jour.

Patatras… Changement de discours… du dilatoire !

«Aujourd’hui, toutes les conditions sont réunies pour permettre le démarrage du dialogue…», a annoncé, jeudi, le gouvernement togolais, lors de sa sortie médiatique. L’on était là, avec l’exhortation du gouvernement à l’endroit de tous les partis politiques à « œuvrer de bonne foi, pour un heureux aboutissement du dialogue, dans l’intérêt supérieur de notre cher pays, le Togo » quand les choses virent encore au dilatoire.

En effet, c’est aussitôt qu’après avoir annoncé que toutes les conditions sont réunies pour la tenue du dialogue que le pouvoir de Lomé annonce encore, dans la foulée, des consultations dans le but de recueillir les propositions et suggestions de tous les acteurs, tant sociaux que politiques. Ceci, en vue de situer le format et les modalités du dialogue.

Cette démarche, loin de recueillir l’assentiment de tous, jette encore du froid à la dynamique en cours. « Nous voyons en cette démarche cavalière du pouvoir, une volonté manifeste de jouer à la montre, et surtout de vouloir contourner les médiateurs. Nous ne nous inscrivons pas dans cette démarche. Car, pour nous, les consultations ont déjà eu lieu avec plusieurs personnalités et il n’y a donc plus raison de revenir sur ces consultations », a laissé entendre Brigitte Kafui Adjamagbo, la Présidente de CAP2015.

Outre la coalition, plusieurs sont les critiques qui voient dans cette démarche du pouvoir, la confirmation du dilatoire et de la duplicité dont il est coutumier. Contacté par le moyen des ré- seaux sociaux, le ministre Bawara n’a pas répondu à notre question de savoir si c’est au gouvernement de travailler sur le cadre et le format du dialogue. On se demande à quoi riment ces consultations dont l’objectif final demeure ce désir de coopter des partis satellitaires qui lui serviront de béquilles, au cours du dialogue. Et face aux critiques, le gouvernement a dû refaire un rétropédalage dès lundi. Le même ministre Bawara qui avait lu la déclaration polémique est revenu par le canal du confrère togobreakingnews pour, préciser que l’initiative du gouvernement n’est pas le dialogue annoncé mais que « Bien sûr, il aurait été souhaitable de pouvoir consulter le maximum d’acteurs politiques et de la société civile, y compris les autorités religieuses ; mais cela n’est pas faisable. Toutefois, à l’issue des consultations, le gouvernement sera attentif aux idées et aux suggestions aussi bien de ceux qui sont consultés que de ceux qui ne le sont pas, avec pour seul souci un dialogue inclusif et efficace avec un nombre limité de participants pour aller à l’essentiel», a-t-il dit, estimant qu’il ne faut pas en faire un point de fixation et surtout pas de crispation.

Une précision qui a le mérite de susciter un ouf dans l’esprit des critiques suscitées par la sortie du gouvernement. Sinon, ces consultations, non seulement font perdre du temps mais aussi et surtout, résonnent comme un cinglant désaveu de Faure Gnassingbé aux Présidents Nana Akoufo Addo et Alpha Condé dont le travail préalable semble ne pas arranger le pouvoir de Lomé.

Mais l’on se demande jusqu’où ira Faure Gnassingbé dans sa politique de mic-mac…Qu’à cela ne tienne, le Prince, pendant qu’il appelle à la bonne foi des autres acteurs, surtout de l’opposition, doit lui aussi prendre la mesure de la situation et s’appliquer au lieu d’envoyer ses comparses se livrer à des agitations inutiles, au risque de donner de la matière à la rue qui continue par gronder… et gronder encore.

Source : www.icilome.com