Dialogue avec le pouvoir: vers une mort programmée du CAR

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Le Comité d’Action pour le Renouveau (CAR) vient de claquer la porte de la Concertation Nationale entre Acteurs Politiques (CNAP). Le parti des déshérités suspend sa participation au dialogue préparatoire des prochaines élections régionales.

La notification a été faite mardi 2 février 2021 au ministre de l’Administration Territoriale, de la Décentralisation et du Développement des Territoires, Payadowa Boukpessi.

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Au motif de ce départ, le « règlement de la crise » née de l’élection présidentielle du 22 février 2020. Le courrier signé de son 1er Vice-président, Konlani Yendouban, indique en substance que « Lors de la première et de la deuxième rencontre préparatoire du dialogue, tenues respectivement les 14 décembre et le 19 janvier 2021, les principaux sujets de préoccupation soulevés par le CAR, notamment le règlement politique de la crise post-électorale en vue de la tenue d’un dialogue inclusif, franc et sincère, ont été balayés d’un revers de la main »

Mettre en avant la supposé crise postélectorale de la présidentielle du 22 février 2020 et la participation de la DMK à ces rencontres sur la sellette, cache mal les difficultés du parti à se restructurer pour se remettre en ordre de bataille politique.

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Selon un membre du parti, cette solidarité avec la DMK est inopportune. « Etant donné que le CAR ne l’a pas fait aux lendemains de la proclamation des résultats, je me demande ce que cela va apporter de plus à notre parti », s’indigne notre interlocuteur qui ne comprend pas pourquoi un parti qui n’a pas participé aux grandes compétitions politiques notamment la présidentielle ni les législatives se cache derrière le soutien à une coalition aux abois, pour boycotter une compétition majeure comme celles des élections régionales.

A y voir de près, trois raisons inavouées expliquent cette volteface. La première se trouve dans la restructuration du parti.

Le parti de feu Me Agboyibo se cherche désespérément un leader. Nous l’écrivions en son temps, la guerre des clans qui couve au sein du parti est loin d’être réglée doublée des obsèques qui n’ont pu être tenues en janvier 2021 comme prévu.

La deuxième raison se trouve être la scission du parti avec le départ de Me Apévon. La CAR a perdu sa base militante qui a regagné ce dernier avec la création des Forces Démocratiques pour la République (FDR). Tout porte à croire que le CAR craint une déconvenue électorale aux régionales à venir.

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Ce qui explique la troisième raison à savoir la déculottée lors des élections locales de 2019. En effet, embarqué au sein de la Coalition des 14 partis de l’opposition (C14) qui est classée en troisième position avec 131 sièges lors des locales, le CAR n’obtient que 26 élus locaux dont un maire et 3 adjoints. Des statistiques prises en comptes dans les analyses par les cadres actuels du parti.

Certes il faut en tenir compte mais de là à vouloir boycotter les régionales est une erreur que Me Agboyibo ne commettra pas puisqu’on lui reconnait être adepte du participationisme. Il ne boycotte pas les compétitions électorales qui sont, pour lui, des périodes de jauge, non seulement de l’ancrage du parti mais aussi des moments de l’évaluation et de la remise en cause des stratégies politiques développées par le parti.

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Tout porte à croire, selon l’analyse d’un observateur de la scène politique, que le CAR court vers une mort politique. Selon lui, les prochaines joutes électorales se pointeront à partir de 2025.

Connaissant la santé financière des partis politiques de l’opposition, on se demande comment pendant tout ce temps, le CAR fera pour aller au-devant des populations pour les mobiliser et attendre les élections. « Probablement que le partis aura du mal à se positionner sur l’échiquier politique national. Le temps nous donnera-t-il raison ? Attendons de voir », a-til conclu.

Chronique de la Semaine No 594

image illustrative

Source : Togoweb.net