Déshonneur institutionnel: Et si la CEDEAO se la bouclait pour de bon sur le cas Togo?

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La Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) de controverses en controverses , s’est totalement discréditée aux yeux des peuples qu’elle est censée défendre.

Dans les méandres de la si longue crise qui secoue la gouvernance au Togo, cette union zonale s’est fourvoyée à maintes reprises en remettant en scelle un régime dont le bonheur de son peuple n’a jamais été sa préoccupation.

A propos du changement de constitution contre tout bon sens , cette fichue CEDEAO en a ajouté une couche lors de sa 65ème session ordinaire des Chefs d’État et de gouvernement qui s’est tenue le dimanche 07 juillet 2004 à Abuja au Nigeria en présence de Sept Chefs d’État et plusieurs ministres des Affaires Etrangères. Le Togo a été représenté par le ministre des Affaires Étrangères, Robert Dussey. « En ce qui concerne le Togo, la Conférence prend note de l’adoption d’une nouvelle Constitution par l’Assemblée nationale. Elle félicite le Gouvernement et le peuple pour le bon déroulement des élections législatives et régionales. La Conférence encourage les autorités et les parties prenantes togolaises à continuer à privilégier le dialogue en faveur de la cohésion sociale et de l’unité nationale », indique le communiqué final. De quoi mettre à nouveau en transe les nervis du régime togolais qui évoquent une certaine diplomatie agissante.

On se souvient trois mois en arrière, la CEDEAO a changé de mission en 24 heures sur la situation du Togo.

« Au départ, c’était un communiqué relatif à une mission exploratoire censée accorder les violons du pouvoir et des partis politiques qui avait circulé. On s’est frotté les mains, séduit qu’on était de la perspective de voir cette mission peser de tout son poids afin que le Togo retrouve une sérénité sociopolitique digne de ce nom. On s’est mis le doigt dans l’œil : il n’en aura rien été. La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a retourné sa veste, sans doute intimidée par un pouvoir trop porté sur sa vision impopulaire de la chose politique pour lui laisser le temps de proposer quelque terrain d’entente que ce soit. Maintenant que la nouvelle constitution a été adoptée (avec 87 voix, zéro contre) à hue et à dia, elle peut s’estimer heureuse d’avoir joué son rôle d’arbitre. Avec cette palinodie, la CEDEAO a complètement achevé de ternir son image auprès des peuples qui ne l’ont d’ailleurs jamais tenu en estime.

La mission déployée par Alleu Touray, le Président de la Commission de la CEDEAO aurait pu au départ permettre d’interagir avec les principales parties prenantes sur les derniers développements dans le pays avant les élections législatives et régionales du 29 avril 2024. Le communiqué en date du 15 avril publié par l’organisation sous régionale en fait foi : « Initialement prévues le 13 avril, les élections ont été reportées au 20 avril, puis au 29 avril en raison de la gravité des réformes constitutionnelles controversées que le gouvernement prévoyait d’introduire. Ces réformes adoptées par l’Assemblée nationale, visaient à transformer le système politique togolais du système présidentiel au modèle parlementaire. Dans un contexte crucial, la Commission a jugé nécessaire de dépêcher une mission exploratoire au Togo ».

Vingt-quatre heures après, virage à cent quatre-vingts degrés : la mission composée de sept membres et dirigée par Maman Sambo Sidikou, ancien chef de la mission de l’Union africaine au Mali et au Sahel telle qu’annoncée, n’aura pas lieu. Elle a finalement choisi, contre toute attente, de revenir sur ce qu’elle avait déclaré le 15 avril. Le lendemain 16, les Togolais ont eu droit à une tout autre mission dite d’information dans la perspective des élections législatives et régionales prévues le 29 avril 2024. La note du 16 avril précise donc : « La Mission entreprendra une évaluation préélectorale conformément aux textes communautaires et ne s’engagera dans aucun autre processus comme indiqué dans un communiqué antérieur, qui a été retiré », avant de conclure plus loin :« La Mission soumettra son rapport et ses recommandations au Président de la Commission de la CEDEAO pour qu’il prenne des décisions et des mesures appropriées, y compris le déploiement d’une Mission d’Observation Électorale (MOE) pour les élections législatives et régionales ».

Qu’en est-il alors des réformes constitutionnelles qualifiées par la CEDEAO de controversées et qui vont faire passer le système politique togolais du système présidentiel au modèle parlementaire ? » écrivions-nous dans notre parution N°1050 du 22 avril 2024 avant de conclure «Comment une si grande institution comme la CEDEAO peut-elle faire preuve d’une aussi insultante indifférence à l’égard de tout un peuple ? Qui pis est, la pâlichonne CEDEAO voit son propre protocole additionnel de la démocratie et de la bonne gouvernance (qui interdit toute modification de la Constitution dans les six mois précédant une élection) littéralement foulé aux pieds, sans qu’elle ait le culot de lever le petit doigt. Le manque d’équité dans le fonctionnement et de la Commission électorale tout sauf indépendante et de la Cour constitutionnelle ne va pas davantage l’intriguer. Cette évaluation préélectorale n’aura pour conséquence que l’enlisement de la crise sociopolitique. ».

Aujourd’hui, le Togo est dans l’impasse. Le Chef de l’Etat et ses hommes liges jouent au tango avec leur nouveau régime.
Plus de deux mois après la démission du gouvernement, rien n’a été fait. Dans ce capharnaüm ambiant, certains se retrouvent ministres et députés à la fois.

C’est dans cette pagaille que la CEDEAO dit avoir pris acte du changement de constitution en violation de son propre protocole additionnel sur la démocratie et la bonne gouvernance.
Plus rien n’étonne au Togo quand il s’agit de la CEDEAO et le pouvoir des Gnassingbé. Et si cette CEDEAO-là se la bouclait pour de bon sur le cas Togo?

Kokou AgbemebiO

Source: Le Correcteur / lecorrecteur.tg

Source : 27Avril.com