Désarrimage du FCFA : L’économiste Thomas Koumou préconise la prudence

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Désarrimage du FCFA : L’économiste Thomas Koumou préconise la prudence

Le débat sur le franc CFA suscite enthousiasme, emballement et draine des passions. Mais les choses ne paraissent pas si simples comme tentent de le faire croire les défenseurs d’une monnaie africaine. Thomas Koumou, président de l’association « Veille économique », lève le voile sur les obstacles du désarrimage du franc CFA avec le franc français.

Comme annoncé, la conférence-débat sur le franc CFA s’est tenue. Le mardi 28 mars dernier à la Maison de la Santé, l’économiste Thomas Koumou a expliqué au public présent, les pièges que ne révèle pas le débat de l’arrimage de la monnaie CFA au franc français. Il veut tempérer les ardeurs. Car le débat semble occulter certains préalables. Il a tenu à préciser qu’il n’est pas contre le désarrimage, mais ne veut pas que les pays africains fassent un saut dans le vide.

Pour éclairer l’opinion, Thomas Koumou a rendu public un document d’une quarantaine de pages et intitulé « La paresse et l’incompétence de nos gouvernants, source d’une parité monétaire défavorable ». Dans le manifeste, il précise que « L’indépendance monétaire suppose pour un pays ou groupe de pays qu’elle dispose de la latitude de pratiquer une politique monétaire en toute indépendance ». Cela suppose également la « maîtrise de l’offre de monnaie », la « maîtrise de la flexibilité monétaire et du taux de change » et la « maîtrise des mécanismes de garantie et de régulation ». Or, les pays de la zone FCFA ne remplissent pas toutes ces conditions. De plus, le FCFA a pour étalon l’euro qui assure la convertibilité du FCFA à l’international. Cela implique aussi la possibilité pour un pays d’imposer sa monnaie. Sur ce plan, les pays africains sont absents. Ils font couper leur monnaie à l’étranger.

« Le désarrimage implique les enjeux géostratégiques et géopolitiques », a indiqué le président de « Veille économique ». Selon l’économiste, il serait impossible pour les puissances de nature capitalistes de se voir déposséder de ce qui leur revient en termes de capitaux. « Le cours du cacao ivoirien est défini à la bourse Cotton Bold of Chicago. Le pays qui en est le premier producteur mondial n’a même pas l’indépendance sur la fixation des prix. Et on voit mal les Etats-Unis laisser échapper cela », souligne-t-il. Aussi fait-il remarquer que les politiques intérieures des Etats africains ne sont pas de nature à favoriser le désarrimage du franc CFA. En tout cas, pas pour l’instant. Car instabilités politiques, absence d’industrialisation, entre autres, ne balisent pas la voie à l’affranchissement de la monnaie africaine assujettie au franc français. « Cette politique intérieure des pays africains est cyclique et entraîne des situations d’inamovibilité des chefs d’Etat », pointe-t-il du doigt.

« Les partisans de la sortie du FCFA ont-ils déjà théorisé la demande de monnaie de nos économies, en fonction de notre environnement, notre culture, notre histoire et l’évolution actuelle de l’économie mondiale » ? « Quelle sera la valeur de monnaies issues des Etats qui ne pèsent rien du tout dans la balance du commerce international ? », s’interroge Thomas Koumou. « Très peu d’économies de pays africains sont modélisées. Nous n’existons pratiquement pas dans le commerce mondial. L’Afrique pesait à la fin de 2014, 3% du commerce mondial et la zone UEMOA 0,0013%. Dans le même temps, la Chine s’est hissée à plus de 12% du commerce mondial en moins de 60 ans », analyse-t-il.

Toutefois, l’économiste affirme qu’il y a de possibles options de sortie comme le scénario unitaire, communautaire. Mais il précise que les chances de leur réalisation sont minces au regard des réalités spécifiques à chaque pays et des enjeux internationaux.

Des responsables politiques, en l’occurrence Me Apevon Dodji des Forces démocratiques pour la République (FDR), Fulbert Sassou de « Togo Autrement », Nicodème Habia du parti Les Démocrates ont honoré de leur présence la conférence. En attendant la rencontre des ministres de la zone CFA le 14 avril prochain en Côte d’Ivoire, la sortie a le mérite d’éclairer plus d’un.

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