A l’occasion de la Journée internationale du Bonheur, célébrée par les Nations unies, le 20 mars 2017, un rapport dénommé le « World happiness report » a été élaboré. Sans surprise, le Togo est classé parmi « les pays les plus malheureux du monde ». Un coup de pied aux différentes politiques mises en place par l’Etat togolais dont les populations ont du mal à percevoir l’impact sur leur quotidien.
Depuis 2012, les Nations Unies ont décidé de publier un rapport annuel sur le bonheur des populations sur les cinq continents. Ce rapport a pour objectif d’avoir une idée sur le quotidien des populations et leur état d’âme.
Pour classer les pays, les auteurs prennent en compte le PIB par habitant, l’aide sociale, l’espérance de vie à la naissance, la liberté de faire ses choix, la perception de la corruption, la générosité et la confiance accordée aux dirigeants comme critères de classement.
Si les pays de l’Europe du nord sont au-devant du classement, les pays africains, à l’exception de l’Algérie et du Maroc sont eux, en queue de pelletons avec des indicateurs du bonheur dans le rouge. Les populations attendent des changements significatif, pas seulement quelque uns, mais le kit nécessaire pour améliorer leur vie et celle de leur famille. Parmi les changements qu’ils attendent il y a dans bons nombres de pays, un total néant. Les attentes des populations sont restées donc insatisfaites.
Malheureux, très malheureux…
Classé 150ème sur 155 avec 3.495 points au compteur, le Togo est donc le 6ème pays le plus malheureux au monde et se trouve parmi les pays qui connaissent des guerres ou qui ont connu des troubles sociaux récemment. Puisque derrière le pays de Faure Gnassingbé, l’on retrouve des pays comme la Centrafrique, le Burund i et la Syrie, trois pays en pleine guerre civile. En dehors de ces pays, le Togo est accompagné en bas du classement par le Rwanda et la Tanzanie, deux pays qui ont connu des troubles sociaux. Dans ces pays, les bases de la démocratie et de développement inclusif sont en train d’être mises en place. En matière de développement inclusif, le Rwanda est l’un des pionniers sur le continent. Et si le Togo se retrouve au bas du classement, c’est que pour les citoyens ont tout simplement du mal à percevoir, « les efforts » du gouvernement. Les Togolais se d isent « malheureux, très malheureux».
Échecs des politiques de développement…
Au Togo, les politiques de développement n’ont souvent pas donné les résultats escomptés. Ceci est dû à plusieurs facteurs notamment la corruption, la mauvaise gouvernance, la gabegie et les détournements de fonds. Au-delà même du rapport publié par les Nations Unies en mars dernier, plusieurs organismes étatiques ont déjà fait cas des problèmes liées aux quotidiens des populations ce qui les empêchent de vivre décemment. « La pauvreté s’est accrue à Lomé », c’est la conclusion d’une enquête organisée par l’Institut national de la statistique et des études économiques et démographiques (Inseed) en 2015. Et FRATERNITE, fidèle à son combat social a eu à le tambouriner à travers plusieurs parutions.
En effet, les politiques qui visent à réduire la pauvreté ne le font que sur le papier. La réalité étant tout autre. A titre d’exemple, la Stratégie de croissance accélérée et de promotion de l’emploi (SCAPE) financée à coup de million peine à montrer des résultats probants. La SCAPE qui couvre la période 2013-2017, comprend 5 axes majeurs : le développement des secteurs à fort potentiel de croissance, le renforcement des infrastructures économiques, le développement du capital humain, la promotion de l’emploi, le renforcement de la gouvernance et la création de conditions favorables pour un développement participatif, équilibré et durable. Comme l’ont reconnu, les initiateurs de ce projet, la Scape n’arrive pas à financer l’agriculture. Il faut se demander alors comment peut-on réussir à impacter sur la pauvreté en dehors de l’agriculture, vu que plus de la moitié de la population togolaise est essentiellement agricole ? La question reste posée. Pourtant près de 200 milliards ont été mobilisés depuis 2008 pour propulser le secteur agricole à travers le Pniasa et ses nombreux démembrements. Au final les acquis du projet sont aujourd’hui plus remarquable dans le train de vie des managers que sur toute la chaîne de valeur qu’entraine cette activité avec au centre le paysan qui continue aujourd’hui encore d’affronter la terre avec houe et daba ! Si sur les dernières années le Togo table toujours sur une croissance économique comprise entre 5% et 6%, les populations, elles, ne voient pas les répercussions de cette croissance, que certains pays recherchent pourtant depuis des années, sur leur vie.
La promesse d’une protection sociale universelle reste loin de la réalité. Aujourd’hui, les Togolais bénéficient très peu d’une protection sociale adéquate. En dehors des assurés de l’Institut national de l’assurance maladie (Inam), créé en 2012, les couches les plus défavorisées sont laissées à leurs propres sorts. Une situation qui entrave les initiatives de réduction de la pauvreté.
La protection sociale contribue énormément à la lutte contre la pauvreté, l’exclusion et les inégalités, tout en renforçant la stabilité et la cohésion sociale. Elle contribue également à la croissance économique en libérant le revenu des ménages et donc la consommation intérieure.
L’autre tableau qui retient les attentions est la politique nationale de développement à la base entamée depuis 2008. L’un de ses instruments phares est le Fonds national de la finance inclusive (Fnfi). Ce projet copié chez le voisin béninois a accumulé des floppes tant dans l’approche, dans le déploiement que dans le management au point que le Chef de l’Etat a dû se résoudre à changer en septembre dernier la capitaine de bord de ce navire. Dans certaines localités, le remboursement des crédits posent énormément de problèmes aux débiteurs qui sont en majorité les femmes. La précarité se généralise. Le programme de volontariat qui devrait également réduire le nombre de chômeurs est décrié d’abord par les vagues consécutives de jeunes qui ont bénéficié de ce programme puis par certains observateurs. Une conséquence de la gestion micmac qui a été faite de ce programme dès son début.
Alors quand les Togolais se disent malheureux, ce n’est que la résultante des échecs des politiques sociales. Le passif qui explose aujourd’hui n’a été entretenu que par ces collaborateurs que le patron s’est choisis depuis plus d’une décennie et dont il n’a jamais pris le temps de contrôler et de censurer les énormes ratées. Pourtant la presse a eu à faire son travail d’alerte. Nous y reviendrons pan par pan !
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