Des émissaires du régime pour réduire Foly Satchivi au silence

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Aujourd’hui condamné à 12 mois de prison avec sursis, suite aux événements des 14, 15 et 16 juin derniers passés sur le campus de l’Université de Lomé, Foly Satchivi, président de la Ligue togolaise des droits des étudiants (LTDE), au cours de sa détention, a reçu la visite de plusieurs émissaires du régime Faure Gnassingbé, qui lui ont fait des propositions tendant à le réduire au silence.

Cela ne devrait peut-être pas surprendre, surtout venant de ce régime qui use de tous les moyens pour étouffer les contestations populaires. Foly Satchivi n’est pas le premier. Il ne sera peut-être pas le dernier, puisque les velléités de conservation à tout prix du pouvoir continuent d’être nourries par ceux qui gravitent autour du régime et qui, visiblement, ne doivent leur survie que grâce à lui.

Foly Satchivi, disions-nous, a reçu des propositions dans sa cellule, histoire de l’éloigner de cette cause, celle de l’épanouissement des étudiants, cause qu’il défend corps et âme. En prison, les émissaires du régime lui ont demandé de laisser tomber. En retour, on lui propose une bourse pour aller étudier à l’étranger (Europe surtout) et des soins appropriés dans des cliniques huppées de la capitale ou à l’étranger. On lui garantit une sécurité pour sa famille et du travail pour certains membres de la LTDE.

Le premier à rendre visite à Satchivi en prison, porteur de ce message, est le Pr. Badjona Sognè, médecin personnel de Faure Gnassingbé, celui-là même qui a dilapidé les fonds du projet BIDC pour l’équipement du CHU Sylvanus Olympio. La gestion de ce projet par ce médecin a été une véritable catastrophe. Le cas le plus patent reste le scanner. Le jour même où Faure Gnassingbé devrait l’inaugurer, le scanner tombe en panne. Ce qui a fait reporter la cérémonie qui ne s’est plus déroulée jusqu’à ce jour. Aujourd’hui, ce scanner ne sert à rien, puisqu’il est toujours en panne.

Et puisqu’au Togo la chose la mieux partagée par les gouvernants est l’impunité qu’on promeut à tous les niveaux, ce Col-Prof n’a jamais été inquiété. Mieux, il a été promu et est aujourd’hui le médecin de l’Office togolais des recettes (OTR).

Le second émissaire a pour nom Colonel-médecin, Adom Wiyao Kpao, actuel Directeur général du Centre hospitalier universitaire Sylvanus Olympio. C’est sous ses yeux que se déroule le drame humain dans cet hôpital où on entre sur les deux pieds, mais on sort les pieds devant.

Il y avait également en visite chez le président de la LTDE dans sa cellule à la prison civile de Lomé, un autre homme en uniforme, un officier dont on ignore encore le nom. Il est porteur du même message pour Satchivi.

Il nous est revenu que le jour où ses camarades ont été libérés lors du premier procès le 19 juin dernier, Foly Satchivi était embarqué dans un véhicule militaire. Ce véhicule qui était censé l’amener à l’hôpital pour des soins, se promenait plutôt dans la ville de Lomé, dans des coins étranges. Or, à en croire l’intéressé, on lui avait dit qu’il ferait partie des 7 camarades jugés et relâchés. Il ne verra le tribunal que le 26 juin 2017, jour où il a été jugé et condamné à 12 mois de prison avec sursis.

Comme on le voit, le régime en place a des moyens peu orthodoxes de répondre aux revendications sociales, même politiques. Si ce n’est pas une répression systématique des manifestations, ce sont des méthodes d’achat de conscience, de manipulations et autres dans le but de soudoyer les meneurs de ces revendications.

Le cas le plus révélateur aujourd’hui reste Abou Sedou, cet ancien président du Mouvement pour l’épanouissement de l’étudiant togolais (MEET) qui, après avoir drainé des milliers d’étudiants derrière lui en réclamant de meilleures conditions d’études, a fini dans la mangeoire. Il est aujourd’hui le militant attitré de UNIR, avec les privilèges dont il bénéficie.

Pour le moment, Foly Satchivi tient le coup.

I.K

www.icilome.com