Par K. Monzonla, togo-online.co.uk
Face à la presse ce mardi au siège de la CDPA, la coalition des 14 partis politiques de l’opposition s’indigne de la façon dont la CEDEAO mène la méditation mais ne claque nullement la porte. Elle reste disponible à tout appel à discussion, tout en restant dans la rue jusqu’à satisfaction totale.
“Nous n’accepterons pas que la CEDEAO nous mène à l’abattoir. Nous serons dans les rues. S’ils nous appellent, nous irons écouter et nous retournerons ensuite dans la rue” a indiqué Madame Brigitte Kafui ADJAMAGBO JOHNSON, coordinatrice de la C14.
Selon Jean-Pierre Fabre, président national de l’ANC et chef de file de l’opposition, “la C14 n’ira pas aux élections législatives que le régime prépare dans des conditions anormales”.
Dans sa déclaration liminaire, la C14 pose des préalables, seule garantie pour la tenue d’élections libres, démocratiques et transparentes au Togo.
Ci-dessous la déclaration liminaire
La Coalition des 14 partis politiques de l’opposition démocratique vous remercie de cette opportunité que vous lui offrez de communiquer à travers vos médias respectifs, à l’opinion nationale, aux Togolais de l’étranger et à l’opinion internationale une décision d’une grande importance.
Mais avant toute chose, nous vous devons le compte-rendu des rencontres de concertation d’une délégation de la coalition avec le Président de la République de Guinée, Son Excellence, le Professeur Alpha Condé, co-facilitateur dans le règlement de la crise togolaise.
Ces rencontres se sont déroulées du 03 au 06 novembre 2018 en présence des
membres du comité de suivi de la mise en œuvre de la feuille de route de la CEDEAO pour le Togo, notamment le ministre ghanéen de la sécurité nationale,
M. Kan-Dappah, représentant du co-facilitateur ghanéen, Son Excellence Nana Addo Akufo-Addo, président de la République du Ghana, M. Tibou Kamara,
ministre d’Etat chargé de l’industrie de la République de Guinée, M. Jean-Claude Brou, président de la commission de la CEDEAO, Général Francis Béhanzin,
commissaire Affaires Politiques, Paix et Sécurité de la CEDEAO et M. Garba Lompo représentant permanent de la CEDEAO au Togo.
Après des débats et échanges, le Président de la République de Guinée, Son Excellence, le Professeur Alpha Condé, co-facilitateur dans le règlement de la crise togolaise a communiqué à notre délégation les décisions suivantes :
- Concernant la recomposition paritaire de la CENI, il a été acté que le dernier représentant de la coalition soit nommé par l’Assemblée nationale
conformément à la décision du comité de suivi le 23 septembre 2018. - Concernant le consensus sur la présidence de la CENI, il a été convenu que
ce poste sera occupé par un non togolais. - Concernant les mesures d’apaisement notamment la libération des 44 prisonniers politiques encore en détention, promesse ferme a été faite à la coalition que les représentants des facilitateurs feront en personne une visitedes prisons de Lomé, Sokodé, Kara, Mango et Dapaong pour se faire une idée précise du nombre de détenus et de leur situation judiciaire.
- Concernant le recensement électoral, le facilitateur a exhorté la coalition à étudier l’offre du gouvernement d’une prorogation des inscriptions sur les listes électorales. La coalition a fait observer que la seule façon de régler le problème du recensement reste une reprise pure et simple car les irrégularités issues du recensement unilatéral étaient impossibles à corriger.
- Sur les autres préoccupations de la coalition, le facilitateur, Son Excellence, Professeur Alpha Condé, suite à une demande de clarifications et précisions utiles a promis de donner à la coalition des réponses idoines après une large consultation des Chefs d’Etats de la CEDEAO.
La délégation de la coalition des 14 partis politiques de l’opposition a quitté Conakry le 6 novembre 2018 avec la promesse qu’un relevé de conclusions de la rencontre lui sera communiqué avant toute publication dans les 24h.
La coalition n’a pas du tout été contactée comme prévu et elle n’a reçu aucune notification officielle avant la publication du communiqué. Elle a découvert comme tous les Togolais sur les réseaux sociaux un communiqué des facilitateurs de la CEDEAO en date du 09 novembre 2018. Le communiqué ne lui a été finalement notifié que le lundi 12 novembre à 11h42.
La coalition des 14 partis politiques de l’opposition s’indigne de la manière cavalière et méprisante dont l’institution sous-régionale traite le peuple togolais.
Elle rappelle que malgré les précédents de 2005, elle a donné une chance à la paix en acceptant la facilitation de la CEDEAO pour contribuer à résoudre la crise togolaise.
Tout en prenant acte du droit qui lui a été reconnu de désigner ses 8 représentants à la CENI, la coalition des 14 partis politiques de l’opposition exprime son désaccord sur les autres points du communiqué.
Elle invite la CEDEAO à tirer toutes les conséquences des violations répétées de la feuille de route par le régime togolais.
La Coalition des 14 partis politiques de l’Opposition togolaise réitère les
préoccupations qu’elle avait soulevées à plusieurs reprises notamment lors de la réunion du Comité de suivi du 23 septembre 2018 et de la rencontre de
concertation de Conakry des 03 au 06 novembre 2018. Elle rappelle que pourtoutes ces préoccupations les Représentants des deux Facilitateurs devaient rendre
compte à leurs mandants afin de leur permettre de prendre toutes initiatives propres à assurer leur mise en œuvre.
Ces préoccupations concernent :
- le consensus sur la présidence de la CENI ;
- la composition équilibrée des démembrements de la CENI à savoir les Commissions Electorales Locales Indépendantes (CELI) et les Comités des Listes et Cartes (CLC) ;
- l’abandon de la présidence des CELI par des magistrats ès qualité ;
- l’élaboration d’un chronogramme électoral consensuel par la CENI dans sa nouvelle composition avec l’appui des experts;
- l’étude et l’adoption d’un découpage électoral équitable et conforme au principe un homme une voix admis en démocratie ;
- l’arrêt du processus en cours entamé sans la participation de l’opposition et plus spécialement l’annulation du recensement électoral du 1er Octobre 2018 ;
- l’adoption d’un recensement biométrique intégral permettant la vérification formelle du porteur de la carte d’électeur au moment du vote ;
- l’adoption du mode de scrutin uninominal majoritaire à deux tours pour les législatives ;
- le vote des Togolais de l’étranger pour les législatives en cours de préparation ;
- les mesures d’apaisement.
En conséquence, ses 8 représentants à la CENI ne prêteront serment devant la Cour Constitutionnelle qu’une fois ces préoccupations prises en compte. Un
courrier est envoyé en ce sens aux facilitateurs.
La coalition rappelle que la seule façon de régler le problème du recensement reste une reprise pure et simple. Elle invite donc les populations à boycotter la prorogation de 3 jours du recensement unilatéral prévu du 16 au 18 novembre 2018 par le régime togolais.
La coalition informe les populations qu’elle continue de sensibiliser les partenaires du Togo afin que leur contribution tienne compte du risque réel que représente la posture rigide du régime qui s’entête à imposer une élection dont les conditions d’organisation sont rejetées par la grande majorité des Togolais.
La coalition confirme son appel à manifester pacifiquement le samedi 17 novembre 2018 à Lomé.
Togolaises et Togolais des villes et campagnes du Togo et de la diaspora, organisations de défense des droits de l’homme, associations de presse, syndicats et associations de la société civile, travailleurs des secteurs publics et privés, revendeuses des marchés, taximen, zémidjans, étudiants, munis de drapelets
togolais, une fois encore, soyons tous au rendez-vous le samedi 17 novembre pour réclamer :
- Les réformes constitutionnelles institutionnelles ;
- La révision du cadre électoral y compris le droit de vote des Togolais de la diaspora ;
- L’arrêt immédiat du processus électoral en cours ;
- La libération des manifestants et acteurs de la société civile arrêtés dans l’exercice de leur droit constitutionnel et la levée de l’Etat de siège de fait des villes de Mango, Bafilo, Sokodé, Tchamba, Kara et des quartiers de Lomé ;
- L’arrêt immédiat des rafles dans les quartiers de Lomé et sur toute l’étendue du territoire ;
- Le retour des réfugiés et des déplacés y compris le président national du PNP, Tikpi Atchadam.
Les points de départ sont :
Point de départ numéro 1 : Rond-point Gakpoto
Point de départ numéro 2 : Rond-point Marché de Bè
Le point de chute unique étant le Rond-point Eglise des Assemblées de Dieu Anfamé.
La lutte populaire est invincible
Fait à Lomé, le 13 novembre 2018
La Coalition
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