Eh oui, nous sommes tombés sur la tête au Togo. Le Premier ministre de la République qui se transporte à la tête d’une manifestation de rue un jour ouvrable, avec les membres de son gouvernement, le président de l’Assemblée nationale et celui de la Cour Constitutionnelle et les hauts fonctionnaires de l’Etat pour défier l’opposition qui réclame des réformes politiques, gages d’un Togo démocratique et prospère, il faut être au royaume des Gnassingbé pour voir ça. Le casting des personnalités présentes à cette « marche de la honte » comme on la qualifie dans beaucoup de milieux ne surprend guère.
Au lendemain de la présidentielle de 2015, les mêmes personnalités, le président de la Cour constitutionnelle, Aboudou Assouma, le président de l’assemblée nationale, Dama Dramani, les responsables des institutions de la république ont dansé, mouchoir blanc en main, comme des marionnettes, pour célébrer la « brillante victoire » de Faure Gnassingbé.
Mais comment peut-il en être autrement ? Quand on a passé toute sa vie à se professionnaliser dans les marches de soutien et la lecture de motions, on ne peut que garder ses vieux réflexes hideux, même si on devient un grand commis de l’Etat qui plus est, Premier ministre de la République.
Que peut faire d’autre un Premier ministre rossignol qui n’« ouvre sa bouche » que pour chanter matin, midi et soir des louanges à son bienfaiteur que de manifester dans la rue à la gloire de Faure Gnassingbé ?
Que peut faire d’autre un Premier ministre qui se particularise par ses reflexes à se fondre de façon intempestive en gratitudes à l’endroit de Faure Gnassingbé sur toutes les tribunes qui s’offrent à lui, que de marcher pour soutenir ce dernier ?
Que peut faire d’autre un Premier ministre dépouillé de toutes ses prérogatives par une constitution taillée sur mesure et qui passe son temps à inaugurer les chrysanthèmes, c’est-à-dire à ouvrir et à « fermer » les séminaires de renforcement de capacités que d’abandonner son bureau et arpenter les rues?
Un Premier ministre n’est pas au service d’un parti ou d’un homme, mais de tout un peuple. Et de ce fait, il devrait faire preuve de hauteur, être au-dessus de la mêlée. Mais l’attitude pathétique de Selom Komi Klassou dénote qu’il ne se considère pas comme un Premier ministre de tous les Togolais mais un chef du gouvernement UNIR.
En tout cas, il ne restait qu’à Faure Gnassingbé himself de descendre dans la rue pour que le tableau soit au complet.
Source : Liberté
27Avril.com