Dans les acarnes des
Universités du Togo, c’est la déchéance qui est en vogue. Ce n’est plus la
production du savoir, mais la « politique du ventre » qui devient la
boussole des intellectuels censés éclairer l’opinion. Dans le temple du savoir,
l’hémorragie de la déchéance ne compte pas s’arrêter, du moins pour le moment,
tant DodziKokoroko, Président de l’Université de Lomé et son colistier
Ferdinand AdamaKpodar, Vice-président de l’Université de Kara, seront maintenus
bien qu’il soient sanctionnés par le CAMES pour violation du code éthique.
On croyait que le Togo
allait tirer les « conséquences disciplinaires et pourquoi pas pénales des
sanctions du Cames », mais c’est plutôt le contraire.
Mieux, ces deux
colistiers continuent de narguer leurs collègues en surfant non seulement sur
leur appartenance au régime dynastique qui régente le pays depuis 1967, mais
aussi sur le manque de courage des universitaires. En réalité, le maintien de
Kokoroko et de Kpodar à leur poste sert de caution morale à leurs pratiques
quipourraient inspirer les étudiants. A l’Université de Kara, le week-end
dernier, le Vice-président Ferdinand AdamaKpodar a transformé une rencontre
avec les étudiants pour recenser leurs doléances, en une opération de charme
pour Faure Gnassingbé. « Nous sollicitons vos voix pour accompagner le
Chef de l’Etat dans ce projet-là. Est-ce que vous avez vu la manière dont
lui-même se déplace pour mobiliser les fonds ? Le temps des résultats
viendra. Chacun doit faire sa part. Nous devons faire notre part en accompagnant
le Chef de l’Etat pour que nous puissions voir le fruit de ce PND. Le moment
des résultats viendra où le chef de l’Etat et son gouvernement feront le bilan
les résultats de ce PND», a-t-il clamé avec véhémence aux étudiants. Il tentait
de les persuader sur les richesses et les promesses du PND, un projet mort-né
qu’il vantait en leur faisant croire que le ‘’Prince’’ pense à eux. Dans
l’institution éducative, de tels propos de la part de Kpodar suscitent beaucoup
de questions. A-t-il une conscience exacte de sa mission de Vice-président de
l’Université ? Que peut-on en tirer comme conséquence ?
Sans douter de son
niveau intellectuel, on se demande s’il prend la mesure des responsabilités qui
lui sont assignées à ce poste. Dans tous les cas, son discours est l’attestation
du rôle d’une marionnette qui travaille non pour le développement et
l’épanouissement de l’institution qu’il dirige. Sinon pourquoi se sent-il si
obligé se donner en spectacle ? S’il le fait, c’est que d’une part il
défend l’autorité qui le maintient au poste malgré les sanctions du CAMES. A
priori, le fait d’avoir été reçu au concours d’agrégation n’est pas une faveur
du ‘’Prince’’. Alors qu’est-ce qui peut justifier un tel discours devant les
étudiants ? Il aurait pu mieux faire avec subtilité. « Mais si cette
subtilité même n’existe pas, c’est qu’il sait que son avenir dépend de la
victoire du Président et dans ce cas, il demeure de sérieux doutes de ses
mérites », a confié une source. Tout porte à croire que c’est une forme de
déchéance qui confirme les dérives déjà pointées du doigt par le CAMES.
Dans une interview accordée au confrère De Cive dans la foulée, de l’affaire dite du CAMES, voici les révélations queProf Victor Topanou avait faites de lui : « Lui était venu me dire ici à Cotonou –pas par personne interposée– à moi-même directement: « Victor j’ai envie d’être candidat au poste de président du CTS Droit et Sciences-Po. J’ai besoin de ton soutien. Il faut que tu obtiennes des représentants de ta Faculté de voter pour moi à cette occasion-là». C’était en 2013. Et il ajoute : « Si je suis élu, je peux favoriser latitularisation de Salami, de Dandi ou d’Adénoui. Mais quelqu’un comme Ayivor ne sera jamais titulaire ». Je dis : « Oh ! C’est ça ton programme d’action ? ». Et comme moi j’avais de bons rapports avec le professeur Ahadji, alors Président de l’Université de Lomé, je l’ai appelé pour le tenir au courant. Et, comme la providence fait bien les choses cette année-là, il arrive au CTS très en retard. C’est scandaleux. Ma première intention était de prendre des mesures: plus aucun des Togolais qui viendra intervenir dans nos programmes ne soit admis. Plus aucun. Que ce soit lui ou que ce soit Kokoroko. Que ce soient d’autres. Et Ahadji de me dire non, « Tu ne vas pas faire ça. La coopération entre nos 2 Facultés nous a été léguée par nos anciens. Ce que nous avons à faire, c’est juste de la gérer, la transmettre aux générations futures. Mais moi-même je viens à Cotonou dans quelques semaines pour un enseignement. Si tu ne trouves pas d’inconvénients, je le fais venir, puis on en parle ». Droit d’aînesse oblige, j’ai dit « pas de problème ». Effectivement, ça a été fait. Il fait venir Kokoroko et Kpodar. On tient une réunion à 8. Côté togolais, il y avait les 3, Ahadji, Kokoroko et Kpodar. Et côté béninois, il y avait moimême, Ayivor, Salami, Adénoui et Baguidji. La réunion a été coprésidée par les 2 plus anciens, Ahadji côté togolais et Baguidi côté béninois. Ahadji me demandait de relater le problème. Donc j’ai répété. Naturellement, il se retourne vers Kpodar et demande s’il confirme. Et il a confirmé en disant qu’il ne sait plus dans quelle condition il était quand il l’a dit. Ahadji a essayé après d’expliquer que ça ne devrait pas être des choses qu’on devait dire, qu’il ne souhaiterait plus entendre des choses comme ça ».
source: L’Alternative Togo
Source : TogoActu24.com