C’est en ces termes que je voudrais ici rendre un vibrant hommage à un grand homme, un grand frère, un ami….bref le panafricaniste hors paire que moi aussi j’ai eu la chance de connaître, d’approcher de plus prêt et de sympathiser avec lui.
C’était dans les années 90, aux forts moments de la lutte du Peuple Togolais pour un peu plus d’espace de liberté. A l’époque je dirigeais le Journal Privé ” Sentinelle”. L’occasion de notre rencontre est fortuite, et je me plaits de ne plus y revenir. Mais depuis lors, j’ai eu le privilège de vivre dans les entourages de cet homme comme un très sincère ami, un conseiller voire un confident.
Jeune que j’étais, il me faisait confiance et n’hésitait pas à partager avec moi, ses inquiétudes et des secrets les plus profonds. Il était immense, dense et ses analyses sur les questions d’actualité politiques nationales et internationales étaient tellement profondes que parfois il fallait se référer à son parcours pour comprendre certaines de ses positions.
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Incompris, oui, il le fut et ceci pour tous ceux qui, à la place d’une estime, était plutôt un peu jaloux de sa personnalité et avaient peur qu’il leur dame le pion dans cette course vers la conquête du pouvoir au Togo. Du coup, on n’hésitait pas à le vouer aux gémonies en ressortant à chaque occasion, son implication dans la création de ce grand parti unique le RPT dont le livre vert lui est imputé.
Edem Kodjo avait l’habitude de me dire “Lucien, le livre vert était une nécessité de l’heure. S’il avait été suivi à la lettre, nous serions parvenu à créer les bases d’une Nation Togolaise forte qui allait s’ouvrir à une démocratie sans toutes les difficultés et incompréhensions auxquelles nous faisons face actuellement. Malheureusement, les fondements ont été déviés…..”.
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Edem Kodjo voulait le meilleur pour son Pays et savait le chemin à emprunter. Malheureusement, les rivalités politiques des uns et des autres ne lui ont pas permis de dérouler tous ses projets. Les problèmes nés aux lendemains des législatives de 93 qui ont vu une majorité Car-Utd à l’hémicycle avant que des incompréhensions ne soient nées , ont très durement touché l’homme, le tout appuyé peu après par le retrait du CODII de l’élection présidentielle de 1994, retrait dû aux jeux de croque-en-jambes alors que tout donnait KODJO vainqueur de ce scrutin.
Des collègues à lui savent aujourd’hui encore le jeu trouble que certains ont joué pour détruire ce rêve d’une alternance qui se dessinait alors au Togo. Un collègue journaliste et moi, avions joué un grand rôle dans cette épisode en cherchant à concilier les positions pour éviter cette situation au Pays, mais hélas….
Avant qu’un article dans lequel mon journal dénonçait un comportement économique pervers depuis les hautes sphères de l’Etat ne m’oblige à quitter le Pays pour l’exil, Il n’y avait pas de jour où je n’étais pas avec KODJO chez lui à la maison ou au bureau….Il était à l’époque Premier Ministre…..
Après mon départ pour l’exil, nous étions encore restés en contact permanent. Pour ceux qui disent de KODJO qu’il serait un homme imbu de sa personne, je dirai que KODJO était celui qu’on pouvait rencontrer très facilement, pour peu qu’on lui démontre une capacité de compréhension et d’ouverture d’esprit. Ses collègues du CODII disaient de lui qu’il était leur clé vers toutes les sommités Internationales…
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En cette disparition de Edem Kodjo, je déduis que le Togo perd un monument….
Paix à son ‘me! Adieu Grand homme ! Adieu Grand frère ! Adieu Grand Ami! Que le Seigneur Dieu d’amour et de bonté t’accueille dans son Royaume et t’ouvre les portes de son paradis.
Adieu le Roi! Que la terre te soit légère !
Lucien Hounkanli
Source : Togoweb.net