Communiqué conjoint du 4 Juillet 2020 adressé au Peuple Togolais
Réseau de la Coordination de la Diaspora Togolaise Independante (RCDTI) et Collectif pour la Vérité des Urnes – Togo – Diaspora (CVU-togo-diaspora)
Contact : [email protected] qui transmettra
Une lutte pour faire partir un autocrate du pouvoir ne peut être gagnée sans que les responsables religieux ne prennent position. Le cas du Togo demeure emblématique, surtout à la lumière du rôle joué par les religieux dans des pays comme la République Démocratique du Congo ou plus récemment le Mali.
1. Verite et Justice : Fondement d’une Issue à la Crise Togolaise qui perdure
Le problème est que quand ces derniers prennent position pour le pouvoir, ou que le flou de leurs déclarations et leur lisibilité en déconcerte plus d’un, alors volontairement ou pas, ils permettent en fait au pouvoir de s’accommoder du non droit qui encourage celui-ci aux abus de pouvoir. Par ailleurs, aujourd’hui, les responsables de l’opposition togolaise doivent prendre conscience que leurs trajectoires et stratégies passées sans propositions alternatives pour le Peuple togolais les ont conduits dans l’impasse. Aussi, ils doivent d’abord le reconnaître publiquement.
Au Mali, c’est l’entrée en lice des religieux qui a conduit le pouvoir à se rendre compte du niveau de mécontentement dans le pays. La mauvaise gouvernance que subit le Peuple malien est alors mise sur la table des discussions sur des bases paritaires, sans entourloupette comme au Togo de la Communauté économique et de développement des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) dépêchée en catastrophe. Le Togo n’est pas le Mali ! Aussi, il faut toujours apprécier le travail de lanceurs d’alerte, surtout s’il s’agit, exceptionnellement et parfois tardivement, de la Conférence des évêques du Togo (CET).
Il est donc important que le rôle des religions, des évêques catholiques en particulier, dans l’impossible alternance et l’absence d’alternative au Togo, soit expliqué par d’autres acteurs politiques ou de la société civile, qu’exclusivement par les évêques eux-mêmes. Sinon, les réseaux sociaux qui utilisent les noms comme « collaborateurs », « traîtres » pour les désigner, risquent de transformer les allégations en réalité.
Pourtant, la conférence des Évêques du Togo, ainsi que de nombreux religieux toutes confessions confondues ont réfléchi aux éventuelles démarches à entreprendre en vue d’aider à trouver une issue à cette crise togolaise qui perdure, et semble sans solutions pacifiques.
Alors, il convient de prolonger le travail de lanceur d’alerte de la CET en suggérant la voie de la vérité et de la justice, un passage obligé pour obtenir le soutien nécessaire à l’exécution de la volonté de la majorité du Peuple togolais.
2. Les Évêques du Togo : Etre plus Audibles et plus Audacieux
Les évêques togolais se réunissent régulièrement pour exprimer leur point de vue sur l’Etat du Togo. C’est ainsi qu’entre le 16 et 19 juin 2020 a eu lieu la 124e session ordinaire de la Conférence des Évêques du Togo (CET 1) organisée par vidéo conférence – du fait du COVID-19, en présence du Nonce Apostolique 2 en charge du Bénin et du Togo, Monseigneur Brian Udaigwe. Ce dernier était en fin de mission diplomatique et ecclésiale dans la région et a été nommé le 13 juin 2020 au Sri Lanka. Celui-ci aurait oublié de fournir les preuves d’une instruction du Pape François sommant certains évêques émérites de ne pas s’impliquer dans la vie de la nation togolaise, autrement dit, de ne pas s’immiscer dans le débat politique pour certains, de faire de la politique pour d’autres. Personne ne peut dire pour l’instant, si c’est cette décision ou une certaine proximité bienveillante avec les pouvoirs en place qui aurait poussé le Pape à l’envoyer sur un autre continent, au terme de ses 7 années de service dans la région.
Le Président actuel de la CET serait Mgr Benoît Alowonou. D’après nos investigations, l’homogénéité ne serait pas de mise au sein de la CET. Certains évêques seraient « alignés » sur le pouvoir de Faure Gnassingbé par souci d’obéissance zélée. D’autres seraient plus critiques mais sont sous les fourches caudines de l’omerta et de la pensée unique du fait de l’organisation pyramidale et militaire de l’église catholique romaine. Somme toute, d’autres encore seraient plus enclins à trouver systématiquement des passerelles pour garder les liens entre toutes les oppositions, croyant ainsi jouer aux équilibristes. Un jeu risqué qui les contraint à subir parfois les menaces et chantages entretenus par le rapport de forces très prégnant qu’exerce le système du parti au pouvoir (RPT/UNIR) sur tout ce qui ne s’inscrit pas dans sa logique. Ce que le régime Gnassingbé, père et fils peut faire subir à chaque citoyen, il peut le faire subir aux ecclésiastiques. D’ailleurs par le passé, le régime Eyadéma, par le bras armé de ses militaires, n’a pas hésité à « fesser » un prêtre, le prêtre Benoit au Togo 3. D’autres enfin, plus discrets, sont de véritables révolutionnaires au sens de Jésus-Christ, mais leurs idées et suggestions sont empêchées par divers moyens de franchir le barrage des conservateurs.
Il faut aussi savoir que certaines villes comme la capitale togolaise Lomé, auraient plus d’importance que d’autres. Mgr Nicodème Barrigah-Benissan, archevêque de la grande métropole de Lomé, a une influence non négligeable, que sa modération et sa discrétion légendaires ne sauraient dissimuler. Il est connu comme un diplomate, un musicien et un ex-Président de la « Commission Vérité, Justice et Réconciliation » (CVJR). Ladite structure, non-indépendante de l’Etat togolais, était censée offrir au Peuple togolais, une justice transitionnelle et des réparations, avec la promesse d’engager le Togo sur le chemin de la réconciliation nationale. De justice, il n’y eût point jusqu’à ce jour.
Depuis la clôture des travaux de la CVJR, dont les auditions ont permis de mettre à jour la pratique de crimes contre l’humanité au Togo à certaines périodes de son histoire, le constat est que la justice officielle du Togo, non indépendante comme chacun sait, a jusqu’à présent été empêchée de mener la moindre instruction, de tenir le moindre procès et de prononcer la moindre condamnation. Ainsi rien ne vient déranger les plans de l’Etat Gnassingbé, dont la pratique de l’impunité est la pierre angulaire de toutes ses pratiques de gouvernement. Une sorte de sport national. Malheureusement, la mise en œuvre des recommandations de la CVJR a été confiée à une autre structure gouvernementale, le Haut-Commissariat à la Réconciliation et au Renforcement de l’Unité Nationale (HCRRUN) qui n’a permis, ni à la vérité, ni à la justice, ni à la réconciliation d’éclore au Togo. Les réparations individuelles relèvent du saupoudrage. Quant aux réparations communautaires et collectives, leur caractère dérisoire s’apparente à un abus de langage pour ne pas indemniser. Huit ans après la fin des travaux de la CVJR la réalité est que l’impunité perdure au Togo. La colère qu’elle engendre n’est pas sans faire penser à des réactions hors-contrôle parce que la vérité et la justice sont bridées. On ne peut pas dire que les responsables religieux soient des « acteurs dynamiques » pour faire briller la vérité et la justice, surtout quand leur mot d’ordre, sous prétexte de paix et de modération extrême, consiste à « calmer » le Peuple et sa soif d’insurrection et de changement.
Ce dont les citoyens togolais s’étonnent aujourd’hui c’est que durant cette longue période, la « modération » et « la discrétion légendaire » de Mgr Nicodème Barrigah-Benissan ne l’ont pas fait oublier d’interpeller officieusement Faure Gnassingbé à plusieurs reprises, pour lui demander de tenir ses promesses en matière de réparations et de justice. En tant que porte-parole principal auprès du Chef de l’Etat du Togo, il ne peut pas avoir été marabouté par l’esprit de l’amnésie qui l’aurait fait oublier que la vérité précède toujours la justice, qui elle-même facilite le retour de la confiance et donc la réviviscence d’une « VRAIE » réconciliation. Aujourd’hui, les recommandations de la CVJR contenus dans des quatre rapports impossibles à retrouver, témoignent de la « fausse » vigueur qui accompagne une véritable volonté d’offrir au peuple du Togo, mais aussi au Peuple de Dieu, la vérité et la justice sur les crimes commis par des responsables démembrés de l’Etat togolais.
Malheureusement, ni ses prières, ni son approche peu transparente n’ont permis à ce jour à la justice de retrouver ses droits au Togo. Entretemps, les actions des citoyens devant une justice indépendante et non alignée sur le système de Faure Gnassingbé et son réseaux ésotériques est systématiquement repoussée loin, très loin dans le temps, au point de repousser même le jour de jugement dans un temps indéfini.
Ainsi, la réalité sur le terrain est tout autre de ce que déclare le Gouvernement auprès des Chancelleries, qui par un silence coupable s’accommodent d’un Etat de fait liberticide, au lieu de soutenir la population pour un Etat de droit.
La justice n’a pas été rendue au Togo, malgré un travail important synthétisé en un rapport au Gouvernement en quatre volumes par la CVJR. Certains des volumes les plus compromettants pour le Gouvernement togolais et ses agents responsables des violences et des crimes semblent avoir disparu, alors qu’ils n’ont jamais été accessibles aux citoyens togolais. Alors, faut-il attendre que toutes les preuves aient disparu ? NON ! La conférence des évêques du Togo doit parler de manière plus audible, cela suppose d’être plus courageux et plus audacieux.
Après avoir subi durant 54 ans le joug dictatorial puis autocratique, une partie majoritaire des citoyennes et citoyens togolais ne doutent pas qu’à défaut de la justice temporelle, la justice immanente fera un jour son œuvre. Mais pour l’heure, alors que les bourreaux poltrons sévissent en catimini avec des crimes de sang et des crimes économiques, la majorité du peuple togolais est devenu une victime expiatoire, sans rédemption. Ce Peuple-victime est donc las des paroles mielleuses et réclament des actes concrets de recherche de la vérité et de la justice ! Attention tout de même, que la pression du pouvoir et la peur ne conduisent certains des religieux de tous bords et de toutes obédiences à vouloir systématiquement d’abord pardonner à ceux qui ont été identifiés par la Conférence des évêques du Togo comme de véritables responsables des « violences et assassinats » … Alors, le prix du courage et d’audace sera la révélation de la vérité par la justice.
Il ne faut donc pas se fier aux apparences, mais bien juger sur les résultats obtenus pour le Peuple togolais. Aujourd’hui, les résultats atteints par le système RPT/UNIR et ses réseaux se font aux dépens de ce Peuple victime. Aussi, au Togo, si l’habit ne fait pas le moine, néanmoins on ne doit plus continuer à reconnaître le moine par son habit, mais par sa capacité à servir de témoin à la vérité et à la justice.
3. Conference des Évêques du Togo : Des Lanceurs d’alerte partiels
Pourtant, la Conférence des Evêques du Togo (CET) a pour but de créer un climat de concertation régulière entre tous ceux qui partagent les objectifs de la CET, d’harmoniser les formes d’apprentissage méthodologique de l’apostolat, ce selon une clé de répartition thématique et géographique.
Les secteurs d’apostolat comportent les rubriques suivantes : « Clergé, Séminaires, Religieux, Enseignement, Religions traditionnelles, Moyens de communication sociale, Œcuménisme, Migrants et Tourisme Catéchèse, Liturgie, Pastorale des Sacrements, Apostolat des Laïcs, Action Sociale 4 ».
A y regarder avec beaucoup de précision, RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA n’ont pas trouvé les thèmes transversaux aussi importants que la politique, l’économie, l’environnement, la santé, la justice, ni d’ailleurs « l’obéissance à la hiérarchie ». Pourtant, tous ces thèmes et bien d’autres font régulièrement l’objet de discussions et, de temps à autre, de positions officielles partagées avec le public. Autrement dit, la Conférence des Evêques du Togo fonctionne comme un véritable « lanceur d’alerte » mais partiel. Cela offre un message brouillé, loin de la lumière qui sied à des « agents » de la vérité, de la justice et de l’impartialité qu’ils devraient être.
Un « lanceur d’alerte » peut être un individu ou une organisation qui permet d’avancer vers plus de transparence dans l’information, mais aussi pour aider à l’établissement de la vérité pour le grand public. Il est possible d’y révéler des informations sensibles sur des personnes, des entreprises, des institutions y compris les politiques et les forces armées togolaises, ayant porté ou portant atteinte aux intérêts du citoyen, – une femme ou un homme -, de la société, ou même de l’environnement au Togo. Le principe est de permettre, aussi pacifiquement que possible, de diffuser de l’information pour que la vérité corresponde avec la réalité du passé, du présent et du futur.
Le 25 mars 2011, la Conférence des Evêques du Togo rappelait ceci : « L’Evêque, telle une sentinelle toujours en éveil, a reçu charge et mission d’enseigner et de rappeler à tous, l’Evangile de la vie. « Maître de perfection », il est appelé à indiquer, partout et en tout temps, le chemin de la vérité et de la vie 5».
Compte tenu de l’organisation de la CET en termes de maillage du territoire togolais, les membres ou sympathisants de la CET sont aussi bien organisés que l’armée togolaise, la violence, les assassinats, les abus de droit et de pouvoir en moins. Sauf que le recrutement des prêtres est ouvert à tous et ne se fait pas comme dans l’armée togolaise, sur la base du clan et d’une ethnie qui fait croire à ceux qui veulent le croire, que sans le pouvoir, certains dirigeants de l’ethnie Kabyè ou ses affidés n’auront plus de pouvoir au Togo. Un mensonge d’Etat qui oppose une partie de l’armée respectueuse du droit togolais et la partie de l’armée togolaise qui est hors-la-loi, et bien au-dessus de la loi. C’est ainsi que cette partie des forces armées hors-la-loi, joue impunément au pyromane en « créant le désordre » aux fins de récupération de la situation et apparaître comme celle qui rétablit l’ordre et la paix, non sans abus de droit et de pouvoir.
Les Evêques et leurs adjoints au sens large, sont donc des têtes de pont pour lancer des alertes au Togo. Les Evêques et leurs collaborateurs directs ou indirects sont de véritables témoins de pratiques contraires aux principes de Dieu, aux principes élémentaires d’humanité, à l’intérêt général, à la Constitution togolaise, aux droits humains, aux droits des Peuple, à la vérité, à la justice, bref à la paix. Aussi, les Evêques ont vocation à donner de l’importance à des faits méconnus qui concernent, individuellement ou collectivement, le citoyen ou le Peuple togolais y compris la Diaspora. Ces faits méconnus, sont à l’origine d’ailleurs du soutien inconditionnel de certains citoyens, mal informés, à des responsables politiques coupables de crimes politiques, économiques, sociaux, environnementaux et culturels, voire cultuels.
Il est d’ailleurs possible, en passant par un juge indépendant, de donner une large audience, aux lanceurs d’alerte tout en préservant leurs sources et leur anonymat.
4. Violences et Assassinats au Togo : La Prière Seule Ne Suffit Pas !
Pourtant, dans le Préambule de la nouvelle Constitution togolaise datant du 15 mai 2019, le Peuple togolais, placé « sous la protection de Dieu », ne peut « bâtir un État de Droit dans lequel les droits fondamentaux de l’homme, les libertés publiques et la dignité de la personne humaine doivent être garantis et protégés » si la CET continue à seulement constater les violences et les assassinats.
Conformément à ce qui est inscrit dans le Préambule de la Loi fondamentale togolaise, le CET doit prendre conscience qu’un Etat « fondé que sur le pluralisme politique, les principes de la démocratie et de la protection des Droits de l’Homme tels que définis par la Charte des Nations unies de 1945, la Déclaration universelle des Droits de l’Homme de 1948 et les pactes internationaux de 1966, la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples adoptée en 1981 par l’Organisation de l’Unité Africaine » ne peut agir pour la paix si les composantes du Peuple togolais, y compris la CET, ne souhaitent pas ou n’ont pas la ferme volonté de « combattre tout régime politique fondé sur l’arbitraire, la dictature, l’injustice ».
Selon l’article 50 de la même Constitution togolaise, « les droits et devoirs, énoncés dans la Déclaration universelle des droits de l’homme et dans les instruments internationaux relatifs aux droits de l’homme, ratifiés par le Togo, font partie intégrante de la présente Constitution ». Alors, c’est quoi le problème de ceux qui ne respectent pas la Constitution de leur pays ?
Selon l’article 10 de la Constitution togolaise en vigueur, « Tout être humain porte en lui des droits inaliénables et imprescriptibles. La sauvegarde de ces droits est la finalité de toute communauté humaine. L’État a l’obligation de les respecter, de les garantir et de les protéger ». La réalité et le paradoxe sont que l’Etat togolais, en réalité l’Etat Eyadéma depuis plus de 53 ans, viole ces droits au vu et au su de tous. Alors, la question posée à la Conférence des Evêques du Togo est la suivante : que vaut l’obéissance à la hiérarchie si les autorités politiques ou la hiérarchie ecclésiale s’éloignent des droits inaliénables et imprescriptibles. Faut-il accepter « religieusement » l’obéissance aux ordres comme le font certains carriéristes dans l’armée togolaise comme au demeurant dans l’Eglise catholique alors qu’ils sont témoins de violences, d’arrestations arbitraires, de viols, de crimes et des assassinats qui font l’objet d’impunités au Togo ?
Pourtant, l’article 49 de la Constitution togolaise est clair : « Les forces de sécurité et de police, sous l’autorité du Gouvernement, ont pour mission de protéger le libre exercice des droits et des libertés, et de garantir la sécurité des citoyens et de leurs biens ». Pourquoi les forces armées togolaises méprisent la Constitution et n’obéissent qu’à des instructions internes ? Y aurait-il un Etat militarisé dans l’Etat togolais ? Compte tenu de l’incapacité à faire émerger la vérité sur des assassinats en son sein, les forces armées togolaises ne peuvent pas être considérées comme des Forces de sécurité républicaines.
Il est extrêmement difficile d’obtenir des preuves, des images, des vidéos des conditions où les violences ou les assassinats se sont exercés au Togo, car pour le pouvoir togolais, la disparition des preuves est un autre sport national, un pendant de l’impunité. Alors pourquoi en catimini, le Gouvernement togolais n’a pas voulu suivre dans sa totalité les recommandations du CVJR et pourquoi les évêques du Togo ont, collectivement, choisi une forme d’opacité qui s’apparente à l’« omerta », non conforme à la Loi togolaise et à la Charte africaine des Droits de l’Homme et des Peuples ? L’initiative citoyenne de RCDTI et de CVU-TOGO-DIASPORA repose sur le fait que le Togo dispose de suffisamment d’outils juridiques à sa disposition pour faire cesser l’impunité et faire triompher la vérité, la justice et la paix. Mais voilà, les collusions entre l’Etat togolais et la justice togolaise d’une part et entre l’Etat togolais et les réseaux ésotériques, militaires, mafieux et religieux, locaux ou internationaux d’autre part, ne sont pas de nature à faire émerger la vérité et la justice.
Alors, sans offenser personne, la Prière seule ne suffit pas. L’injustice appelle la correction. Pire, la prière pour sauver ceux qui sont responsables de violences et d’assassinats au Togo relève peut-être d’une absolution coupable, et donc de l’impunité. C’est alors que l’article 10 de Constitution togolaise prend toute son importance : « Tout être humain porte en lui des droits inaliénables et imprescriptibles. La sauvegarde de ces droits est la finalité de toute communauté humaine. L’État a l’obligation de les respecter, de les garantir et de les protéger ». Sur ce plan, l’Etat togolais a failli pour la très grande majorité des citoyens de ce pays, y compris les quelques deux millions de Togolaises et Togolais de la Diaspora, toujours pas recensé, et privé de droit de vote.
5. Crises Conjoncturelles au Togo : Le Devoir de Vérite passe par une Justice Indépendante
Sur un plan conjoncturel, le Togo a eu à faire face à au moins trois crises :
- le contentieux post-électoral de l’élection présidentielle de février 2020 et lié à la contre-vérité des urnes et l’inconstitutionnalité de la Cour constitutionnelle ;
- L’épidémie du coronavirus COVID-19 qui a conduit à un confinement et l’interruption, voire la disruption de nombreuses activités au point de faire courir le risque de mourir du COVID-19 ou de mourir à la maison pour défaut d’activité journalière de subsistance ; et
- Les conséquences de l’endettement du Togo et la récession économique même transitoire qui s’en suivra de manière décalée avec une augmentation du nombre de citoyens sans emplois et sans revenus.
Aussi, RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA partagent le constat connu de la situation togolaise et exprimé par la Conférence des Evêques du Togo notamment :
- l’absence d’une « sérieuse réforme du cadre électoral en vue d’élections libres, transparentes, crédibles et paisibles » retarde l’épanouissement de la démocratie au Togo ;
- la domination de la vie sociopolitique sera dominée par l’armée ;
- l’absence de séparation et d’indépendance entre les pouvoirs législatif et judiciaire contrairement à l’article Article 113 de la Constitution qui stipule que « le pouvoir judiciaire est indépendant du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif » ;
- la multiplication et la croissance de la corruption et l’impunité au Togo ;
- la désinformation de certains médias et les « mensonges » sur les réseaux sociaux comme stratégie de déstabilisation des personnes et des institutions ;
- la ruse comme moyen de conquête et de conservation de pouvoir ; et enfin,
- la non-condamnation de la violence doublée de la non-sanction et l’impunité des auteurs et des commanditaires.
Tout ceci constitue le fondement des « remous politiques inévitables » au Togo, créant un « climat d’insécurité » avec « son cortège de morts, de veuves, d’orphelins et de misère… ».
La question est de savoir pourquoi la Conférence des Evêques du Togo a attendu le mois de juin 2020 pour « tirer la sonnette d’alarme sur la gravité de la situation » au Togo ? Cela fait 53 ans que cela dure, avec un achat des consciences démultiplié au cours du règne usurpé de Faure Gnassingbé à la tête de l’Etat togolais.
Les Evêques ont rappelé quelques cas récents de violences et de meurtres émouvants et inavouables, de ceux qui se pratiquent en catimini et fondent l’insécurité au Togo : « le père de famille froidement abattu dans la nuit du 22 au 23 avril 2020 à Atakpamé, à deux pas de sa maison, jusqu’au Lieutenant-Colonel [Bitala Madjoulba] 6, Commandant de la Brigade d’Intervention Rapide (BIR), lâchement assassiné dans son bureau dans la nuit du 3 au 4 mai 2020, en passant par ce jeune laveur de voitures tué en plein jour, le 21 mai 2020, dans une rue de notre capitale à Avédji par des forces de sécurité et de défense, pour ne citer que ces derniers cas en date ».
Les Evêques ont mis en lumière au moins deux techniques principales qui sont utilisées par l’Etat togolais de Faure Gnassingbé et ses forces armées :
- l’impunité à visage découvert pour les auteurs de ces forfaits et crimes qui semble condamner le citoyen togolais à l’inaction ;
- les pressions psychologiques et morales parfois infligées aux parents et aux proches des victimes ainsi que les tentatives de corruption pour leur faire accepter l’inacceptable, notamment pour faire disparaître les preuves ou stopper toute velléité pour porter plainte devant des juridictions aux ordres du pouvoir ;
RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA partagent l’indignation et condamnent la destruction de l’humain et donc de la vie. Aussi, il est demandé aux victimes de toutes les formes de violence et d’injustice de se rapprocher de RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA avec des éléments de preuves afin de structurer, selon les règles du droit, un recours contentieux judiciaire devant une juridiction indépendante contre l’Etat togolais, principal responsable de toutes ces exactions.
La séparation des pouvoirs entre l’église et l’Etat est indispensable pour que la justice se fasse. La prière à Dieu en général, celle des Evêques en particulier, doit venir soutenir une action tangible de contestation de l’œuvre de la douleur gratuite et du mal engagés par l’Etat togolais contre le Peuple togolais : un recours contentieux de citoyens togolais contre l’Etat togolais.
L’avenir du Togo de demain passera par un devoir de vérité, une justice indépendante et un retour à une refondation de l’innocence. En effet certains citoyens ou groupes de citoyens ont choisi l’esclavage et la dépendance ésotériques pour assouvir des ambitions personnelles non sans tenter de neutraliser leurs adversaires spirituellement. Le paradoxe est qu’au vu des pitoyables résultats en termes d’avancée de la vérité des urnes et des comptes publics au Togo, cette approche les a privés de l’essentiel pour se régénérer, regénérer chaque citoyenne et citoyen, et de fait, regénérer le Togo. Il n’est jamais trop tard pour changer.
6. Recomandations de RCDTI et CVU-Togo-Diaspora à la CET
Aussi, RCDTI et CVU-TOGO-DIASPORA souhaiteraient que la Conférence des Evêques du Togo ou les Evêques et leurs collaborateurs, pris individuellement ou collectivement :
- prennent conscience que les preuves et témoignages pour prouver les violences, et les assassinats qu’ils ont relaté dans leur communiqué du 16 et 19 juin 2020 portant sur les conclusions de leur 124e session ordinaire, sont en train de disparaître, notamment sur les sites officiels proches ou liés au Gouvernement togolais.
- s’engagent devant le Peuple togolais à mettre à disposition devant un juge indépendant, ce en temps opportun, les éléments de preuves permettant à la vérité et aux responsabilités d’être révélés pour une refondation du Togo. Certains des volumes des rapports de la CVJR, notamment les plus compromettants pour le Gouvernement togolais et ses agents responsables des violences et des crimes, semblent avoir disparu.
- mettent en pratique leur fonction de « sentinelle toujours en éveil » et celle du « chemin de la vérité et de la vie » des femmes, des hommes et du Peuple togolais en acceptant de participer, en tant que partie civile, à un recours contentieux devant des juridictions indépendantes 7pour que la vérité et la justice servent de fondement pour refonder une grande majorité du Peuple togolais « innocent » des violences et des assassinats commis dans le pays ;
- ne se contentent plus de dénoncer des violences et des assassinats avec un temps de retard insoutenable du fait de la gravité des faits incriminés, mais aussi de prendre leur responsabilité individuelle et/ou collective, pour soutenir l’émergence de la vérité sur les arrestations arbitraires, des disparitions, des violences, des crimes, des assassinats, etc. au Togo devant une juridiction africaine et indépendante, ce dans le cadre d’un procès en préparation contre les abus de droit, de pouvoir, des violences de toutes sortes, des crimes et des assassinats abjects, sans compter les conséquences du non-droit ;
- fassent appel à Dieu pour les éclairer sur leur rôle de « sentinelle toujours en éveil » qui doit les mener vers le « chemin de la vérité et de la vie » des femmes, des hommes et du Peuple togolais, et enfin
- invitent chacun de leurs fidèles, citoyennes et citoyens togolais, comme au demeurant eux-mêmes individuellement ou collectivement, à se porter partie civile dans le futur procès devant des juridictions indépendantes. A défaut, d’inviter chacun à ne pas être complice de ces violences et de ces assassinats, en acceptant, en temps opportun, d’accepter d’être considéré comme un témoin, un témoin assisté si nécessaire ;
- se remémorisent l’article 150 alinéa 2 de la Constitution togolaise qui stipule que la désobéissance civile est aussi une œuvre d’obéissance à une Loi supérieure à celle de ceux qui commettent les violences et les assassinats au Togo. Aussi « en cas de coup d’État, ou de coup de force quelconque », […] et « dans ces circonstances, pour tout Togolais, désobéir et s’organiser pour faire échec à l’autorité illégitime constituent le plus sacré des droits et le plus impératif des devoirs » ; et enfin
- reconsidèrent leur définition de l’obéissance dans le contexte togolais car selon l’article 21 alinéa 5 de la Constitution togolaise : « Tout individu, tout agent de l’État est délié du devoir d’obéissance lorsque l’ordre reçu constitue une atteinte grave et manifeste au respect des droits de l’homme et des libertés publiques ».
7. Conclusion : Sur l’Avenir du Togo
Une fois cette étape de justice enclenchée, il faudra s’atteler à préparer et offrir un projet de société commun au Peuple togolais, afin de se mettre d’accord sur le socle commun de ce qui fait notre unité pour l’avenir du Togo. Si plusieurs projets sont concurrents, ils devront alors faire l’objet d’une présentation dans le cadre de conférences inclusives avec des votes démocratiques pour faire émerger le cadre commun. C’est donc ce devoir de vérité envers l’Etat togolais qui pourra déclencher une dynamique nouvelle si elle est arrimée sur un projet de société commun.
A force d’avoir refusé de faire ce travail indispensable, de nombreux responsables politiques de l’opposition institutionnelle ont conduit le Peuple dans l’impasse, non sans avoir opté pour des facilités alimentaires.
Aussi, l’avenir du Togo ne peut se faire avec ceux qui ont conduit ce Peuple dans l’impasse. Il faudra une alternative basée sur un projet et non sur des « hommes ou femmes ». Le projet alternatif offrira alors une chance pour inverser le rapport de force et servira de creuset pour une unité nationale patriotique retrouvée.
Le 4 juillet 2020.
La Direction du :
Réseau de Coordination de la Diaspora Togolaise Indépendante (RCDTI) et du
Collectif pour la Vérité des Urnes-Diaspora Togo (CVU-TOGO-DIASPORA) en partenariat avec toutes personnalités ou structures de la société civile indépendantes.
Comité de Rédaction : RCDTI, CVU-Togo-Diaspora eT Partenaires :
Yves Ekoué AMAÏZO, Dr.
Jean-Pierre Akoété BALIKPO
Ernesto D’ALMEIDA, Dr.
Mathieu D’ALMEIDA
Koffi DEKU, Ing.
François FABREGAT
Apélété Félix KODJO
Antoine Koffi OKOUTA
Antoine RANDOLPH, Dr.
Source : 27Avril.com