De la nécessité pour la Diaspora togolaise de s’impliquer

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Elle est très nombreuse, la population des Togolais de l’étranger. Ces Togolais représentent environ le tiers de la population du pays. Ils contribuent beaucoup financièrement à la vie économique nationale, avec des transferts de fonds ; des apports reconnus à leur juste valeur par les institutions financières internationales. Non seulement cela, ils ont des compétences dans différents domaines à faire valoir, mais malheureusement ont toujours été écartés de la vie politique de leur pays d’origine.

Et pourtant leur implication active dans la vie politique du Togo pourrait bien décanter le statu quo qui règne et aider le Togo à avancer, à l’instar de ses voisins. Une importance avérée de la diaspora togolaise Deux millions (2.000.000), c’est l’estimation du nombre de compatriotes vivant à l’étranger qui nous revient souvent de différentes sources, en l’absence de statistiques officielles – le pouvoir s’est toujours refusé de le faire, sans doute pour éviter de donner des raisons à ces compatriotes de réclamer une place dans la vie politique. Beaucoup de ces compatriotes résident sur le continent africain, mais la majeure partie vit en Occident (Europe, EtatsUnis, Canada, etc.). En termes de nombre de citoyens vivant loin du pays, la diaspora togolaise n’est pas la plus fournie dans le monde ou en Afrique. Mais considérée sous l’angle de ratio avec la population totale du pays, elle est non négligeable. C’est pratiquement le tiers des Togolais (autour de 7 millions d’habitants) qui vit à l’extérieur. Et c’est à juste titre que dans certains milieux, on aime à la désigner comme étant la 6e région du Togo.
Au-delà du nombre, la diaspora constitue une réserve de ressources humaines importantes et vitale pour le pays. Ces compatriotes sont porteurs de compétences réelles acquises, pour la plupart, dans leur pays d’accueil que ne leur pourrait pas garantir leur propre pays. On y trouve des économistes, des hommes d’affaires, des juristes, des professeurs d’université, des médecins, des politiques, des gens qui se sont fait des noms dans différents domaines. L’initiative du gouvernement dénommée « Réussites diaspora » mise en œuvre en janvier 2016 par le ministère des Affaires étrangères, a permis d’avoir, somme toute, une idée de ces compétences. Prof. Kodjo Agbossou, « Éducation » ; Dr Yves Vimegnon, « Santé » ; M. Benjamin Agboli, « Économie, Business, Entrepreneuriat » ; M. Claude Grunistzky, « Médias, Nouvelles Technologies, Sciences et Recherches » ; M. Komi Toulabo (Association Millénovissi), « Social, Humanitaire, Environnement et Développement Durable » ; Mme Mablé Agbodan, « Arts Cultures et Sports » et M. Tiassou Souho, « Jeune à fort potentiel », c’étaient les lauréats de l’époque et leurs domaines, et ils ne représentaient qu’un échantillon de ces compatriotes qui excellent. Ce sont autant de ressources humaines que le pays pourrait exploiter.
L’autre facteur qui relève l’importance de la diaspora togolaise, c’est forcément son apport financier. Les compatriotes vivant à l’étranger s’illustrent en effet par les envois réguliers de fonds à leurs proches restés au pays pour subvenir à leurs besoins. Ces fonds tournent autour de 180 milliards de FCFA par an et vont crescendo d’année en année, selon les chiffres souvent publiés par la Banque centrale des Etats d’Afrique de l’ouest (BCEAO) ou la Banque Mondiale. On parle de diaspora des plus généreuses d’Afrique. Les transferts représentent 10% du PIB et contribuent au quart du budget national du pays. C’est pour les maximiser que le gouvernement togolais fait un clin d’œil permanent à l’endroit de ces compatriotes.
Les enjeux d’une implication dans la vie politique
Ils ont bien envie de participer à la vie politique de leur pays d’origine, et ils l’ont toujours réclamé. Mais les Togolais de la diaspora togolaise, et c’est un secret de Polichinelle, en sont savamment écartés. Malgré son apport énorme reconnu par tous à l’économie du pays, la diaspora est soigneusement mise a l’écart par le pouvoir qui lui refuse le droit de vite. Dans plusieurs pays du continent africain, ce droit est concédé aux citoyens vivant à l’étranger et ils participent régulièrement aux échéances électorales. Sous d’autres cieux, ils ont même leurs représentants dans des institutions, l’Assemblée nationale notamment ; le cas du Sénégal. Ce pays a même adopté récemment, un nouveau Code électoral qui donne la possibilité aux Sénégalais de l’étranger d’élire eux-mêmes leurs représentants à l’Assemblée nationale. Il urge que le pouvoir, au Togo, corrige cette injustice faite aux compatriotes de la diaspora en leur accordant ce droit de vote.
Il est nécessaire que les partis politiques encore actifs sur le terrain travaillent en étroite synergie avec la diaspora et acceptent que celle-ci joue pleinement sa partition. Le besoin se fait sentir que ces partis qui ont fini de donner le meilleur d’eux-mêmes, sans succès, concèdent, si nécessaire, une partie de leur leadership de la lutte à des personnalités indépendantes hautement qualifiées de la diaspora afin qu’elles essaient aussi leur méthode », suggère l’un des défenseurs de cette implication plus active des compatriotes de l’extérieur. Pont entre les différentes composantes, la diaspora est présentée comme une voie de contournement des difficultés récurrentes que connaît l’opposition. Si l’idée n’est pas mal, le seul hic, c’est cette posture de donneur de leçon, de non reconnaissance des efforts fournis sur le terrain par l’opposition traditionnelle dans laquelle se placent souvent certains porte-voix de la diaspora.
Dans un pays où l’opposition semble à court d’idées (elle fait selon les conditions sur le terrain), l’implication active et déterminée de la diaspora dans la vie politique au Togo de diverses manières pourrait être une alternative sérieuse pour l’aboutissement de la lutte engagée pour l’enracinement de la démocratie et l’avènement de l’alternance, une lutte qui dure depuis des décennies. Tino Kossi concédé par la Constitution. Car c’est le pays qui y gagnerait. C’est comme cela que le pouvoir impliquerait la diaspora dans la vie politique du pays. A part les fonds transférés au pays, elle participerait plus activement au développement par l’apport de compétences dans différents domaines. Au-delà du pouvoir, l’opposition et le peuple togolais aussi gagneraient d’une implication plus active de la diaspora. A cause de son poids financier, elle peut bien constituer l’autre voix à même de mobiliser les forces démobilisées, faire le pont entre les différentes franges souvent antagonistes qui se disputent l’opposition.
En ce moment de la vie politique où l’horizon est bouché, la diaspora pourrait constituer la solution. C’est une force de mobilisation naturelle à cause de ses appuis financiers, mais aussi d’appui non negligeable a l’opposition. D’ailleurs c’est de la diaspora qu’une certaine frange tire ses ressources financières pour mener ses activités. Certains pensent même que cette diaspora pourrait jouer sa propre carte, en mobilisant le people et, pourquoi pas, en présentant des candidats aux différentes échéances électorales du pays. A tort ou à raison, d’autres croient dur comme fer que l’opposition traditionnelle devra lui faire une place pour expérimenter aussi ses idées. « Nous avons tous été témoins des nombreuses tentatives de l’opposition ordinaire, mais qui se sont révélées infructueuses.
Tino Kossi
Journal Liberte Hebdo

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