Dans l’ombre d’un pouvoir qui vacille

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Dans l’ombre d’un pouvoir qui vacille

Plus rien ne va pour le pouvoir qui régente depuis 50 ans le Togo. Depuis le 19 août 2017, le vent souffle mal pour Faure Gnassingbé qui s’accroche à son pouvoir déclinant. Dans sa fébrilité, la dynastie cinquantenaire vacille sous l’ouragan qui se déchaîne à travers les rues de Lomé et d’autres villes de l’intérieur. Parler du déclin du système politique incarné par la famille Gnassingbé au Togo n’est pas un abus de langage. Il y a bien des indicateurs qui montrent que le régime est fragilisé jusque dans ce qu’il considère comme ses bastions.

A Lomé, les quartiers considérés comme ses fiefs à l’instar d’Agoé, lui échappent. Le grand nord n’est plus sous son contrôle. De toute évidence, les régions septentrionales ne sont plus sa chasse gardée. La situation apocalyptique que vit le pays a changé la donne. Le parti au pouvoir est vomi. Les virulentes contestations ont gagné même les hameaux les plus reculés. Ce rejet est accentué par l’état de siège imposé aux populations obligées de s’exiler ou de se réfugier dans la brousse pour échapper aux expéditions punitives organisées par les forces de l’ordre et de défense appuyées par les milices parrainées par le pouvoir.

Plus au nord, à Sokodé, Bafilo, Mango et à Dapaong, les populations ont répondu présentes aux appels à manifester de la coalition de l’opposition. A chaque appel, elles sortent massivement pour exprimer leur soif d’alternance au pouvoir. Malheureusement, elles le paient de leurs vies. Car l’armée a fait des descentes musclées dans ces zones et les a réprimées sauvagement. Les manifestations ont été organisées aussi à Kara, la région d’origine de Faure Gnassingbé. Même si dans cette ville, après des arrestations des membres du PNP, les manifestations se font rares, le pouvoir est contesté. Les arguments régionalistes, tribalistes et religieux d’où il tient sa survie ne convainquent plus. Avec les Gnassingbé père et fils, le découpage électoral est fait suivant des critères régionalistes. Dans sa répartition électorale, il a laissé croire que le nord a toujours voté majoritairement le parti au pouvoir, et le sud l’opposition.

Mais avec l’arrivée de Tikpi Atchadam sur la scène politique togolaise, la tendance ne sera plus la même. Puisque l’opposition gagne du terrain au nord tandis que le parti au pouvoir perd davantage ses prétendus acquis. Est-ce la fin d’un système qui, pendant longtemps a instrumentalisé les pauvres populations à des fins de conservation du pouvoir ? Ce qui est sûr, plus rien ne sera comme avant. Les peuples du nord qui croupissent plus dans la misère ont enfin déchiré le voile de l’asservissement et de la soumission dont le régime cinquantenaire les a couverts.

Le lobbying médiatique et diplomatique conduit par les suppôts du pouvoir a connu des revers. Sur le plan international, la situation ne semble pas confortable pour le locataire du Palais de la Marina. Paris et surtout Washington, après avoir dénoncé et condamné fermement l’usage de la force brute et les exactions des « jungulars » du pouvoir, mettent en garde Lomé. Dans la sous-région, Faure Gnassingbé perd des soutiens. Au-delà des sourires en coin affichés, il nous revient que dans les coulisses, on lui demande tout simplement d’écourter son règne à vie en 2020. Sauf Alpha Condé du Guinée, président en exercice de l’UA qui trouve en lui un collistier. Et c’est à juste titre : lui aussi veut faire un bail à vie sur le pouvoir ou à défaut faire passer son fils.

L’alternance politique dans les Etats membres est inéluctable. C’est un gage de stabilité politique et de prospérité économique pour la Cedéao. L’annulation des conférences régionales prévues au Togo reste un signe de l’isolement de Lomé. Avec l’intensification de la lutte du peuple togolais et sa diaspora à travers l’Afrique, l’Europe, l’Asie et l’Amérique, « le monde entier se fait une opinion propre sur la gouvernance en cours dans notre pays depuis 1963 », a rappelé TikpiAtchadam pour qui le combat que mènent les Togolais est celui de la jeunesse africaine. « Je pense que l’opération « Dos à la mer », qui consiste pour la jeunesse africaine à prendre position pour tout le continent, dos à la mer et face à l’intérieur pour détruire les derniers bastions de la dictature et poser les bases d’une Afrique digne et respectée, peut commencer par le Togo. La jeunesse africaine est en train de faire la démonstration, aujourd’hui à l’occasion de la lutte pour la libération du Togo de la dictature cinquantenaire », a-t-il ajouté. Le pouvoir vit-il le début de sa fin ? « Les temps que nous vivons ne sont pas faciles », a reconnu Faure Gnassingbé. Mais avec les jours plus chauds qui s’annoncent les 7,8 et 9 novembre prochains, le rejeton d’Eyadema ne doit pas être « réconforté ». Il est dos au mur.

Au lendemain des injonctions de Macron et de Trump, le gouvernement embarrassé sort un communiqué bidon qui révèle la panique à bord. Aujourd’hui, le lion dans la peau d’agneau laisse l’opposition marcher, lui qui brandissait l’interdiction des marches les jours ouvrés et ouvrables. Tout ça ne serait que de la duperie que sert le pouvoir qui, hier, faisait l’apologie de la guerre. Ce qu’on lui demande, c’est « d’écouter le peuple » qui lui demande… de partir.

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