« Une once d’action vaut une bonne théorie » (Friedrich Engels)
Les dirigeants togolais ont parfois l’inspiration ou la clairvoyance de poser des diagnostics avisés et pertinents des maux qui minent notre société. Malheureusement ces constats fort judicieux ne sont pas suivis d’actes. Fin mars 2022, la présidente de l’Assemblée nationale, Yawa Djigbodi Tségan a pris part à une conférence parlementaire sur le terrorisme à Doha au Qatar.
C’est un fait, l’Afrique de l’Ouest est en proie depuis quelques années au terrorisme. Aux attaques terroristes quasi-quotidiennes viennent se greffer les tensions et crises sociopolitiques et économiques. Au point que des observateurs pointent un risque de chaos et de somalisation de la région. S’exprimant sur la problématique lors d’un panel qu’elle a coanimé sur le thème : « Comprendre la menace terroriste en Afrique, nouveaux défis et mesures nécessaires », Mme Tségan a, sans langue de bois, levé le voile sur les causes du terrorisme qui sévit dans la région ouest-africaine.
De son avis, la généralisation du terrorisme et de l’extrémisme violent en Afrique et notamment en Afrique de l’ouest est due à plusieurs facteurs, notamment les intérêts égoïstes, le sentiment d’exclusion, la violation des droits de l’homme, etc. « Cette situation est indubitablement liée à un faisceau de facteurs multiples, complexes et spécifiques tels que les intérêts égoïstes, l’intolérance, le sentiment d’exclusion, la violation des droits de l’homme, la perte des bonnes valeurs, la faiblesse de l’éducation, le détournement des croyances…Tout cela se conjugue malheureusement avec la fragilité des Etats et les nombreuses crises économiques et politiques que subissent les sociétés africaines », a souligné la présidente de l’Assemblée nationale.
On dirait que dame Tségan décrit son pays, puisque la plupart des facteurs cités collent fort bien au Togo. Même si notre pays est à l’abri -si on peut le dire ainsi- des attaques terroristes, contrairement à ce qu’on voit dans certains pays voisins. Parlant de violations des droits de l’homme et de la torture, ainsi que les intérêts égoïstes, le sentiment d’exclusion, notre pays bat le record dans la région ouest-africaine. Les espaces de liberté sont drastiquement restreints, le régime s’est servi de la pandémie du Covid-19 pour doper davantage la dictature, les prisons sont remplies de détenus politiques…Bref le pays est constamment épinglé par les organisations de défense des droits de l’homme. Quand, pour leurs opinions, les journalistes, les activistes, les militants et responsables politiques sont jetés en prison, on parle également de l’intolérance. Et en la matière, le Togo est également champion.
Par ailleurs, la justice sociale qui consiste, pour l’État, à assurer une répartition équitable des biens, est inexistente. Ceux qui tiennent les rênes du pouvoir depuis des décennies disposent de façon abusive et illimitée des ressources et richesses qui doivent revenir aux Togolais dans leur ensemble, en créant des inégalités entre les privilégiés du pouvoir et le reste de la population. En sa qualité de deuxième personnalité du Togo, que fait la présidente de l’Assemblée nationale pour inverser la tentance ? Rien malheureusement.
Cette sortie de Yawa Tségan rappelle celle de son patron qui, le 26 avril 2012, comme sortant d’un rêve éveillé, confessa qu’une minorité a fait main basse sur les richesses du pays. « Lorsque le plus petit nombre accapare les ressources au détriment du plus grand nombre, alors s’instaure un déséquilibre nuisible qui menace jusqu’en ses tréfonds la démocratie et le progrès », déclara Faure Gnassingbé. Dix ans après cet aveu, on attend toujours un sursaut d’orgueil…
Médard AMETEPE
Source : icilome.com