Le gouvernement en conseil des ministres jeudi 08 novembre a confirmé l’organisation des élections législatives le 20 décembre. Le gouvernement convoque ainsi le corps électoral et annonce que la campagne électorale s’ouvrira le mardi 04 décembre à minuit pour s’achever le mardi 18 décembre à 23h59. Les forces de défense et de sécurité voteront par anticipation 72 heures plus tôt. Dans la foulée, la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) invite les candidats à déposer leurs dossiers du 09 au 14 novembre.
Le Président de la CENI Kodjona Kadanga dans un autre communiqué indique que « les candidats qui n’ont pas encore leur carte d’électeur sont autorisés à faire le dépôt de leur dossier de candidature jusqu’au mercredi 14 novembre à minuit. Ils pourront compléter la pièce manquante au plus tard le lundi 19 novembre 2018 à 17 heures, date de la transmission de tous les dossiers de candidature à la Cour Constitutionnelle ». Comme une course de rodéo, la CENI porte à la connaissance de la population togolaise en âge de voter qu’une « prorogation exceptionnelle du recensement électoral est prévue du 16 au 18 novembre sur toute l’étendue du territoire national ». Avec quels matériels va-t-on faire le recensement dans les deux zones simultanément ?
Plus tard, un communiqué de la CEDEAO reconnu authentique par le ministre de la Fonction Publique Gilbert Bawara, demande au gouvernement dans la mesure du possible de proroger de façon exceptionnelle de trois jours le recensement électoral. Un communiqué portant la date du 09 novembre et diffusé sur les réseaux
sociaux.
L’aggravation de la crise politique au Togo a des visages : Brou, Béhanzin, Lompo
Tous les actes posés par le gouvernement depuis jeudi ne sont pas de nature à faire baisser la tension dans le pays.
Le Code électoral définit le corps électoral comme étant « tous Togolais des deux sexes, âgés de 18 ans révolus, jouissant de leurs droits civiques et politiques inscrits sur les listes électorales et n’étant dans aucun des cas d’incapacité prévus par loi ». On peut aisément à partir du moment où il n’existe à ce jour aucune liste électorale définitive et de surcroît, le recensement étant prorogé, se demander quel corps électoral est convoqué pour le scrutin du 20 décembre. Comment peut-on convoquer un corps électoral inexistant ?
En plus, la CENI ne donne que 3 jours francs aux potentiels candidats pour faire leur dossier au lieu de 14 jours prévus par le code électoral. C’est à croire que les élections sont organisées pour UNIR et ses alliés soigneusement préparés pour. Bien évidemment comme on ne peut seulement en douter, le pouvoir a mis les fonctionnaires cupides de la CEDEAO à ses bottes pour les sales boulots. Il y a quelques jours, un courrier du Représentant Permanent de la CEDEAO à Lomé Garba Lompo informait la CENI de la prise de fonction des experts électoraux pour l’audit du fichier. A ce jour, le facilitateur Alpha Condé dit ignorer l’existence d’une telle correspondance.
Depuis samedi dernier, une nouvelle correspondance de la CEDEAO sans signature truffées de fautes élémentaires suscite à nouveau de polémique. Le Coordinatrice de la Coalition des 14 partis politiques de l’opposition Brigitte Adjamagbo-Johnson déclare n’être au courant de rien par rapport à cette nouvelle
correspondance, Gilbert Bawara Bawara dit le contraire. « Après l’initiative et les discussions de Conakry, le gouvernement a continué de travaillé en toute sérénité et responsabilité en liaison étroite avec les facilitateurs et en consultations permanentes avec tous les membres du Comité de suivi ainsi que les dirigeants de la sousrégion », avoue-t-il.
S’agissant de l’authenticité du communiqué de la facilitation diffusé vendredi nuit, le ministre affirme que le gouvernement togolais a obtenu confirmation auprès de la Commission de la CEDEAO et auprès des facilitateurs.
« Samedi, le gouvernement s’est enquis auprès de la Commission de la CEDEAO et auprès des facilitateurs concernant l’authenticité et la teneur du communiqué publié par la représentation de la CEDEAO à Lomé. Confirmation nous a été donnée, de même que cela a été également fait aux interlocuteurs attitrés de la coalition des 14 partis de l’opposition aux dires de la facilitation », affirme M. Bawara.
Il ajoute que des décisions importantes ont été prises et annoncées par le gouvernement et la CENI ces derniers jours « en prenant en considération les conclusions dégagées des discussions qui ont eu lieu à Conakry avec le Président Alpha Condé et les membres du Comité de suivi de la feuille de route de la CEDEAO».
Pour Mme AdjamagboJohnson « il y a une légèreté au niveau de la CEDEAO. Ce communiqué non signé qui traîne sur les réseaux sociaux est une preuve que cette institution est gérée comme une épicerie. La CEDEAO contribue à créer des difficultés majeures ». La Secrétaire Générale de la CDPA sur les ondes de Pyramide FM hier dimanche déclare que « nous nous étonnons que le dossier togolais soit traité de cette manière-là ».
Au sortir de Conakry, la C14 assure que Alpha Condé après concertations avec les autres chefs d’Etat, devait leur revenir pour le relevé de conclusion. Curieusement, après la diffusion du fameux communiqué, la C14 dit comprendre qu’il s’agit des manœuvres de certains fonctionnaires de la CEDEAO en complicité avec le pouvoir togolais. A Conakry, le Commissaire chargé des Affaires politiques le Général Francis Béhanzin a tenté de tronquer la vérité en face de la C14 en prenant fait et cause pour le régime de Faure Gnassingbé. Dans le dernier communiqué, tous les regards sont tournés vers le président de la Commission l’Ivoirien Jean-Claude Kassi Brou.
Or, les derniers développements ne feront qu’aggraver la crise. Dire que la CEDEAO est porteuse d’une mise en œuvre consensuelle et inclusive de la feuille de route, on peut facilement en douter. Aujourd’hui, Lompo, Béhanzin et Brou ont perdu toute crédibilité aux yeux de l’opposition démocratique, en l’occurrence la C14. Jusqu’à la rencontre de la semaine dernière à Conakry, Alpha Condé dit n’avoir reçu aucun compte rendu de la Commission dirigée par Kassi Brou.
Comme en 2005, la CEDEAO est sur le point d’embraser le Togo. Pendant qu’il est encore possible de sauver quelque chose, les facilitateurs Nana Akufo-Addo et Alpha Condé doivent prendre leurs responsabilités avant qu’il ne soit trop tard pour les pauvres populations togolaises, principales victimes des fourberies du régime en complicité avec les fonctionnaires affairistes de la CEDEAO.
Kokou AGBEMEBIO
Source : www.icilome.com