Ces officiers-là n’auront plus le droit de porter légalement une arme ni de porter à nouveau l’uniforme des Forces armées ivoiriennes. La rançon des mutins ivoiriens ne sera pas faite que d’argent. L’enveloppe individuelle de 12 millions de francs CFA s’est accompagnée d’un cadeau en airain pour le Nouvel An. Huit mois après la clameur des casernes qui a terrorisé la Côte d’Ivoire, 230 soldats et gendarmes vont être radiés des forces de sécurité du pays, en droite ligne du projet d’Alassane Ouattara pour «discipliner» l’armée.
Une sanction amère en guise de cadeau du Nouvel An. Au moins 230 militaires et gendarmes ivoiriens ont été radiés des effectifs constituant les Forces de défense et de sécurité. L’annonce vient de Sékou Touré, le Chef d’état-major général de l’armée qui a présenté des excuses pour les mutineries du début de l’année 2017, qualifiées d’«événements regrettables».
Retraite anticipée, radiation, le plan Ouattara pour discipliner l’armée
Les ex-hommes de tenue frappés par cette sanction se verront enlever les galons et devront rendre leur arme de service, avec interdiction de porter à nouveau l’uniforme de la gendarmerie ou des forces armées de Côte d’Ivoire.
Pas une botte qui dépasse des rangs et de la discipline dans les casernes. Pour Alassane Ouattara qui formait le vœu d’une «armée véritablement républicaine», le toilettage de la «Grande muette» sera l’un des grands chantiers pour la nouvelle année. Après la mise à la retraite anticipée de soldats volontaires, le président entérine la radiation des soldats-rebelles dont la mutinerie avait servi une facture salée à un Etat ivoirien en difficulté.
Au début de l’année, le pays ne dormait que d’un œil. Les aubes et les nuits ont souvent été rythmées par les tirs de kalachnikovs, parfois sporadiques parfois nourris, de soldats-mutins, sortis des casernes pour réclamer le paiement d’arriérés de primes. Quelques 8 500 mutins, essentiellement d’anciens rebelles incorporés à l’armé, ont finalement tordu le bras de l’Etat et arraché du bout du fusil leur «rançon», après des semaines de terreur au sein de la population des villes d’Abidjan, Bouaké, Daloa, Man, San Pedro et Korogho.
Tout comme ces mesures annoncées, la nomination au poste de ministre de la Défense de Hamed Bakayoko, lors du dernier remaniement ministériel, entre peut-être dans les plans du Palais du Plateau de discipliner une armée qui sera cantonnée dans les casernes. Ce proche d’Alassane Ouattara s’attelle à cultiver une proximité avec les soldats, mais aussi à constituer un réseau de soutiens sûrs et fidèles pour porter la parole présidentielle aux militaires. Mais le chantier peut sembler plus titanesque qu’il n’y paraît.
Démobilisés, mutins, ex-rebelles, les voies de la réunification
La réunification de l’armée ivoirienne après la crise post-électorale de 2010 s’est faite par l’incorporation d’anciens rebelles dirigés par leur ancien chef, Guillaume Soro, l’actuel président de l’Assemblée nationale. Cette opération de fusion a laissé sur la touche plusieurs démobilisés qui avaient combattu pour le compte d’Alassane Ouattara, mais aujourd’hui sans avenir.
Pour aller plus loin, le président ivoirien est aujourd’hui entouré dans sa garde présidentielle comme dans la caste des hauts gradés de l’armée, d’éléments appartenant à l’ex-rébellion. Certains commentateurs prêtent au président ivoirien le projet de les «neutraliser» ou réduire leur influence sans les froisser. Mais l’affaire de l’impressionnante cache d’armes qui a servi de point ravitaillement aux mutins semble avoir déclenché une guerre des chefs.
Aujourd’hui, après le départ de l’Opération des Nations Unies en Côte d’Ivoire (ONUCI) qui laisse une paix fragile, le resserrement des rangs dans une armée à plusieurs vitesses semble plus difficile que jamais. Mais si Alassane Ouattara veut sortir en 2019 par la grande porte, il devra brandir plus fermement son bâton de commandant suprême des armées !
Source : www.cameroonweb.com