A force de trop miser sur l’économie et délaisser la vraie réconciliation le vivre ensemble ivoirien parait menacé comme ces derniers temps constaté à travers des situations qui auraient été hier vite réglées à l’ivoirienne mais qui aujourd’hui virent au drame et le sang coule à nouveau.
Un constat inquiétant en vue de la présidentielle de 2020 face auquel la classe politique semble dépassée voire indifférente pour certains, qui n’est pas sans inquiéter le Conseil National des Droits de l’Homme (CNDH).
A travers un communiqué transmis à la rédaction, il dit observer «avec regret, depuis plus d’un mois, des affrontements intercommunautaires et des actes d’incivisme à Bin-Houyé, Agboville, Ndouci, Sipilou et Abengourou avec son corollaire de violations des droits de l’Homme.»
Sa présidente Namizata Sangaré y explique «Tout en se félicitant de l’ensemble des mesures prises par le Gouvernement pour mettre un terme à ces violences intercommunautaires et actes d’incivisme, le CNDH condamne les atteintes à la vie et à l’intégrité physique, les entraves à la liberté de circulation des biens et des personnes, la paralysie de services publics et privés et la fermeture des écoles suite à ces évènements.»
A travers sa voix «le CNDH invite les populations à cultiver la cohabitation pacifique et à utiliser les voies de droit ainsi les mécanismes mis en place par l’Etat de Côte d’Ivoire pour protéger leurs droits.»
Rapport du CNDH
Le mercredi 15 mai 2019, à Béoumi, suite à un accident de la circulation entre un véhicule de transport en commun de voyageurs communément appelé « Massa » et une « moto-taxi », une vive altercation éclate entre les deux conducteurs de ces engins, après la destruction volontaire de certains accessoires de la « moto-taxi » par l’apprenti du chauffeur du « Massa ».
Cet acte va déclencher une bagarre rangée entre les conducteurs de « moto-taxi » et les apprentis de « Massa ». Le décès du conducteur de moto-taxi fait virer ladite altercation en un affrontement communautaire entre Malinké et Kôdê.
Le Préfet du département de Béoumi a institué le 16 mai 2019 un couvre-feu de 18h à 6h.
Le bilan (officiel, ndlr) fait état de neuf (09) morts et quatre-vingt-dix-neuf (99) blessés, de nombreuses populations déplacées et environ trois cents (300) personnes ont trouvé refuge à l’hôpital général de Béoumi pendant les affrontements.
Outre Béoumi, des atteintes au droit à la vie, à l’intégrité physique ou au droit à la propriété ont été observés dans les localités suivantes :
-Du 30 mars 2019 au 1er avril, à Bin- Houyé (Département de Zouan -Hounien), un accident mortel soulève le courroux des populations qui mettent à sac le marché de ladite localité avant de l’incendier.
– Le 12 avril 2019, à Agboville, suite à l’agression d’un jeune lycéen d’ethnie Abbey, Bedou Enoch, retrouvé la veille grièvement blessé devant le lycée Moderne d’Agboville, des affrontements entre jeunes Abbey et jeunes Malinké, font état de nombreuses personnes, non parties au conflit, victimes d’agressions physiques, de coups et blessures ainsi que des destructions de biens.
– Du 11 au 13 avril 2019, à N’douci, un conflit oppose jeunes Abbey et jeunes Malinké au marché de la ville pour le contrôle de fumoirs.
– Le 14 mai 2019, à Sipilou, suite à une bavure policière ayant occasionné le décès d’un jeune conducteur de moto-taxi, les populations se soulèvent et saccagent des biens publics et privés.
– Le 18 mai 2019, à Abengourou, un conflit foncier opposant deux tendances de la communauté musulmane vire à l’affrontement faisant des blessés graves.
Source : www.cameroonweb.com