La troisième réunion du Comité de suivi de la CEDEAO qui s’est tenue le week-end et en début de semaine à Conakry, sous l’égide du co-facilitateur Alpha Condé, n’a pas encore livré ses conclusions. Cette réunion qui rassemblait les acteurs politiques togolais, notamment l’opposition regroupée dans la C14 et les envoyés du régime de Faure Gnassingbé, était très attendue à cause de l’impasse politique qui règne actuellement dans le pays. A l’issue de deux jours de discussions à huis clos avec le facilitateur, et séparément, aucun communiqué officiel n’a été publié jusqu’à ce jour, laissant ainsi la place à des rumeurs sur les réseaux sociaux. Chacun y va de son commentaire et de ses analyses.
Du côté du pouvoir comme de la C14, on se montre peu bavard. Chaque protagoniste attend sûrement le communiqué de la facilitation qui ne saurait tarder. Cette prudence est due au fait que le Président de la Guinée Alpha Condé n’a pas réussi à faire asseoir les deux protagonistes autour de la même table. Les délégations ont été reçues séparément et chacune a exposé ses préoccupations. Face aux exigences de la C14 et aux nombreuses violations de la feuille de route, Alpha Condé a sollicité une confrontation avec la délégation du régime, ce que cette dernière a refusé avant de quitter précipitamment Conakry.
Du coup les réponses données par le Facilitateur aux exigences de la C14 peu favorables au régime ne sont restées qu’au stade des paroles. Mais si elles doivent se traduire dans les faits, ce sera un grand désaveu pour le régime de Lomé qui tient à organiser par tous les moyens son forcing électoral le 20 décembre prochain. Vivement ce fameux communiqué pour situer l’ensemble de l’opinion sur les décisions de cette troisième session du comité de suivi.
Un minimum de discipline s’impose à la C14
Lorsqu’on est sur le terrain de l’adversité et que l’on combat un système aussi pervers et nuisible que celui du RPT/ UNIR, on se doit d’observer un minimum de discipline. Même si certains continuent de brandir leur liberté d’action tout en étant membre de la C14, ce qui est d’ailleurs légitime, il faut reconnaitre que les divergences qui sont parfois exposées sur la place publique ne contribuent à la fin qu’à affaiblir la Coalition non seulement dans l’opinion, mais aussi auprès de certaines chancelleries.
Ceux qui prennent plaisir à s’opposer publiquement à des initiatives décidées en interne ne participent en rien à la cohésion du groupe et montrent par-là que la C14 est tout sauf une véritable machine à conquérir et exercer le pouvoir. On ne peut pas continuer à afficher autant de divergence, sur la place publique ou de cacophonie et compter mobiliser les populations et la communauté internationale pour prendre le pouvoir. Tant que la C14 ne va pas comprendre qu’elle doit se structurer, s’organiser et travailler à une offre politique crédible portée par un leader, ou un groupe de leader on va continuer à tourner en rond, pour le grand bonheur du RPT/UNIR. On a vu les légèretés avec lesquelles certaines photos dans le jet privé lors du déplacement à Conakry ont atterri sur les réseaux sociaux, suscitant toutes sortes de commentaires, surtout les plus désagréables.
La communication est une arme de guerre redoutable, surtout à l’heure des nouveaux médias. Ces gamineries qui consistent pour certains à prendre des selfies dans l’avion et les balancer, donnant une arme aux adversaires, ne sont pas opportunes dans les actions en cours. Il en est de même des audio de soi-disant compte rendu de Conakry que certains membres font circuler sur les réseaux sociaux avant même la conférence de presse de la Coalition sur les contours du déplacement.
Tous ces actes font désordre et démontrent qu’au sein de la Coalition, il y a un manque de code de bonne conduite qui ouvre les portes à toutes les légèretés. Travailler à 14, ce n’est pas évident; pour autant les uns et les autres doivent s’abstenir de poser des actes qui compromettent les efforts collectifs. C’est la seule et unique condition qui permettra d’aller de l’avant et surtout de conclure la lutte.
Source : L’Alternative No.751 du 09 novembre 2018
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