Le dialogue initié depuis quatre (4) mois et devant constituer une porte de sortie pour la crise togolaise est dans l’impasse. Mais, la succession des événements démontrent à suffisance que les choses ne vont point à la faveur du pouvoir de Lomé. L’alternance reste inévitable et le Togo ne saura se soustraire de cette dynamique. Et le moment est opportun pour que le régime de Lomé, active de façon conséquente, la flamme de la réconciliation nationale.
Il est temps…!
Malgré le semblant de sérénité affichée, tous les signaux sont presque au rouge pour Faure Gnassingbé et son régime. L’idée de l’alternance politique à laquelle aspire la majorité des togolais amorce désormais un virage irréversible. Et les récents propos du Président Emmanuel Macron en marge du sommet de la G7 au Québec, quand il a été intercepté par les togolais vivants au Canada au sujet de la crise togolaise, sont plus qu’illustrateurs. C’est donc clair, on ne saurait plus reporter l’alternance politique au sommet de l’Etat togolais.
L’alternance, une option inévitable !
Mais alors, comment capitaliser cet acquis politique ? A cette question, plusieurs approches dont la finalité feront grandir d’un pas, la démocratie togolaise. Mais au-delà d’une avancée politique notable qu’elle constituera, l’opérationnalisa-tion de l’alternance se voudra le moment idoine pour l’amorce d’une réelle réconciliation nationale dans le pays. C’est un secret de polichinelle que malgré les travaux et recommandations de la Commission Vérité Justice et Réconciliation (Cvjr), la réconciliation, la vraie, se fait toujours attendre. Les initiatives de purification nationales et de dédommagement, même si cette dernière soulage légèrement les victimes, ne sont que farce et artifice. Aujourd’hui, toute analyse croisée convainc sur l’opportunité que représente l’alternance politique en gestation au Togo, laquelle posera les balises d’une vraie réconciliation des fils et filles du Togo longtemps divisés par la politique.
Guillaume Soro, l’actuel Président de l’Assemblée nationale de la Côte d’ivoire semble voir juste. Dans une récente déclaration, ce dernier, même controversé, a néanmoins eu tout le mérite de faire comprendre aux hommes politiques du continent africain, partant de l’exemple de son pays, qu’il y a une autre vie après le pouvoir. En référence à tous les dirigeants qui, dans l’exercice de leurs fonctions, confondent aisément le pouvoir à un patrimoine. Y compris celui de son pays, Alassane Ouattara dont les velléités d’un troisième mandat sont aujourd’hui plus qu’illusoires.
Et si on préparait enfin la vraie réconciliation ?
Faure Gnassingbé dont le silence pousse à conclure malheureusement qu’il se mu dans cette posture devra tirer ses marrons de cette leçon de vie. Mais aussi et surtout, parvenir à préparer de la plus belle des manières, sa succession en posant des actes forts qui feront oublier le passé aux togolais et faciliteront le vivre ensemble. De là, pousseront justement les germes d’une vraie réconciliation nationale derrière laquelle l’on court vainement, par faute des raisons politiques. Et c’est en cela qu’il faut dénoncer la dernière bavure policière à Tokpli (Préfecture de Yoto) ayant occasionné la mort d’un jeune togolais à qui était reproché la vente du carburant illicite. Même si l’activité est répréhensible parce que, interdite par les lois du pays, l’on ne saurait néanmoins cautionner la gâchette facile de certains agents des forces de l’ordre qui, au gré de leurs humeurs, donnent l’impression de disposer du droit de vie ou de mort sur d’autres togolais. Ces actes barbares, loin de promouvoir a paix sociale, attisent plutôt le feu de la haine, de la frustration et du mépris de certains togolais qui se sentent marginalisés et sans défense, contre d’autres qui, eux, jouissent allègrement des biens du pays.
Faure au Tribunal de sa responsabilité face à l’histoire
Aujourd’hui et plus que jamais, Faure Gnassingbé doit comprendre que le temps et la géopolitique jouent contre lui, en ce qui concerne un quatrième mandat à la tête du Togo. Il se retrouvera, sous la contrainte des décisions que prendront la Cedeao dont le prochain président, le Nigérian Muhamadou Buhari est connu de tous comme le défenseur de l’option d’une transition pacifique au Togo. Les fausses informations distillées dans l’opinion, ces derniers jours, au sujet d’un éventuel mandat de Faure Gnassingbé à la tête de la Cedeao ne sont donc qu’une pure imagination fertile dans l’optique de distraire les togolais. Et le Présidence de la République n’a que fait utile de le démentir enfin par un communiqué publié hier. Pendant qu’il est encore temps, Faure doit prendre toute sa responsabilité pour donner corps à la vraie réconciliation nationale dans son pays.
Cyrille Pessewu
Source : Fraternité
27Avril.com