La situation sociopolitique entre encore dans une zone de turbulences. La chance donnée à la facilitation par la C14 a volé en éclat à la suite de la déclaration de Conakry. Célérité du processus électoral sur fond d’alibi de la date du 20 décembre, caution tacite de la CEDEAO et du Groupe des 5 au pouvoir cinquantenaire dans l’organisation bancale des élections, etc. la C14 n’a nullement vacillé face à tout cela. Au contraire, elle maintient sa position et appelle ses militants à descendre dans les rues demain.
La Coalition des 14 partis politiques de l’opposition n’a pas tardé à réaffirmer sa position, sinon à être catégorique sur ses revendications. Devant la presse mardi dernier, les responsables ont donné les raisons qui les motivent à manifester demain. « Nous n’accepterons pas que la CEDEAO nous mène à l’abattoir », a expliqué Mme Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson, la Coordinatrice de la C14. Deux points de départ sont retenus pour demain. Il s’agit du rond-point de Bè-Gakpoto et du carrefour du marché de Bè. La marche chutera au carrefour de l’Eglise des Assemblées de Dieu de Dzifa-Kpota.
Un itinéraire temporaire puisque lorsque la manifestation va s’intensifier dans les jours qui suivront, il sera modifié, comme le souhaitent les militants. « Nous avons décidé d’aller là-bas, faites-nous confiance. Nous savons ce que nous faisons à chaque fois. Dans ce pays ,quand nous avons commencé nos mobilisations, on nous a reproché à un moment donné d’accepter d’aller devant Sancta Maria. Mais aujourd’hui, des gens disent Sancta Maria, c’est mieux. Faites-nous confiance ! Nous manifesterons à ce que le monde entier voie que les Togolais ne sont pas contents », a tenu à rassurer la Coordinatrice.
« La Coalition s’indigne de la manière cavalière et méprisante dont l’institution sous-traite le peuple togolais », a-t-elle fait savoir à la CEDEAO dont la sortie a surpris les Togolais qui pensaient que pour cette fois, l’instance sous-régionale allait se racheter des forfaitures qu’elle a cautionnées en 2005. Toutefois et tout en prenant « acte du droit qui lui a été reconnu de désigner ses 8 représentants à la CENI », la Coalition de l’opposition a vigoureusement exprimé « son désaccord sur les autres points du communiqué ». A cet effet, elle invite la CEDEAO « à tirer les conséquences des violations répétées de la feuille de route par le régime togolais ». Pour la classe politique de l’opposition réunie au sein de la Coalition, la seule façon de régler le problème de recensement « reste une reprise pure et simple ».
Ainsi elle invite les populations à boycotter la prorogation des trois (03) jours de recensement unilatéral prévue du 16 au 18 novembre 2018 par le gouvernement. Et pour enfoncer le clou, la Coalition « conditionne la prestation de serment de ses représentants à la CENI devant la Cour constitutionnelle par la reprise totale du processus et la mise en œuvre des réformes pouvant garantir des élections transparentes et crédibles ».
Comme un signal fort envoyé au pouvoir en place, les représentants de l’opposition à la CENI ont brillé par leur absence lors de la prestation. La menace est donc mise en branle par la Coalition qui va faire descendre dans les rues demain ses milliers de militants et de sympathisants.
Du côté du pouvoir, on fait comme si on ne prend pas la menace au sérieux. Et pourtant elle fait mal déjà. Les sorties de Gilbert Bawara qu’un membre de l’opposition qualifie de « bawardage » illustrent que la sérénité n’est dans le camp UNIR. Et c’est pourquoi, ses apparatchiks sautent sur la « défection » du MCD de Tchassona Traoré, un épiphonème pour la Coalition, pour faire du tapage médiatique. Or rien ne vient troubler la détermination de l’opposition qui maintient sa position sur la reprise du processus électoral qui, rappelons-le, est truffé de fraudes massives, d’enrôlement de mineurs.
La Coalition vient de recevoir un soutien de taille après celui du Front Citoyen Togo Debout. Il s’agit des Forces vives « Espérances pour le Togo ». Hier au cours d’une conférence de presse qu’il a animée, le mouvement a exprimé ses inquiétudes par rapport aux positions prises par le gouvernement, la Facilitation, la CEDEAO et le Groupe des cinq. Pour les Forces Vives « Espérances pour le Togo », « dans la vie d’un peuple en lutte, il arrive un temps où dire non est signe de liberté et de dignité.
Par conséquent, dire non au processus de recensement en cours, dire non à des élections le 20 décembre 2018 dans les conditions actuelles, est un acte de lucidité et de maturité», ont-ils exhorté. Et ce moment est venu pour le peuple togolais de se libérer de ce complot international et prendre son destin en main.
Source : www.icilome.com