La crise politique togolaise perdure et prend des proportions inquiétantes. Les manifestations des 18 et 19 octobre de la coalition des 14 partis politiques de l’opposition s’annoncent déterminantes pour la suite des mouvements enclenchés depuis le 19 août dernier. Après s’être terré quelques semaines dans sa tour d’ivoire, Faure Gnassingbé multiplie depuis quelques jours des voyages en Afrique pour tenter d’emballer des chefs d’Etat à sa cause. Depuis peu, l’opposition aussi dans son ensemble, en dehors des manifestations de la diaspora, prend des initiatives en dehors du pays afin de mieux expliquer le fond de la crise actuelle.
Faure, l’air d’un naufragé
Juste de retour de l’investiture du nouveau président angolais Joao Lourenço, le chef de l’Etat togolais s’est rendu le 05 octobre à Niamey au Niger sous le prétexte du forum d e s premières dames de la CEDEAO sur la « Protection de la mère et de l’enfant ». Il en a profité pour « travailler » son homologue Issifou Mohamadou dont la compatriote Aïchatou Mindaoudou devait être à la tête d’une délégation de l’Organisation Internationale de la Francophonie (OIF) pour le Togo. Une mission de l’OIF qui était prévue du 10 au 13 octobre, mais finalement annulée. Cinq (5) jours plus tard et plus précisément le mardi 10 octobre, Faure Gnassingbé s’est rendu à Conakry en Guinée pour y rencontrer Alpha Condé, par ailleurs, président en exercice de l’Union Africaine. A la conférence régionale sur la situation sécuritaire dans le Sahel et en Afrique de l’Ouest à Bamako au Mali, le Président de l’Union pour la République (UNIR y était le samedi 14 octobre et la situation critique du Togo a été évoquée. Le même jour, en fin d’après-midi, il a mis le cap sur Dakar où il a profité pour continuer de se faire entendre sur le cas de son pays. Ses ministres Yark Damehame et Gilbert Bawara se sont aussi rendus la semaine dernière à Ouagadougou au Burkina Faso pour aller faire leur show. D’autres contacts dont celui avec le Président ghanéen Nana Akufo-Addo ont été pris pour casser la dynamique populaire et instaurer un semblant de dialogue.
Dans cette situation où la communication demeure le grand levier pour mieux se faire entendre, l’opposition dans son ensemble ne dort pas sur ses lauriers.
Adjamagbo, Fabre, Apévon, Olympio, Gogué dans la contre-offensive
Depuis le début des mouvements, il y a plusieurs Togolais de la diaspora qui en dehors des marches, font de puissants lobbying pour éviter que la réalité de la crise ne soit tronquée et ensuite faire adhérer la lutte à certains grands décideurs du monde. Ces démarches ont été appuyées au Canada par la visite tout récemment de la Secrétaire Générale de la CDPA et Coordinatrice de la Coalition des 14 partis de l’opposition Brigitte Kafui Adjamagbo-Johnson. Elle a profité de ce voyage pour prendre des contacts informels utiles pour la suite de la lutte, selon des sources proches de la coalition. La semaine dernière, le Président par intérim du Parti des Togolais Nathaniel Olympio a organisé un forum à Cotonou au Bénin avec les acteurs sociopolitique sur la situation au Togo. Depuis le mercredi 11 octobre, le Président des Forces Démocratiques pour la République (FDR) Me Paul Dodji Apévon séjourne à Saint Petersburg en Russie pour une mission parlementaire.
Il a aussi saisi l’occasion pour aborder la question de la crise au Togo avec certains acteurs majeurs. Des sources bien renseignées, il fera des tours dans certaines capitales européennes pour mieux porter la voix des forces démocratiques. Avant la Russie, Me Apevon était à un séminaire de haut niveau à Grand-Bassam en Côte d’Ivoire où d’importantes décisions ont été prises sur le cas du Togo. Le Président de l’Alliance des Démocrates pour le Développement Intégral (ADDI) Professeur Aimé Tchabouré Gogué était à Bamako le jeudi 12 octobre dernier où il a rencontré la diaspora togolaise. Il a aussi fait des démarches pour que les mouvements en cours dans le pays aboutissent à l’alternance. Il a même rencontré la presse malienne pour exposer la situation du Togo.
Le chef de file de l’opposition et Président de l’Alliance Nationale pour le Changement (ANC) Jean-Pierre Fabre était aussi en visite privée à Abidjan en Côte d’Ivoire le week-end dernier.
Contrairement aux rumeurs qui circulent, il n’a pas été invité par le Président ivoirien Alassane Ouattara, selon nos sources. « Le chef de file de l’opposition est en visite privée à Abidjan où il a une partie de sa famille. Il a bien sûr informé la coordinatrice de la coalition Mme Adjamagbo et d’autres personnes de son déplacement. En tant qu’acteur politique de ce rang, il ne peut pas se priver d’informer la diaspora togolaise et tous ceux qui s’intéressent à la situation dramatique du Togo », a indiqué une source proche de la coalition qui a ajouté que « le Président Fabre a été contacté par le Président ghanéen Nana Akufo-Addo et le Président guinéen Alpha Condé. Ils devaient se convenir des dates pour se rencontrer ».
Plus loin, une autre source soutient que la coalition doit profiter de toutes les occasions pour mieux exposer la situation. « Si on laisse Faure Gnassingbé seul se promener chez les autres chefs d’Etat, c’est sa version à lui qui passera. Nous devons comme cela se passe maintenant multiplier les contre offensives un peu partout » mais sans perdre de vue que la mobilisation des Togolais est aussi très importante malgré tout.
Kokou AGBEMEBIO
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